Alcatel-Lucent mise sur les Etats Unis pour sa survie
Face à la crise, et sous pression, l'équipementier télécoms Alcatel-Lucent mise sa survie sur les Etats Unis. C'est ce que détaille notre confrère Libération dans son édition du lundi 14 Janvier tandis que Fleur Pellerin, ministre de l'économie numérique, évoque dans les Echos du même jour, la constitution d'un grand équipementier européen.
Dans la stratégie évoquée par Libération, Alcatel-Lucent se recentre sur les Etats Unis où se trouvent deux de ses plus gros clients, Verizon et ATT en plein déploiement de la 4G, et où l'équipementier réalise de bonnes marges. De plus, les impératifs de sécurité du gouvernement américain ont amené des critères de sélection des fournisseurs qui sont favorables à Alcatel-Lucent et bloquent les équipementiers chinois Huawei et ZTE.
Comparativement, le marché européen est très fragmenté et les affaires y sont plus difficiles, d'autant plus que Huawei et ZTE y ont mené une guerre des prix qui a laminé les positions des acteurs locaux. Reste qu'un des problèmes de ce repositionnement vers les Etats Unis relève Libération est que cela lie les mains du gouvernement français en matière d'aide à Alcatel-Lucent, car l'armée américaine ne laissera pas faire.
Dans un entretien aux Echos, Fleur Pellerin ministre de l'économie numérique, confirme que Alcatel-Lucent a suivi une stratégie visant à gagner de gros contrats aux Etats Unis et en Asie ; que l'actionnariat est à 60% américain et que l'Etat français ne détient plus que 3,8% du capital.
La ministre veut toutefois croire en l'avenir de l'équipementier à cause de la qualité de sa R&D, de sa position forte dans les réseaux IP considérés comme générant de fortes marges, et pour son porte-feuille de brevets exceptionnel. Un portefeuille de brevets qui est pourtant bien menacé dans le cadre de l'accord de financement passé avec Goldman Sachs.
La ministre indique cependant travailler à la constitution d'un équipementier européen afin d'atteindre la taille critique en matière de financement de la R&D notamment en ce qui concerne la mobilité. Elle a abordé ce sujet avec son homologue allemande. Ce qui pointerait la création d'un partenariat potentiel pour Alcatel-Lucent avec Nokia Siemens Networks plutôt qu'avec Ericsson.
Photo : Ben Verwaayen directeur général et administrateur d'Alcatel-Lucent