Afrique : les pannes électriques perturbent les datacenters, les stations de base, et les PC
Des coupures de courant frappent le secteur des télécommunications en Afrique. Elles sont susceptibles de provoquer des répliques dans les industries connexes.
Les pays appartenant à la Communauté de développement de l'Afrique australe (Southern African Development Community,SADC) et les pays d'Afrique de l'Ouest font face à un nombre croissant de pénuries d'électricité. Elles affectent la capacité des opérateurs à faire fonctionner les stations de base, les centres de données, les ordinateurs et d'autres équipements informatiques. Les pénuries qui ont perturbé le Nigeria lundi, par exemple, ont réduit les services de MTN (opérateur sud-africain présent sur le sud et l'ouest du continent) et d'Etisalat (opérateur des Emirats, présent sur une bonne partie de l'Afrique). Ces pénuries ont également perturbé les secteurs de la banque et du voyage.
Les pénuries d'électricité persistantes ajoutent au coût élevé du business sur le continent, la plupart des opérateurs de téléphonie mobile et les prestataires en externalisation sont obligés d'utiliser des générateurs. Cela conduit les opérateurs à accroître les investissements dans les énergies renouvelables. Ces coupures de courant arrivent au moment où la région tente de convaincre les entreprises internationales d'investir dans le secteur des télécommunications, afin d'améliorer les communications, en particulier dans les zones rurales du continent.
30 pays confrontés à de telles pénuries
De nombreux gouvernements africains sont confrontés à ce défi de lever des fonds pour les investir dans la production d'électricité et soutenir la croissance du secteur des télécommunications. En France, l'ancien ministre Jean-Louis Borloo développe un projet en ce sens pour le continent africain. Selon un récent rapport de la Banque africaine de développement, plus de 30 pays africains sont maintenant confrontés à de telles pénuries d'électricité et à des interruptions régulières dans les services de télécommunications. Des pannes de courant fréquentes, explique le rapport, signifient des pertes commerciales et des équipements endommagés.
Le vice-président de la Nigerian Communications Commission, Eugene Juwah, explique que cette alimentation déficiente est l'une des causes directes de mauvaise qualité des services apportés par les opérateurs de téléphonie mobile. "La plus grande menace à la croissance des secteurs des télécommunications et des technologies de l'information est l'alimentation insuffisante", a déclaré Eugene Juwah. "Seule l'élimination de ce problème permettra d'éradiquer définitivement cette forme de dénis de service." Le Nigeria est le plus grand marché des télécommunications d'Afrique par l'investissement de ces opérateurs et en nombre d'abonnés, avec plus de 140 millions d'abonnés de téléphonie mobile.
Des relais télécoms inutilisables
Le ministre zambien des Communications et des Transports Yamfwa Mukanga a quant à lui déclaré que le manque de puissance du réseau national demeure un défi pour la réalisation du plan de déploiement des services de communication en zones rurales. Beaucoup de relais de communication, construits par le gouvernement zambien et le régulateur l'Autorité des Technologies de l'Information et de la Zambie (ZICTA) dans les zones rurales sont restées inutilisées en raison d'un manque de puissance électrique.
Le gouvernement zambien a contacté des entreprises chinoises pour construire de petites centrales hydroélectriques à travers le pays de manière à atténuer les insuffisances de la production d'électricité. Plusieurs experts en énergie accusent les gouvernements africains d'avoir omis de libéraliser le secteur de l'énergie, de la même façon qu'ils ont libéralisé le secteur des télécommunications ce qui a empêché l'investissement privé et de la concurrence sur ce secteur.
En illustration : Le régulateur nigérian veut éradiquer les perturbations électriques pour assurer le développement des télécoms