Assises du numérique : Les télécoms au coeur de la modernisation voulue par Eric Besson
Eric Besson, secrétaire d'Etat à l'Economie numérique, et Viviane Reding, Commissaire européen à la Société de l'information, ont procédé au lancement des Assises du numérique, le jeudi 29 mai. Sur la feuille de route, une centaine d'ateliers organisés en juin et qui déboucheront sur la remise de propositions au président de la République.
C'est dans un décor d'un autre âge - le grand amphithéâtre de l'Université Paris Dauphine - qu'a eu lieu le lancement des Assises du numérique, le grand raout voulu par Eric Besson, le secrétaire d'Etat à l'Economie numérique, pour faire de la France un géant des technologies de l'information. La France est en retard Les représentants des exécutifs français et européen ont rappelé l'enjeu de cet événement, qui devra déboucher sur la remise au président de la République d'un plan de développement de l'économie numérique à la fin du mois de juillet. Avec 6% du PIB français issus des technologies de l'information et de la communication, la France est en retard sur les Etats-Unis ou la Corée. Même constat pour le niveau d'investissement en recherche et développement. Le but des 27 axes de travail qui seront abordés lors des Assises sera donc de doper les usages des technologies de l'information pour « faire de la France une très grande puissance numérique, à l'égal des économies les plus dynamiques de notre planète, affirme Eric Besson. L'accès aux réseaux prioritaire Environ 90 ateliers de travail couvrant « toutes les dimensions du numérique » seront ainsi organisés durant le mois de juin dans toute la France et sur le Web. Ils réuniront les politiques, les citoyens, les consommateurs, les blogueurs et les entreprises. On y retrouvera les partenaires de la manifestation, classés Platinum et Gold selon leur contribution, parmi lesquels on retrouve Microsoft, HP, IBM, etc. Les fournisseurs-sponsors seront donc ... Photo : Eric Besson, secrétaire d'état en charge de l'économie numérique ... également parties prenantes aux débats. L'accès aux réseaux constitue la première piste de travail. Rappelons l'engagement pris par Nicolas Sarkozy de connecter 100% des ménages au haut débit avant la fin de son mandat (pour l'heure, d'après les chiffres de l'Arcep et de Médiamétrie, la moitié environ des ménages français serait connectée à Internet, essentiellement en haut débit). Pour y parvenir, Eric Besson suggère plusieurs pistes de travail, comme le développement du haut débit mobile et du très haut débit, ou l'équipement de 70% des foyers en ordinateurs à l'horizon 2010. Des contenus créatifs dopent la croissance Parce que « le numérique représente une révolution de l'économie du savoir équivalente à celle de l'imprimerie », le secrétaire d'Etat suggère de mieux prendre en compte les contenus numériques dans les politiques publiques. Une idée partagée par Viviane Reding, selon laquelle « les contenus créatifs sont le moteur de la croissance des réseaux fixes et mobiles ». Dans cette optique, Eric Besson propose la création d'un Conseil national du numérique, pensé comme une « enceinte globale de concertation » regroupant tous les acteurs du Web et chargé d'élaborer des codes de bonne conduite ainsi que de les faire respecter. A la fois stratège et gendarme, cette institution remplacerait le Forum des droits sur Internet ainsi que d'autres organisations (Conseil supérieur de la télématique, Conseil stratégique des technologies de l'information, etc.) Développer les usages du numérique Les usages sont également au coeur des débats, avec pour objectif de multiplier les domaines dans lesquels le numérique intervient. C'est notamment le cas de ... ... l'éducation (objectif de 100% des documents pédagogiques disponibles en version numérique, enseignement à distance pour les salariés en activité...), de la santé, de l'e-commerce et de l'e-administration (unifier les services publiques en ligne, développer la dématérialisation, etc.) Absence de budget Si le programme peut sembler ambitieux, il ne pèsera pas sur les finances du pays. Eric Besson reconnaît en effet qu'il « ne dispose pas de budget. Ce plan ne devrait rien coûter à l'Etat, certaines mesures devraient même être accélératrices de croissance et rapporter ». On imagine cependant mal comment certaines des mesures soumises au débat pourraient être mises en place sans occasionner de dépense (numérisation des procédures pénales, déploiement de la carte d'identité électronique, formation en ligne pour les enseignants, etc.). Un manque de moyens dénoncé Ce manque d'investissement de l'Etat n'est, à en croire les députés socialistes Patrick Bloch et Christian Paul, qu'un prolongement des travers actuels. Présents aux Assises du numériques, les deux édiles dénoncent « la mauvaise pente » prise par la France en matière de technologies de l'information. Ils regrettent notamment que « l'Etat ne mette pas un euro » dans le développement du haut et très haut débit et que la loi de modernisation de l'économie « ne donne pas l'impulsion nécessaire ». D'autres critiques fusent du côté de l'April. L'Association de promotion et de défense du logiciel libre dénonce la brièveté des Assises au regard du nombre de thèmes qui y seront abordés. Elle regrette aussi l'absence de certains acteurs. Ainsi, elle donne l'exemple de la table ronde sur les enjeux de la culture et du loisir numérique, qui se tiendra sans représentant des consommateurs et sans association.