Bouygues rétrocèderait 15 000 antennes et des fréquences à Free
Dans le rachat de SFR, Free est actuellement le seul vainqueur certain, quel que soit l'acheteur celui-ci devra en effet un jour ou l'autre lui rétrocéder une partie de son réseau pour éviter l'accusation de concentration. Bouygues Télécoms a pris les devants et négocié en trois jours et trois nuits la vente de son réseau mobile à Free, son concurrent acharné. Un coup de maître.
En moins de 15 jours l'hypothèse d'une vente de SFR s'est précisée. L'offre d'Altice qui devait être signée en 48 heures n'est plus seule et semble perdre du terrain. En revanche, Bouygues met les bouchées triples : dépôt d'une offre, bienveillance du Gouvernement et, coup de théâtre, négociation avec Free Mobile pour lui céder son réseau d'antennes et une partie de ses fréquences. Un accord est même signé entre les deux, il entrera en vigueur si Bouygues remporte SFR.
L'Autorité de la concurrence est priée de s'en satisfaire et d'abandonner la majeure partie des ses suspicions et oppositions. Son Président, Bruno Lasserre (en photo) a d'ailleurs laissé entendre ce lundi que le dossier lui paraissait correctement engagé : « cet élément nouveau.... est de nature à favoriser un examen peut être plus rapide, et en tout cas plus simple du dossier ».
Sur le même sujetBouygues et Numericable font le siège des pouvoirs publics pour racheter SFRL'examen des deux dossiers promettait d'être compliqué et après devait s'ouvrir une période d'enquête menée par l'Autorité de la concurrence. L'accord intervenu entre Free et Bouygues accélère la première échéance, l'examen par Vivendi, et simplifie (du moins est-ce souhaité par Bouygues) la deuxième étape, celle du passage devant le régulateur de la concurrence. Le Conseil de surveillance de Vivendi pourrait se prononcer cette fin de semaine, samedi dernier s'est réuni le comité d'investissement qui a jeté un premier coup d'oeil sur les deux offres.
9 mois d'examen à venir
Sur le fond, Olivier Roussat, Pdg de Bouygues Télécom a détaillé son dernier coup de théâtre dans une interview au JDD. Il prévoit de vendre 15 000 antennes pour 1,8 milliard d'euros. Ensuite interviendra l'examen de l'Autorité de la concurrence, apparemment plus facile, mais il devrait prendre quand même 9 mois. En 2015, les abonnés de Bouygues migreront sur le réseau de SFR (qu'ils auront racheté), ceux de Free sur le réseau de Bouygues Télécoms (qu'ils achètent).
Dernière précision, les équipes actuelles de maintenance de réseau de Bouygues Télécoms resteront chez Bouygues Télécoms. Il ne reste à Free Mobile qu'à prendre le relai, les équipes de Bouygues comprenaient 1 200 salariés, ce ne sera pas la moindre des étapes à franchir. Le groupe de Xavier Niel ne sera plus obligé de louer à Orange. Il payait 600 000 euros par an, en déboursant 1,8 milliard, il règle trois ans de loyers et s'offre enfin son réseau. Free a précisé qu'il réalisera cette opération sur fonds propres et concours bancaires, sans augmentation de capital.
La concurrence se fera désormais à trois dans les mobiles, avec moins d'intérêts croisés : Free sur le réseau d'Orange ou mutualisation entre SFR et Bouygues Télécom des futurs investissements. Tous les protagonistes promettent, comme Arnaud Montebourg que cette nouvelle concurrence sera tout aussi vive, l'emploi sera maintenu et l'investissement dans les réseaux et dans la fibre optique préservé et même amplifié. Bouygues Télécom, qui a porté le fer dans le fixe, va également déployer sur ce secteur une concurrence plus vive d'ici la fin de l'année. Le dossier mobile à peine refermé, Martin Bouygues ne laissera aucun répit à ses concurrents, particulièrement à Free, sur le fixe.