Audiovisuel : internet bouscule les habitudes du secteur mais sans rebattre les cartes
Le secteur de l'Audiovisuel revoit ses modes de financement sous la pression d'internet et l'arrivée de téléviseurs connectés à internet. L'interactivité apportée par internet pourrait relancer les revenus publicitaires.
(Source EuroTMT ) Profitant de la présentation, mardi 13 octobre, du programme de son prochain séminaire qui se tiendra les 18 et 19 novembre à Montpellier, l'institut Idate est revenu sur son analyse de l'évolution du marché de la télévision. Point central de cette étude : l'arrivée des téléviseurs connectés à internet menace les revenus publicitaires du secteur de l'audiovisuel, qui va être concurrencé, sur le marché des contenus premium, par les acteurs de l'Internet avec des acteurs tels que YouTube ou les services de VOD. L'Idate estime ainsi qu'entre 2008 et 2020, les revenus publicitaires audiovisuels devraient stagner sur les cinq principaux marchés européens, Internet accaparant une part croissante des dépenses publicitaires. Les services Internet devraient ainsi enregistrer, sur la même période, une croissance annuelle moyenne de 3 %. Cette évolution à risque du paysage audiovisuel explique, certainement, les négociations en cours entre les principaux groupes audiovisuels qui chercheraient, selon les informations publiées par les Echos à mettre en commun leurs services de télévision de rattrapage pour créer une plate-forme puissante vis à vis des annonceurs publicitaires, un peu à l'image de ce que les principaux groupes audiovisuels américains ont fait en créant le site Hulu. Pour autant, cette étude, qui rejoint aussi les craintes de France Télécom de voir ses abonnés haut débit se détourner de ses offres de contenus pour aller piocher directement sur le web les programmes qui les intéressent, suppose un changement majeur dans l'économie de la production audiovisuelle. Jusqu'à présent, le financement de la production audiovisuelle américaine (films de cinéma ou séries pour la télévision) passait en effet par la vente de ces programmes à l'étranger, pays par pays. Un marché très rentable qui explique aussi la forte augmentation des coûts de production au cours des années 2000. En vendant ces contenus à des sites Internet pour une diffusion mondiale, les producteurs américains risquent de voir les sociétés clientes traditionnelles du secteur de l'audiovisuel réduire fortement leurs achats. Si certains semblent tentés (des négociations sont ainsi en cours avec YouTube), peuvent-ils réellement prendre ce risque et voir leurs sources de financement se réduire significativement ? D'autant qu'en étant eux-mêmes en concurrence avec les acteurs Internet sur le marché américain, ils n'ont aucun intérêt à offrir à leurs concurrents les outils leur permettant d'accroître un peu plus leur puissance sur le marché publicitaire. C'est d'ailleurs toute la démarche d'un Comcast, prêt à s'offrir une part de NBC pour sécuriser son accès aux contenus audiovisuels. Si, comme il est probable, la menace que font peser les acteurs de l'Internet sur le marché des contenus premium est surestimée, le développement des téléviseurs connectés sur internet peut, à l'inverse, être analysé comme une occasion pour les diffuseurs audiovisuels de prendre une part du marché publicitaire en ligne et de renouer le contact avec des publics jeunes moins accros à la télévision que les générations précédentes. Ainsi, les téléviseurs connectés vont permettre de proposer des services de publicité interactive (renvoyant au site de l'annonceur), un service que vient de lancer France Télécom sur ses chaînes Orange, ou d'achats en ligne. Autant de sources de revenus potentielles que les diffuseurs pourraient capter et qui viendraient compenser la stagnation de leurs recettes publicitaires. Une mission sur les exclusivités Suivant les recommandations émises par l'Autorité de la Concurrence à l'occasion de son avis sur les relations d'exclusivité entre activités d'opérateurs télécoms et de distribution de contenus, le Premier ministre a confié une mission à Marie-Dominique Hagelsteen, présidente de section au Conseil d'Etat. Elle devra rendre son rapport d'ici au 15 décembre. L'autorité de la Concurrence avait demandé que les règles sur le marché des télévisions payantes soient clarifiées.