Altice-Numericable contre-attaque sur le dossier SFR
Le câble français revient de loin, moribond au milieu des années 2000 il est devenu plus puissant avec une trajectoire claire sous la houlette de Patrick Drahi. Contrairement aux autres pays d'Europe, il n'a pas l'intention de se faire racheter, mais bien de racheter des opérateurs télécoms classiques.
En renforçant son offre sur SFR, Bouygues Télécom a fait baisser le cours de l'action Numericable. Il n'en fallait pas plus pour alarmer l'Autorité des marchés financiers qui a demandé à l'opérateur du câble de préciser son offre. Humiliant pour celui qui voulait maîtriser son offre et garder sur Bouygues une longueur d'avance, perdue en quelques jours. Patrick Drahi, le fondateur et patron de la holding Altice et Eric Denoyer, Pdg de Numericable ont contre-attaqué en quelques heures, en particulier à l'occasion de l'annonce des résultats annuels du groupe ce mercredi 12 mars.
Première indication, Altice travaille sur le long terme, son offre a été murie depuis sept ans, donc après le rachat, la fusion et la réorganisation de pratiquement tous les acteurs du câble en France par Patrick Drahi. Sous-entendu, ce n'est pas le cas de Bouygues qui n'est monté au créneau que depuis quelques jours. Dans le même esprit de long terme, Patrick Drahi réaffirme que lui travaille sur la convergence fixe/mobile, seul axe viable et compréhensible dans les télécoms, Bouygues se base sur un rachat d'opérateurs mobiles.
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Deuxième point, Patrick Drahi vise la simplification des offres de SFR, ce qui permet à la fois de conquérir de nouveaux clients et d'économiser sur les coûts. Le service et la qualité de service seront améliorés.
Pour répondre aux souhaits du Gouvernement, Altice-Numericable inscrira dans les licences SFR l'engagement de ne pas licencier. Il souhaite même embaucher. Bouygues s'engage à ne pas licencier et rappelle constamment que 25% de son capital est détenu par ses salariés, gage de son engagement social.
Le deuxième engagement demandé par le Gouvernement, sur l'investissement dans la fibre optique est sans doute aux yeux de Patrick Drahi le plus « différenciant ». Il estime être le seul à avoir tenu la promesse d'investir dans la fibre optique avec aujourd'hui 5 millions de foyers éligibles. En fait, il remplace progressivement ses câbles coaxiaux par de la fibre optique, avec une norme spécifique au monde des câblo-opérateurs la norme Docsis 3.0, pour Data over cable service interface specification. En Europe, c'est même la norme EuroDocsis.
Des fournisseurs français
Dernière précision, moins agréable, Patrick Drahi se défend d'être un « étranger ». Il réside en Suisse, sa holding est cotée aux Pays-Bas et siège au Luxembourg, mais argumente sur le fait d'avoir des fournisseurs français : Alcatel, Sagemcom, Technicolor. En clair : lui n'a jamais fait entrer de constructeur chinois. En complément, Patrick Drahi rappelle que Bouygues a des fonds de pension anglo-saxons parmi ses actionnaires.
Altice-Numericable mis sur la défensive par l'incroyable offensive éclair de Bouygues a trouvé sa réplique, elle n'est pas fulgurante, mais repose sur une longue réflexion, et un pari, le câbe français ne se laissera pas manger mais par les télécoms, mais sera l'une des chevilles ouvrières de leur recomposition.