Atos veut racheter Bull, notamment pour ses compétences en sécurité
Atos tente une Opa amicale sur Bull, principalement pour s'offrir ses compétences en stockage et en cloud computing. Mais, le constructeur français s'est également doté au cours des années de fortes compétences en matière de sécurité.
Le groupe Atos, dirigé depuis fin 2008 par Thierry Breton, s'est déployé par filialisation, avec la création d'Atos Wordline dans les paiements, ou par alliance avec Canopy lancé avec EMC et VMware, dans le cloud computing. Depuis plusieurs semaines, il montre également son intérêt pour la croissance externe et des sociétés françaises de services informatiques. Justement, plusieurs d'entre elles sont, pour des raisons diverses, obligées de se marier et le Gouvernement fait tout pour que les acteurs nationaux ne se retrouvent pas entre des mains étrangères. Stéria avait du mal à évoluer seule, Sopra plus rentable affrontait un problème de succession avec un fondateur âgé de 78 ans, ils vont se rapprocher. Atos était candidat, mais s'est fait éconduire
Sur le même sujetCloud public : Rackspace est à vendre, Cisco, AT&T et Red Hat parmi les favorisAprès cet échec, le groupe de Thierry Breton devrait se rattraper de belle manière en s'offrant Bull, qui n'est pas une société de services mais présente des compétences en matière de calcul et de stockage, stratégiques pour Atos. Thierry Breton a dirigé Bull comme n°2 de 1993 à 1995, après il devient Pdg de Thomson jusqu'en 2002, où il prend la tête de France Télécom puis du ministère de l'économie et des finances de 2005 à 2007. Il dirige Atos depuis 2008. C'est dire s'il connaît bien les entreprises française du numérique, le rôle de l'Etat à leur capital et les arcanes du pouvoir en France. Thierry Breton met également la dernière main à un rapport sur le cloud computing que lui a commandé l'actuel gouvernement ainsi qu'à Octave Klaba, le Pdg et fondateur d'OVH.
Un parcours qui a plaidé en sa faveur
Thierry Breton maîtrise, étant donné son passé de PDG, les questions de restructurations mais aussi de développement à l'international d'entreprises française du numérique, où l'Etat a joué et joue encore un rôle. Chez Atos, il a par exemple mis la main sur les activités de services informatiques de Siemens, Siemens IT Solutions and service, fin 2010. Un parcours qui a plaidé en sa faveur au gouvernement pour reprendre Bull, ce dernier n'est pas en difficulté, mais présente des problèmes d'évolution avec un chiffre d'affaires trop faible (1,26 milliard d'euros en 2013, contre 1,28 en 2012) et donc une taille insuffisante pour évoluer hors des frontières.
Chez Bull, la sécurité est devenue un axe fort, mais ne représente encore que 10% du CA, avec une division dédiée : Security Solutions et une filiale Amesys (*). Bull, s'est constitué un portefeuille d'activités spécialisées par croissance externe et se déclare actif sur trois sujets : la cybersécurité, la guerre électronique, la sécurité des infrastructures critiques. Ces compétences en matière de sécurité sont indispensables pour soutenir les développements en matière de cloud computing a relevé Thierry Breton lors de sa présentation du projet de rapprochement entre les deux entreprises. On remarquera également que Bull détient 20% de Numergy, cloud souverain français, aux côtés de SFR et de l'Etat. Numergy a d'ailleurs monté un SOC avec les compétences en sécurité de son actionnaire Bull.
(*) dont l'offre Eagle, mise en cause en Libye, été cédée