Arès suscite l'incompréhension sur sa stratégie

le 20/03/2008, par Pascal Boiron, Infrastructure, 741 mots

Arès avait cédé ses activités de distributeur fin 2006 pour se consacrer aux services. Fin 2007, mouvement inverse, Arès rachète deux distributeurs. Aujourd'hui, il cède ses activités d'éditeur logiciel. Le personnel s'inquiète de ces revirements et demande des explications. Le PDG du groupe répond.

Arès suscite l'incompréhension sur sa stratégie

A la fin de 2007, le Groupe Arès a passé la barre des 2000 personnes d'effectif, à la suite des rachats des distributeurs Databail et Adequat. L'information devrait être interprétée comme un signe de retour à la croissance ; pourtant, de plus en plus de salariés de l'entreprise s'inquiètent ouvertement du revirement stratégique que représentent ces deux acquisitions. « En octobre 2006, la nouvelle direction avait justifié la cession du pôle distribution en expliquant qu'Arès devait se consacrer entièrement aux services. Un an plus tard, le groupe rachète deux sociétés de distribution et de location d'équipements (NDLR : Databail et Adequat). Il change en outre le mode de commissionnement des commerciaux en réduisant la part liée aux services et remercie sans ménagement plusieurs responsables d'agences. Nous ne pouvons que nous interroger sur la pertinence de ce revirement, explique Mina Chibchib, Déléguée Syndicale Centrale CFDT d'Arès. Incohérence stratégique ou subtilité stratégique A l'analyse, une première explication s'impose : les activités cédées fin 2006 représentaient un chiffre d'affaires de 76 millions d'euros, tandis que les deux acquisitions amènent ensemble environ 100 millions d'euros de revenus et 150 salariés, ce qui permet au groupe de conserver la même surface financière. « Cela correspond peut être à une logique financière mais c'est l'inverse de la stratégie mise en place en 2006, rétorque Mina Chibchib. « Ces deux acquisitions ne correspondent en rien à un changement de stratégie, répond Michel Berjamin, PDG d'Arès, Nous avions cédé l'activité de distribution de PC et d'imprimantes, pas celle des serveurs et des architectures. C'est bien pour cela que le plan social a concerné 76 personnes et non 400, comme l'avait programmé l'ancienne direction ». Photo : Michel Berjamin, PDG d'Arès. La légitimité du directeur délégué contestée En fait, il apparaît que c'est au niveau de la direction et de ses méthodes que le bât blesse. Le responsable de Databail et d'Adequat, Eric Viel, a été nommé Directeur Général Délégué d'Arès en janvier dernier et il a aussitôt entrepris l'analyse des résultats des autres activités du groupe, avec des changements à la clé. En pratique, c'est donc la méthode qui est contestée, ainsi que la légitimité du nouveau DG délégué, sachant que les chiffres d'affaires des deux sociétés acquises ne pèsent que le quart des revenus du groupe. « Il faut rappeler qu'Eric Viel a été durant plusieurs années responsable commercial et marketing d'ECS au niveau européen. Il a donc l'expérience et les qualités qui correspondent à ce poste de direction générale , affirme Michel Berjamin. Des choix en termes de budgets Reste que le départ de plusieurs managers amène les salariés à s'interroger sur une éventuelle réorganisation du groupe. Cela concerne notamment les agences de Lyon, de Nantes, de Nancy et la business unit Financement. « Nous entamons un nouvel exercice fiscal le mois prochain et il est logique que nous fassions des choix en termes de budget. Cela étant, aucun plan social n'est prévu et nous ne nous interdisons pas de réaliser d'autres acquisitions dans les services. Précisons que nous n'avons pas identifié de doublons importants au niveau des postes, mais que nous cherchons logiquement à réunir les différentes équipes au sein des mêmes locaux. Nous avons investit 11 millions d'euros dans ces deux acquisitions ; qu'il soit clair que c'est pour créer de la valeur et non l'inverse, conclut Michel Berjamin. La vente des bijoux de famille Après avoir entendu les uns et les autres, on serait tenté de faire crédit à Michel Berjamin de sa volonté de développer la société ; mais les faits sont têtus : après nous avoir donné sa version ce 19 mars en fin de matinée, la direction diffusait en fin d'après-midi un communiqué annonçant que le groupe cédait ses activités d'éditeur de progiciels, Arcole et Actipidos. Cela ne correspond pas à un recentrage vers les services. En effet, c'est en devenant éditeur il y a plusieurs années qu'Arès a commencé à se forger une image de SSII. La nouvelle cession est inattendue et concerne 60 personnes, notamment sur les sites de Nantes et des Ulis. A quelle stratégie tout cela correspond-il ? N'ayant pu obtenir ce jour de réponse de Michel Berjamin, nous laissons la conclusion à Mina Chibchib, représentante du personnel : « Nous ignorons quelle est la stratégie, mais nous savons que vendre les bijoux de famille n'est pas réellement un signe de développement ». A suivre...

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