Après SFR, Altice-Numericable vise Bouygues Télécom
La recomposition du secteur des opérateurs prend forme en Europe, en France les dégâts occasionnés par la guerre des prixdevraient accélérer cette mutation. Avec deux financiers de haut vol en lice, les patrons d'Iliad et d'Altice qui savent mobiliser des fonds et actionner le levier de la dette pour nourrir leurs ambitions.
Numericable, filiale d'Altice publie ses résultats trimestriels. Le chiffre d'affaires a progressé de 4% à 331,7 millions d'euros, mais la société affiche une perte de 94,4 millions d'euros, due en partie aux coûts d'acquisition de SFR. C'est un des trois éléments qui entrent en ligne de compte avec les frais anticipés de remboursement de la dette et les effets de valorisation de taux de change sur la dette du groupe.
Des éléments exceptionnels. En face, le groupe met en valeur d'autres éléments. Le résultat trimestriel qui atteint 7,4 ME, l'Ebitda en hausse de 4,7% à 155,9 ME, la marge de 47%, en amélioration de 30 points de base sur un an. Numericable compte également sur une base d'abonnés de 1,72 million (dont 362 000 clients sous marque blanche, chez Bouygues Telecom) en hausse de 3%, le revenu par abonné ayant progressé de 1,2%. Et le groupe confirme son objectif de 700 à 800 000 foyers éligibles au haut débit en 2014.
Ce dernier élément est particulièrement important. Le groupe suscite des doutes dans les collectivités locales sur le très haut débit. C'est en partie le fait des mauvais souvenirs issus du rachat de cablô-opérateurs par Altice sur la période 2005-2007. Plus récemment, le rachat de SFR provoque aussi des doutes, le câble ne s'étend que sur les zones urbaines ce qui renforce la césure avec les zones rurales, où l'arrivée de la fibre est problématique. SFR a pourtant hérité de Cegetel une filiale dédiée au développement du Très haut débit dans les collectivités, qui offre une alternative à Orange. Cette alternative sera-t-elle confortée après le rachat ? Le dossier des Hauts-de-Seine, où le département a dénoncé et obtenu la résiliation du contrat signé avec Numericable ne fait que raviver les doutes. Les nouveaux dirigeants devraient rassurer les élus et les industriels du secteur sur ce dossier.
Virgin Mobile et Portugal Télécom
L'autre point décisif est celui des rachats. Outre SFR, Numericable veut également racheter Virgin Mobile. A chaque fois, c'est un mécanisme d'endettement qui permet ces opérations, Patrick Drahi excelle dans cet exercice, mais suscite, là encore, la méfiance. Ses nouveaux projets, par exemple à l'international avec Portugal Télécom ne manquent pas non plus de susciter beaucoup d'attention. A Lisbonne, sa holding Altice est en lice, après le rachat du câblo Cabovio, pour reprendre l'opérateur historique Portugal Télécom que devait racheter le brésilien Oi.
En France, de source interne à SFR, on parle aussi de visées sur Bouygues Télécom. Même si la presse en général fait état de l'intérêt renouvelé d'Iliad, dégagé de son projet américain, pour Bouygues Télécom, les troupes de Patrick Drahi scrutent de très près l'hypothèse d'un rapprochement avec Bouygues Télécom. Ce dernier est déjà engagé dans un rapprochement pour bâtir des réseaux mobiles avec SFR, accord signé fin janvier et qui va entrer en application malgré le rachat de SFR par Altice-Numericable.