Agarik optimise la réplication de données à très haut débit sur 400 kms
Répliquer des données en temps réel sur de longues distances est délicat à mettre en oeuvre. Une nouvelle technologie optique permet à l'infogérant Agarik associé à Bull d'interconnecter à très haut débit leurs sites de St Ouen (93) et de Trélazé (49), près d'Angers, à 400 kms de là.
A cause des phénomènes de latence, la réplication synchrone de données entre des réseaux de stockage SAN ne dépasse guère la distance d'une trentaine de kilomètres. Aussi, un site informatique miroir n'échappe-t-il pas vraiment aux mêmes risques que le site de production primaire. « En région parisienne, où se concentre l'essentiel de l'hébergement hexagonal, une catastrophe majeure les toucherait pareillement, ne serait-ce que si les transports sont bloqués, empêchant les gens d'aller travailler, n'hésite pas à dramatiser Laurent Seror, directeur operationnel d'Agarik, hébergeur et infogérant d'applications web critiques à St-Ouen (93). Une latence réduite à 6 ms Mais la parade a été trouvée. Grâce à la technologie de transmission optique WDM (Wavelength Dense Multiplexing) de la jeune pousse Ekinops de Lannion (22), Agarik propose une réplication asynchrone des données à plus de 400 kms, avec une latence de 6 millisecondes seulement, entre St Ouen et le site de Trélazé (49), près d'Angers, qui est le principal infocentre du groupe Bull, dont Agarik est devenue une filiale en 2006. « Nos sites de St-Ouen et de Trélazé ne constituent plus qu'un seul et même centre informatique virtuel. Nous proposerons bientôt de la réplication synchrone et de nouveaux services de télésauvegarde, de clusters géographiques et de reprise d'activité, annonce Laurent Seror. Un seul point de régénération du signal sur 400 kms Si la technologie WDM sur circuits programmables de Ekinops réduit la latence, c'est grâce à l'amplification Raman, qu'elle est la première à transposer des fibres sous-marines aux fibres terrestres. Le tronçon St-Ouen-Trélazé n'a ainsi besoin que d'un seul point de régénération du signal à Blois, et non pas de cinq ou six (un tous les 80 km), comme l'auraient exigé le WDM conventionnel. A cette distance, l'hébergement sera en outre de 20 à 30 % moins cher qu'en région parisienne. La liaison de 4 fois 10 Gbit/s de capacité théorique, fournit aujourd'hui une bande passante en Ethernet et en Fibre Channel de 2 fois 1 Gbit/s. Dès mars prochain, elle passera à 2 fois 2,5 Gbit/s, puis à 10 Gbit/s à la fin de 2008. Elle est gérée par deux racks d'équipements de Ekinops, un à chaque extrémité, qui ne consomment que 250 watts chacun. « Nous apprécions également leur modularité. Ekinops ne vous oblige pas à acheter la totalité de son système d'un seul coup. Notre retour sur investissement sera donc de 18 mois, au lieu de 60 mois pour les systèmes concurrents de Alcatel-Lucent, Cisco ou Huaweï, complète Laurent Serror. Photo : Sébastien Bernard, directeur commercial d'Ekinops pour l'Europe du nord, et Thierry Danel, directeur d'exploitation d'Agarik, devant le rack des équipements optiques de Ekinops installés dans les salles informatiques de Bull, à Trélazé, près d'Angers (49). 3500 m2 d'hébergement Cette liaison sera également exploitées pour les clients de Bull Services Infogérés. Les salles informatiques de Bull à Trélazé sont aux normes ICPE (Installations classées pour la protection de l'environnement). Elles s'étendent sur 3 500 m2 et devraient profiter prochainement d'une extension de 500 m2. Elles sont alimentées directement en 2 Megawatts par la centrale nucléaire de Chinon pour une puissance de 2 kWA au m2. Les salles sont raccordées au réseau de InteRoute et au réseau optique Melis@ du département du Maine-et-Loire (49). Pour optimiser la climatisation, les machines y sont disposées de manière à créer des allées froides (en face avant) et des allées chaudes (en face arrière). Les châssis devraient d'autre part profiter prochainement de portes réfrigérées, issues de la recherche et développement du groupe Bull. Ekinops fondé par deux anciens d'Alcatel câbles sous marins Bull se classe aujourd'hui au 6ème rang français de l'infogérance avec un chiffre d'affaires 2007 de plus de 110 millions d'euros, en progression de 14 %. Quant à Ekinops, il a été fondé en 2003 par deux anciens ingénieurs d'Alcatel Submarine, François Xavier Ollivier et Jean-Luc Pamart. Six fonds d'investissement lui ont apporté, en deux fois, 21,5 millions d'euros d'amorçage. Outre Agarik, il équipe un nombre croissant d'opérateurs alternatifs, dont e-tera, Axione et Ecritel en France ainsi que les réseaux métropolitains de Global Crossing aux Etats-Unis.