Alcatel-Lucent vend LGS et laisse planer le doute sur sa branche téléphonie d'entreprise
Le plan Shift, annoncé par le Pdg d'Alcatel-Lucent, doit recentrer le groupe sur des technologies clés et assainir ses finances. Il prévoit des cessions d'activité mais ne dit rien de la division téléphonie d'entreprise objet de rumeurs de plus en plus précises.
Au mois d'octobre 2011, Alcatel-Lucent vendait sa division Genesys au fonds d'investissement Permira. Le groupe se défait maintenant de LGS Innovations, une filiale moins connue, spécialisée sur la sécurité des réseaux, les communications par satellites, la recherche en photonique, la télédétection et la cybersécurité. Une entreprise évoluant essentiellement aux Etats-Unis, où elle travaille beaucoup pour le Gouvernement fédéral, c'est d'ailleurs la raison pour laquelle c'est une filiale à part entière. En 2006, lors de la fusion entre Alcatel et Lucent, la Commission sur les investissements étrangers aux Etats-Unis (Committee on Foreign Investment in the United States, CFIUS), avait exigé cette filialisation.
La transaction rapportera 200 millions de dollars. Elle s'inscrit dans le cadre du plan Shift. Deux fonds d'investissement, Madison Dearborn spécialiste de private equity et CoVant actif dans le développement d'entreprises spécialistes des marchés publics américains, ont réalisé cette transaction. La société emploie 700 personnes, toutes intégrées dans la cession. Elle continuera à vendre en exclusivité des produits Alcatel-Lucent et aura plus de facilité à le faire auprès du secteur public, fédéral et local, aux Etats-Unis avec son changement de propriétaire.
Le plan Shift ne prévoit pas cette cession
Dans le même temps, la question d'une vente de la division entreprise refait surface. La direction de l'équipementier se refuse comme toujours à tout commentaire. Le plan Shift ne prévoit d'ailleurs pas cette cession. Mais le sujet agite le secteur depuis deux ans, surtout en France, où l'éco-système d'Alcatel, formé d'anciens du groupe est réceptif aux rumeurs. Les concurrents ne sont pas non plus mécontents d'agiter le sujet. Alcatel-Lucent détenant plus de 40% de parts de marché dans les Pbx en France (source NZA) son affaiblissement serait pour eux une bonne affaire.
La section CFDT du groupe a jeté un pavé dans la marre en affirmant que la vente de cette division était en cours et se ferait au plus tard d'ici la fin du 1er semestre 2014. Elle parle de trois acheteurs possibles, un fonds d'investissement, un investisseur chinois, un ou plusieurs industriels. Il y a deux ans, des rumeurs semblables citaient le fonds Parmira, celui qui a acheté Genesys, des équipementiers concurrents comme Siemens, Cisco et Avaya.
La volonté de la CFDT est de faire pression sur la direction et d'obliger les pouvoirs publics à prendre position. Son communiqué a provoqué des réactions en Alsace où se situe l'usine d'Illkirch. La division entreprise en France est également présente à Colombes (région parisienne), Brest et Sophia Antipolis. Les réductions d'effectifs en cours portent sur 72 postes sur ces 4 sites. Le syndicat craint une aggravation de la situation sociale en cas de cession, il redoute également les transferts de technologies si une entreprise non française se portait acquéreur.