BlackBerry voit son avenir (s'il existe) dans le logiciel
Au sens propre du terme, BlackBerry ne répond plus. Nous avons fait le test, l'une de nos journalistes a obtenu 4 rendez-vous avec la direction France, tous annulés. Pourtant, la société met en place de quoi rebondir.
Chez BlackBerry, comme dans beaucoup de grandes sociétés de l'IT, l'actualité financière recouvre l'actualité business. Le principal actionnaire, Fairfax, vient de lâcher avec ses alliés 1 milliard de dollars pour investir dans la société, mais, comme l'explique Jan Dawson, directeur de l'analyse télécoms au cabinet Ovum, « l'investissement de Fairfax va aider la société un certain temps, elle en a cruellement besoin, mais elle a plus que jamais besoin d'une nouvelle stratégie. Si BlackBerry était devenue privée, elle aurait pu garder sa stratégie secrète, mais BlackBerry reste une société publique, le nouveau Pdg John Chen et Fairfax, doivent communiquer au plus tôt sur cette stratégie. »
John S. Chen le nouveau boss a passé 15 ans chez Sybase, il est parti en 2012, après le rachat par SAP. C'est un spécialiste des solutions d'infrastructure mobiles. Un pedigree qui inciterait à croire à nouveau dans l'avenir de BlackBerry, toutefois, si le mandat de Chen est de redresser l'entreprise, c'est uniquement à titre intérimaire. Comme si Fairfax n'osait pas donner vraiment des signes positifs.
En retrait de leurs objectifs
Il reste donc les hypothèses. Toujours selon l'Ovum, les nouveaux actionnaires (Fairfax et ses alliés) semblent placer l'avenir de BlackBerry dans le logiciel. Les serveurs BlackBerry sont vus comme le noyau d'une gestion des périphériques de l'entreprise. Même s'ils sont encore peu générateurs de revenus. C'est également le cas d'autres produits phares de la maison. QNX le système d'exploitation pour systèmes embarqués génère actuellement moins de 100 millions de dollars par an. Et les terminaux BlackBerry 10 restent en retrait de leurs objectifs.
En revanche, BlackBerry messenger a eu un bon démarrage en téléchargement. Il est disponible pour Android et iOS. C'est désormais le vecteur de croissance de l'entreprise. Le moyen pour renouer avec les partenaires et les clients. Toutefois, la première version de BBM n'a pas laissé que de bons souvenirs, avec sa situation financière et la médiatisation qu'elle engendre, BlackBerry devra donc redoubler d'efforts pour convaincre le marché.
Faire remonter l'opinion des clients
Ses actionnaires sont-ils actuellement conscient de ce défi, ou restent-ils coupés des réalités et du management opérationnel qui est très à même de faire remonter l'opinion des clients ? Pour l'heure, le siège voit surtout les téléchargements de BBM possibles sur son magasin en ligne.
La société aurait d'autant plus intérêt à communiquer que les analyses (et les articles de presse) dans le monde entier ne portent que sur son éventuel rachat. Des observateurs qui ne se privent pas d'annoncer chaque jour ou presque un nouveau repreneur potentiel, Lenovo et Amazon étant les dernier cités. Les actionnaires de BlackBerry ont clairement choisi de renoncer à vendre l'entreprise. Il leur reste juste à assumer ce choix et à le faire partager en interne comme en externe.