Bouygues dément toute discussion pour la vente de sa filiale télécoms à Altice
Le 1er Ministre doit procéder à l'attribution des nouvelles fréquences dans la bande 700 MHz cet été. Une telle procédure va bloquer, comme aux Etats-Unis, les opérations financières entre opérateurs jusqu'au début 2016.
Au mois d'octobre dernier, à peine arrivés à la direction de SFR, les dirigeants d'Altice se montraient intéressés par un rachat de Bouygues Télécom. Trois mois plus tard, des discussions informelles ont eu lieu, selon Bloomberg, entre les deux groupes. La procédure d'enchères sur les bandes de fréquences, qui vont intervenir au 2ème semestre de cette année, incite Altice à pousser les feux.
Le gouvernement précédent avec Arnaud Montebourg, mais aussi dans la version actuelle s'est toujours montré favorable au passage à trois opérateurs majeurs en France. Patrick Drahi le patron d'Altice a donné des gages en mettant la main sur plusieurs journaux, Libération et L'Express, qui comptent dans le débat politique. Ses homologues, Bouygues avec TF1, Xavier Niel à titre personnel au Monde, à Médiapart et Rue89 sont également des acteurs des médias.
Autre gage, Altice laisse entendre que s'il promet de ne procèder à aucun licenciement, le gouvernement accorderait son feu vert au rachat de Bouygues Télécom. Il avait entériné celui de SFR avec cette condition. Au Portugal, Altice a promis des créations d'emplois pour s'attirer les bonnes grâces du gouvernement. En Israël, il a lancé en juillet 2013, i24news une chaîne internationale chargée de contrer Al-Jazira. Les médias permettent aux patrons des télécoms d'amadouer les gouvernements.
Une audacieuse campagne de reconquête dans le fixe
Ces obstacles politiques écartés, il reste juste à convaincre l'autre partie. L'agence Bloomberg a relancé le sujet ce week-end, faisant état de discussions exploratoires entre les deux groupes, Altice et Bouygues. Ce lundi matin, un porte-parole du groupe Bouygues a toutefois redit pratiquement dans les mêmes termes ce qu'il avait déjà précisé : d'une part il n'y a pas de discussion, d'autre part, le groupe entend soutenir la croissance de sa filiale télécoms par lui-même. Bouygues Télécom a lancé à l'automne dernier une audacieuse campagne de reconquête dans le fixe, qui n'est pas prêt de s'arrêter.
La rumeur propagée par Bloomberg s'est répandue très facilement, le monde de la bourse adore ce type de spéculations. Le chiffre de 8 milliards d'euros est même abondamment cité comme prix de rachat. Il resterait tout de même, si 'opération se dessinait, à vérifier si d'autres candidats ne sont pas possibles, français ou étrangers, et à obtenir l'avis de L'Autorité de la concurrence qui est intervenue dans le rachat de SFR et ne manquerait pas de se pencher attentivement sur une opération visant Bouygues Télécom. A Londres, la CMA (Competition and market authority, équivalent de notre Autorité de la concurrence) entend se montrer draconienne sur le rachat d'EE par BT.