Après l'affaire Michel Combes, l'affaire Virgin Mobile ?
L'affaire Michel Combes est désormais du ressort d'Alcatel-Lucent dont le conseil d'administration se réunit en fin de semaine. Un autre dossier refait surface celui de Virgin Mobile, racheté par Altice fin 2014.
Le dossier Michel Combes est remonté jusqu'au Haut comité de gouvernement d'entreprise, organisme installé par l'Afep (qui regroupe les très grandes entreprises) et le Medef (censé regrouper toutes les entreprises quelle que soit leur taille). On sait que cet organisme est bafoué, puisque ses préconisations ne sont pas appliquées, du moins sont-elles contournées par les entreprises qui adhèrent officiellement à ses règles.
Un autre dossier prend le même chemin, pas celui du Haut comité, mais directement celui du Medef et de l'un de ses vice-présidents, Geoffroy Roux de Bezieux. Celui-ci a fondé Breizh Mobile en 2004, pris la licence et rebaptisé ce MVNO en Virgin Mobile deux ans plus tard. Avant Free Mobile, Breizh-Virgin Mobile a joué le rôle du trublion des télécoms avec un fort investissement de ses salariés. Geoffroy Roux de Bezieux l'a dirigé jusqu'à l'année passée et finalement revendu, sous les coups de boutoir de Free Mobile, les MVNO sont eux aussi en grande difficulté. L'acheteur n'est autre qu'Altice et le CEO de Virgin Mobile, Pascal Rialland, qui a pris la suite du fondateur comme patron exécutif, s'est retrouvé au comité de direction de Numericable-SFR.
Deux lignes de la comptabilité alertent
L'affaire concerne encore des primes de départ. Elle a été découverte par une enquête commandée par le comité d'entreprise de Virgin Mobile à un cabinet d'audit. Deux lignes de la comptabilité, l'une pour un montant de 3,3 millions d'euros, l'autre de 6,4 millions d'euros, les ont alerté. La direction du MVNO a expliqué qu'il s'agissait d'une prime de 3,3 ME déjà versée aux sept membres du comité exécutif (dont Pascal Rialland) et à deux cadres dirigeants ayant participé à la vente. L'autre somme, 6,4 ME, est une provision pour une autre prime toujours destinée aux mêmes intéressés. Au total, c'est 9,7 millions d'euros qui vont atterrir dans les poches de 9 dirigeants (sauf Geoffroy Roux de Bezieux). Une somme prise sur le montant de la vente, 325 ME.
Le collectif Virgin, qui affirme représenter tous les salariés de l'ex Virgin Mobile, demande que le reste des primes, 6,4 ME, serve à tous les salariés, donc soit équitablement réparti entre les 160 salariés et les « 9 ». En juillet, le collectif a envoyé une première lettre au vice-président du Medef et fondateur de l'opérateur. Ils viennent d'en envoyer une nouvelle et veulent saisir le comité d'éthique du Medef, afin qu'il se prononce sur ces primes chez Virgin Mobile.
Il s'inquiète également, c'est un autre sujet, de leur isolement au sein de Numericable-SFR. Leurs dirigeants ont réussi leur mobilité au sein du nouveau groupe, à commencer par Pascal Rialland, mais les autres salariés se sentent sans avenir dans ce nouvel opérateur. Sur le premier point, ils mettent la pression sur le Medef, le second point semble plus compliqué.
En photo : Geoffroy Roux de Bezieux, atteint comme vice-président du Medef par l'affaire Virgin Mobile, entreprise qu'il a fondée.