Affrontement autour de la TNT en Italie
La TNT fait polémique en Italie. L'autorité de régulation prévoit de favoriser les grandes chaînes, Rai et Mediaset, en leur attribuant davantage de fréquences qu'aux chaînes locales, pourtant nettement plus nombreuses. Sur 56 fréquences, seules 18 seront allouées aux petites chaînes.
(Source EuroTMT) En Italie, le passage au numérique a certes débouché sur la création de nouvelles chaînes de télévision, toutefois cette opération génère aussi des nouveaux conflits notamment en ce qui concerne la question du dividende. Le gouvernement du président du conseil Silvio Berlusconi et l'Agcom, l'autorité de régulation des communications, ont en effet opté pour une distribution gratuite des fréquences.
Une opération qui fait hurler l'opposition de centre-gauche qui crie au scandale en comptabilisant les milliards qui passent sous le nez de l'Etat. Par ailleurs, cette politique du tout gratuit jette aussi un nouveau pavé dans la mare de la discorde entre Sky et Mediaset, lew deux groupes de médias prêts à s'entretuer pour sauter dans le paquebot du numérique.
Dans ce contexte qui sent carrément le brûlé, le plan, peaufiné par l'Agcom pour expédier l'analogique dans le grenier, risque gros. D'autant que DGTV, l'association qui regroupe les gros poissons de la télévision italienne, à l'exemple de Rai et Mediaset, comme les petits, ne rate jamais l'occasion de tirer à bout portant sur la feuille de route de l'Agcom.
« Ce plan a été mis au point par des ingénieurs qui n'ont pas tenu compte de la situation réelle de la télévision italienne » estime Andrea Ambrogetti président de DGTV. « Le plan de distribution des fréquences va contre les lois en vigueur » renchérissent pour leur part FRT et Aeranti-Corralo, les deux associations des chaînes locales.
Du côté des télévisions locales, on se dit pénalisé par le plan concocté par l'Agcom qui donne moins d'espaces donc moins de visibilité aux petites chaînes. Pour preuve, ...
Crédits photo : D.R.
(Source EuroTMT)...affirment les deux associations, les petits networks situés dans le nord de l'Italie, en Lombardie, en Vénétie et à Emilie-Romagne, qui risquent de repartir les mains vides, vont devoir s'embarquer sur les multiplexeurs des télévisions comme Rai et Mediaset.
En Italie, la situation est complexe rétorque l'Agcom pour se défendre. Il existe effectivement 56 fréquences multiplexées disponibles. Or, les deux tiers de ces fréquences doivent être attribuées aux télévisions nationales selon la loi et un tiers aux 500 chaînes locales.
« Nos techniciens sont à pied d'oeuvre pour trouver une solution afin d'étendre la couverture actuellement trop étriquée » affirme l'Agcom. Une explication technique loin de satisfaire les revendications des petits poissons qui montrent, chiffres en main, que la politique du favoritisme appliquée aux grands networks va pénaliser l'ensemble du marché du numérique italien en créant un nouveau monopole.
Sur le papier, ce raisonnement tient bien la route car Mediaset et Rai pourront désormais transmettre leurs programmes sur quelque 30 chaînes numériques grâce à leurs cinq multiplexeurs et de doubler leur capital actuel.
Autre problème, la position du gouvernement qui souhaite favoriser encore une fois, son président du Conseil en pénalisant Sky. Le sous-secrétaire d'Etat aux communications veut en effet empêcher la plate-forme de Rupert Murdoch, de participer à la course aux cinq fréquences multiplexées imposée par l'Union européenne pour permettre aux nouvelles télévisions de s'insérer dans le panorama télévisuel italien.
Dans cette course au trésor qui ne fera pas tomber un kopeck dans l'escarcelle de l'Etat, les règles favorisent en effet Mediaset puisque la distribution se fera sur la base du curriculum des candidats. Autant dire qu'on connaît déjà la fin de l'histoire.
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