Altice restructure sa holding, bientôt basée à Amsterdam
A peine remis de son échec pour le rachat de Bouygues Télécom, Altice passe à l'offensive sur toute l'Europe. Une opération préparée de longue date, elle sera effective début août.
L'actuelle holding de tête du groupe de Patrick Drahi, Altice, est basée au Luxembourg. Elle va fusionner avec Altice NV, une nouvelle entité nouvellement créée et basée aux Pays-Bas. La quasi totalité des actifs et des passifs du groupe sont transférés avant cette opération à Altice Luxembourg, société de droit luxembourgeois nouvellement créée, qui sera filiale de la nouvelle holding, Altice NV. Une assemblée générale devrait approuver ces opérations début juillet, elles seront effectives la première quinzaine d'août. Altice NV sera cotée sur Euronext Amsterdam. Patrick Drahi en aura le contrôle.
Une opération qui est le préalable à la nouvelle offensive d'Altice. Elle souhaite participer plus amplement à la recomposition des opérateurs en Europe. Offensive décidée avant l'opération tentée sur Bouygues Télécom. Le directeur général d'Alcatel-Lucent, Michel Combes, en avait donné un avant-goût en annonçant prématurément son arrivée chez Altice fin juillet, justement pour amener des opérations de croissance externe. Depuis, il s'est ravisé et a indiqué que rien n'était fait en ce qui le concerne. D'autres rumeurs l'annoncent directement chez SFR-Numericable pour piloter la fusion aux côtés de l'équipe en place.
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Altice a mené tambour battant plusieurs opérations de croissance externe. En avril 2014, 13,5 milliards d'euros lui donnaient 80% de SFR, achat complété par 3,9 milliards d'euros supplémentaires pour les 20% restants, lâchés au mois de février 2015. En décembre 2014, c'était au tour de Portugal Télécom de tomber, après une âpre bataille, pour 7,4 milliards d'euros. Dans le même temps, Numericable-SFR se payait Virgin Mobile, pour une somme non dévoilée. Enfin, il y a un mois, Altice prenait pied aux Etats-Unis en s'offrant 70% du câblo-opérateur Suddenlink Communications.
Le groupe a perfidement rappelé jeudi que son offre sur Bouygues Télécom restait valable et a regretté que ni les équipes ni les conseils de Bouygues n'aient pris soin de le contacter sur l'offre d'Altice. Altice a même répondu point par point notamment sur l'aspect règlementaire.
Patrick Drahi lui-même, mercredi soir lors d'un dîner, est revenu sur le sujet. Il était invité par la Fondation Polytechnique à laquelle il apporte 5 millions d'euros. Ironisant sur son échec, il a néanmoins conclu son intervention en lançant : « Pour moi, les télécoms c'est comme le flipper, tant qu'il y a des boules je joue encore». Une phrase qui a marqué et montre son orientation forte vers la croissance externe pan-européenne, à l'encontre de Bouygues qui préserve son état d'esprit d'industriel et se cantonne, sur les télécoms, au marché français.
En illustration : Dexter Goei, CEO d'Altice Group, prépare juridiquement la base des futurs conquêtes de Patrick Drahi