Au SCOur !
SCO passe sous chapitre 11, lointain équivalent américain du « règlement judiciaire ». Cette faillite, si l'on en croit l'article de nos confrères d'Information Week, serait entièrement de la faute de Linux. IBM, Red Hat, Microsoft, Sun et d'autres distributeurs de Linux, affirme Darl McBride, CEO de SCO, auraient « agressivement conquis des parts de marché qui revenaient à Unix » (aggressively taking market share away from Unix). C'est oublier que Monsieur McBride n'est jamais que le repreneur de SCO, reprise qui s'est d'ailleurs déroulée au tournant du siècle, au plus fort de la poussée Linuxienne et de ses coups de bourse mémorables. La menace que dénonce le CEO failli était déjà plus que palpable. Le patron du SCO historique, le « Santa Cruz Operation », Doug Michels, avouait déjà en 2000 que la société chercherait à se reconvertir vers une activité de service autour des nouveaux noyaux Linux...développements, installations, paramétrages... l'équipe devisait alors avec les journalistes, dans les brumes matinales du campus de Santa Cruz, sur les gradins de l'amphi en plein air. La facturation de travaux autour d'un noyau open source n'était pas franchement claire à l'époque, mais une mutation s'imposait. Et ce, malgré le rachat, en 1995, du noyau Unixware à Novell, lequel venait de le racheter à AT&T. Malgré le lancement d'une superbe idée, le serveur d'application Tarantella, concurrent de Citrix Metaframe. Malgré également la récente sortie, à l'époque, d'une technologie de clustering et la promesse de développement du marché des appliances à base d'Unix embarqués. Malgré enfin -mais c'était là un vieux mythe unixien, la certitude que toutes les applications bureautiques du « portfolio » SCO seraient un jour « compatibles binaire » et fonctionneraient sur tous les noyaux, de Linux RH à Unixware, en passant par les dernières versions de Xenix ou les « prochaines évolutions » de Monterey, le noyau 64 bits co-développé avec IBM qui ne verra jamais le jour. Peut de temps après, Caldera lançait son OPA et SCO émigrait en Utah. Si l'on ajoute que le premier Unix system V que commercialisait SCO avait pour nom Xenix et qu'il appartenait originellement à Microsoft, lequel Microsoft renia cette parenté impure par tous les moyens possible, l'on se rend compte qu'une lecture attentive de l'histoire aurait pu éviter à Mr McBride bien des désagréments et des déclarations irréalistes.