Alcatel-Lucent promet des jours meilleurs après son mauvais premier trimestre
Alcatel-Lucent vient de présenter des résultats trimestriels peu réjouissants - chiffre d'affaires et marge brute en recul. Mais l'équipementier veut convaincre que sa stratégie - nettoyage du catalogue produits, restructuration et maintien de l'effort de R&D - portera rapidement ses fruits.
(Source EuroTMT) S'il y a bien une chose que l'on ne peut pas reprocher à Ben Verwaayen, c'est un manque de volonté. A défaut de pouvoir dévoiler de bonnes surprises, le directeur général d'Alcatel-Lucent a tenu un discours énergique en présentant, mardi 5 mai, les comptes trimestriels. Affirmant à maintes reprises que la stratégie dévoilée en décembre dernier était mise en oeuvre et allait donner les résultats escomptés, il a ainsi souligné que le « nouvel » Alcatel-Lucent était très bien reçu par les clients, permettant au groupe de regagner des parts de marché, notamment dans la téléphonie mobile. Seul problème, cette transformation en profondeur de l'équipementier franco-américain ne s'est pas encore traduite dans les comptes. Et contrairement à la promesse (répétée mardi) selon laquelle chaque trimestre verrait une amélioration sur le précédent, pour le moment la situation continue de se dégrader. Une transformation qui ne se traduit pas dans les comptes Pour le premier trimestre 2009, Alcatel-Lucent a en effet annoncé un chiffre d'affaires en recul de 6,9 % de son chiffre d'affaires (à 3,598 milliards d'euros) par rapport au premier trimestre 2008 et un repli de 27,4 % par rapport au quatrième trimestre 2008. La marge brute se replie à 31,5 % (36,2 % un an plus tôt et 33,3 % à fin décembre), et le résultat opérationnel est en perte de 254 millions d'euros (un bénéfice de 36 millions au premier trimestre 2008 et un profit de 297 millions au quatrième trimestre). Photo : Ben Verwaayen, tout jeune directeur général d'Alcatel-Lucent - Par division, le bilan n'est guère plus réjouissant : toutes les activités sont en pertes, y compris la division « services » qui malgré une forte progression de ses revenus (+20,6 % à 797 millions d'euros) enregistre une perte opérationnelle de 63 millions d'euros (un bénéfice de 2 millions l'an dernier). - Par région, il se confirme que l'Europe résiste bien (un recul limité à 1 %) alors que l'Asie et l'Amérique du Nord sont en forte baisse : respectivement -8 % et -28 %. Ben Verwaayen a toutefois indiqué que sur ces deux zones les prises de commandes étaient bonnes (tout en refusant de donner la moindre précision chiffrée), laissant ainsi entrevoir une possible amélioration en cours d'année. Le groupe, qui a confirmé ses objectifs financiers pour l'exercice en cours (un résultat opérationnel ajusté proche de l'équilibre dans un marché en baisse entre 8 et 12 %), devrait engranger, selon les dirigeants, les fruits de sa réorganisation tout au long des prochains trimestres. Objectif claironné par Ben Verwaayen : dégager 750 millions d'économies de coûts au quatrième trimestre (par rapport au quatrième trimestre 2008). Le budget de R&D restera stable Pour ce faire, outre le nettoyage du portefeuille de produits et les restructurations déjà annoncées, l'équipementier compte aussi faire le ménage dans ses implantations : Ben Verwaayen a ainsi jugé que le siège de la rue de la Boétie coûtait trop cher, laissant ainsi entendre qu'un déménagement n'est pas à exclure. En revanche, le groupe n'a manifestement pas l'intention de réduire son budget de recherche - développement, un gage pour les performances futures du groupe : au premier trimestre, il est demeuré quasiment stable à 650 millions d'euros, ce qui représente maintenant 18,1 % du chiffre d'affaires contre 15,5 % il y a un an. Ben Verwaayen a aussi précisé que 60 % de ce budget était consacré aux nouvelles technologies, contre 40 % l'an dernier. Néanmoins, ce chiffre sera insuffisant pour rassurer les analystes, déçus par les comptes trimestriels. De plus, leurs premiers commentaires montraient qu'ils n'étaient guère confiants dans la capacité du groupe à atteindre ses objectifs. Une solution pour Thales ? Compte tenu de la perte nette de 402 millions d'euros enregistrée au premier trimestre, la situation financière d'Alcatel-Lucent s'est à nouveau dégradée : à l'issue du trimestre, le groupe affiche une trésorerie nette négative de 841 millions d'euros (une perte de 30 millions d'euros un an plus tôt). Mais cette situation n'inquiète pas les dirigeants qui estiment ne pas avoir besoin d'augmentation de capital. Il est vrai que le groupe doit encaisser un gros chèque de 1,6 milliard d'euros signé par le groupe Dassault en paiement de l'acquisition de la participation de 20,8 % dans Thales. Mais selon une source proche du dossier, Dassault aurait bloqué le paiement en attendant de trouver un accord avec l'Etat sur le nom du successeur de Denis Ranque, à la tête de Thales. Et un consensus semble se faire sur le nom de Luc Vigneron, le patron de Nexter.