Bouygues Immobilier et Capgemini donnent leurs recettes pour un système d'information agile

le 30/05/2008, par Jean Claude Streicher, Infrastructure, 1042 mots

Il existe plusieurs façons d'aligner le système d'information sur les besoins des métiers et pour répondre à la vitesse d'évolution du marché. Les DSI de Bouygues Immobilier et de Capgemini ont croisé leurs méthodes lors d'une table ronde organisée par l'EBG (Electronic Business Group).

Les recettes pour rendre l'informatique plus agile sont multiples : meilleure organisation des équipes, devenir apporteur d'idées ou adopter des technologies ad hoc (SOA, mobilité, Open Source, SaaS). Deux responsables informatiques de grands groupes témoignent de leur expérience. Il s'agit de Thierry Rozé, responsable production et services à la DSI de Bouygues Immobilier, et de Jean-Christophe Lasvergnas DSI de la société de conseil Capgemini. Une meilleure organisation Le premier préalable, pour aligner rapidement son système d'information sur les exigences changeantes du marché, est d'ordre organisationnel. Les classiques équipes de maîtrise d'ouvrage (MOA) et de maîtrise d'oeuvre (MOE) gagnent à être rapprochées. « Le découpage entre maîtrise d'ouvrage et maîtrise d'oeuvre ne doit pas ralentir, affirme Thierry Rozé, de Bouygues Immobilier. Un avis que partage Jean-Christophe Lasvergnas, de Capgemini. Il met maintenant en place des équipes projets restreintes, réunissant MOA et MOE sur une technologie donnée et intégrées à la DSI. Documenter en amont, mais pas plus que nécessaire Il souligne également le préalable d'une culture projet bien ancrée. « Savoir exprimer les besoins, comment tester, comment recetter, comment déployer permet d'aller plus vite. A condition, bien sûr, de ne pas documenter plus que nécessaire, décrit-il. Afin de gagner du temps ... ... sur son projet de maisons à 100 000 €, la DSI de Bouygues Immobilier a pris soin d'écrire préalablement tous les documents d'architecture et de sécurité, pour les remettre aux métiers concernés et que ceux-ci les présentent à leurs prestataires. « Les contraintes sont ainsi prises en compte en amont. Elles peuvent être mises en oeuvre plus rapidement. La DSI ne subit plus, se félicite Thierry Rozé. Le nouveau projet d'immeubles à énergie positive a marqué un autre progrès. Etre appporteur d'idées, et ne plus être rattaché aux financiers Dès le départ, tous les métiers du groupe, DSI comprise, ont échangé sur les technologies à mettre en oeuvre. « Nous avons ainsi réussi à faire partager, notre vision de la gestion sur IP de l'énergie du bâtiment, des vantaux, de l'éclairage, des présences. Sans refaire les usines à gaz des immeubles intelligents d'antan, cette vision permettra d'aller jusqu'au conseil à l'utilisateur qui consomme trop, illustre Thierry Rozé, Du coup, la DSI n'est plus perçue dans l'entreprise comme un simple centre de coûts. Elle est écoutée des métiers. Mais ce renversement n'a été possible que parce que le DSI de Bouygues Immobilier est depuis deux ans l'un des vice président du groupe. Il est donc de facto associé à tous les projets et non plus rattaché à la direction financière. Bouygues Immobilier se félicite d'avoir adopté la SOA Second préalable : la technologie doit suivre. D'où l'intérêt des architectures logicielles orientées services (SOA) et d'une urbanisation SOA, qui casse la rigidité des applications en silos et le fouillis du plat de spaghettis tradionnel face à la multiplication des applications. Bouygues Télécom en a été le pionnier en France. Bouygues Immobilier l'a suivi et s'en félicite. « Tout notre système d'information, SAP compris, est maintenant bien urbanisé, Nos données sont toujours fraîches et nous pouvons dégager des équipes rapidement. Nous pouvons greffer toute application sur notre système d'information sans créer de bouleversements ni de perturbations. Nous avons à présent quelque chose de très agile, affirme Thierry Rozé. Monter rapidement des applications Capgemini se rallie au modèle SOA. « Nous allons essayer d'intégrer Oracle, SAP et Siebel en SOA, sur la base d'un référentiel inter-applications commun, annonce Jean-Christophe Lasvergnas. La virtualisation a, en outre, déjà été réalisée pour plus de 2 000 ... ... serveurs de projets. « En une heure, nous construisons un serveur virtuel. Cela va plus vite que d'installer le serveur qui va bien, ajoute le DSI de la SSII. Autre retombée positive de l'urbanisation : elle « pousse » à alléger le portefeuille des applications, à supprimer celles qui sont inutiles ou trop spécifiques, à les réaligner sur le nouveau référentiel. Dès lors, les applications deviennent « jetables », quand on n'en a plus besoin. Il devient également possible de monter rapidement des applications ou des systèmes d'information temporaires, puis de les intégrer, une fois validés, à la plate-forme urbanisée existante. Du provisoire moins coûteux grâce à l'Open Source D'où l'intérêt des technologies open source et Lamp. « Ces technologies permettent de faire du provisoire moins cher que les licences et néanmoins on peut le pérenniser facilement, estime Jean-Christophe Lasvergnas. Cette possibilité intéressera notamment les filiales, revendiquant parfois un droit à l'autonomie et à l'expérimentation par rapport à leur contexte local. Enfin, on peut citer trois dernières recettes d'agilité : les applications en mode SaaS, l'offshore et la connectivité distante. La maturité croissante du mode SaaS (mode locatif en ligne) séduit de plus en plus les utilisateurs finaux, au point que les DSI n'ont plus vraiment les moyens de s'y opposer. « Il appartient alors au DSI de veiller au respect du référentiel, conseille Jean-Christophe Lasvergnas. Faire des économies sur le matériel pas sur les hommes Les avis divergent cependant sur l'offshore. Capgemini le pratique depuis trois ans en Inde, Pologne et Roumanie. « Il est totalement rentable et nous fait gagner en réactivité, avance le DSI de la SSII. Mais c'est parce que celle-ci applique désormais un modèle « one team », intégrant les Indiens à la direction des projets. En revanche, le groupe Bouygues n'a pas réussi dans cette voie. Il a réinternalisé ses développements. « Nous faisons maintenant nos économies sur le matériel informatique et non plus sur les hommes, tranche Thierry Rozé. Gagner en souplesse grâce aux accès distants Par ailleurs, Bouygues a généralisé les ordinateurs portables 3G, les smartphones et les accès distants au système d'information, afin de gagner en agilité. Les accès s'effectuent également de chez soi via une connexion fixe, au point de devoir à présent étendre aux heures non-ouvrées le support des opérations de sauvegarde. Aux débuts, les postes mis à disposition des personnels avaient été soigneusement verrouillés, pour des questions de sécurité. Mais ils pourraient être réouverts prochainement, suite à l'expérience acquise par chacun. Jean-Christophe Lasvergnas de Capgemini approuve : « Le coût total de possession de l'accès distant au système d'information peut être plus avantageux si on permet à l'utilisateur de configurer son poste. »

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