Adoption des télécoms IP en entreprise : l'état des lieux par l'intégrateur NextiraOne
C'est un monde des télécoms qui change que décrit NextiraOne. L'évolution n'a pas forcément lieu vers le Centrex IP ou les services MPLS des opérateurs. Une tendance à la ré-internalisation des télécoms se manifeste. Les communications unifiées sont encore très peu déployées.
A l'occasion de la présentation de ses revenus 2007, l'intégrateur de réseaux NextiraOne dresse le bilan de l'adoption des technologies de communication de nouvelle génération par les entreprises et leurs perspectives d'évolution pour 2008. Ses constats : le Centrex IP ne décolle pas ; la qualité de service sur certains réseaux MPLS d'opérateurs est si coûteuse que construire son propre réseau revient moins cher ; les communications unifiées n'en sont qu'à leur tout début et uniquement dans les grandes entreprises ; Quant à Microsoft, malgré ses ambitions, associé à Nortel, il n'aura conquis difficilement qu'un seul client - le conseil général des Pyrénées Orientales - en France en 2007 pour déployer de la téléphonie sur IP. La résistance au Centrex IP La téléphonie en mode Centrex IP n'aura donc pas séduit les entreprises. « Nous avons proposé du Centrex IP avec B3G comme partenaire. Nous avons cessé ce partenariat. Nous ne voyons pas de décollage de ce marché sur notre cible qui est les entreprises de plus de 50 personnes. Et, si le marché s'emballait pour les entreprises de taille plus petite, l'information serait connue, résume Foucault de la Rochère, directeur général de NextiraOne. La mutualisation du PABX IP entre plusieurs entreprises ne convainc pas. L'intégrateur avait pourtant réalisé une étude de marché avant de se lancer. Parmi les raisons de l'échec, il cite le manque de garantie de qualité de service des lignes DSL, et le fait que les entreprises n'acceptent pas une interruption du téléphone. En revanche, il existe un besoin en ce qui concerne l'hébergement des serveurs d'appels IP (équivalent du PABX) dédiés à une entreprise. Par exemple, « Les banques ont besoin d'assurer la disponibilité de leurs systèmes de téléphonie sur IP, et elles doublent ainsi leur serveur d'appels chez un infogérant». Une tendance à la réinternalisation Autre tendance : la ré-internalisation du réseau télécoms chez certaines entreprises. «Certains de nos clients estiment payer cher la qualité de service de leur réseau MPLS loué chez un opérateur, or dans le même temps, le coût des liens d'accès a beaucoup baissé - Neuf Cegetel est très agressif sur les prix - idem pour le prix des routeurs MPLS d'extrémité qui valent désormais le prix de routeurs classiques. On observe donc une tendance chez certaines entreprises à ré-internaliser l'infrastructure télécoms. Dans ce cadre, nous gérons les services, explique le directeur général. Cela revient alors moins cher que de louer un réseau auprès d'Orange. Le plus gros contrat de 2007 Etant donné que des entreprises préfèrent bâtir leurs propres réseaux télécoms, l'intégrateur a même créé une unité IP MPLS afin de proposer du conseil dans ce sens aux niveaux français et européen. Il a ainsi remporté le contrat de services télécoms - sans la partie trafic - le plus important de l'année 2007 dans ce secteur. Il s'agit du réseau Renar dont le coût s'élève à plusieurs dizaines de millions d'euros, et qui interconnectera en MPLS les aéroports français, ainsi que les stations radar. Les niveaux de services sont très tendus, avec un taux d'indisponibilité annuel minuscule. Dix huit prestataires avaient répondu en ce qui concerne la gestion des services dont CS, Télindus et Orange Business Service. Le déploiement concerne 400 sites et prendra trois ans. C'est Juniper Networks qui a été retenu pour l'infrastructure de routage MPLS. L'appel d'offres opérateur pour sa part, est en cours. Puisque NextiraOne monte en puissance sur la gestion des services télécoms, pourquoi ne devient-il pas un opérateur virtuel à la façon du britannique Vanco ? « Cela serait coûteux, car il faut investir dans les liens télécoms, répond Foucault de la Rochère. Optimiser le réseau télécom Autre prestation proposée par NextiraOne : surveiller et maîtriser la qualité de service. A l'heure où la ToIP se répand et que le téléphone emprunte le réseau MPLS des entreprises, et de manière générale avec la convergence entre les applications informatiques et la voix, la qualité de service offerte sur les liens des opérateurs est devenue critique et doit être vérifiée. « Les produits de type boîtiers de gestion des niveaux de service (SLA) comme ceux d'Ipanema ou de Streamcore ont du succès dans ce cadre car les entreprises veulent connaître et maîtriser le niveau de qualité de service, nous les gérons pour nos clients, ces boîtiers permettent également la compression afin de ternir les SLA, explique Foucault de la Rochère. Ceci afin de redonner le contrôle au client. Les communications unifiées émergent Par ailleurs, le sujet de tous les espoirs des téléphonistes ou des éditeurs de logiciels, concerne les communications unifiées. Elles n'en sont qu'à leurs débuts. « Dans les grandes entreprises, le taux de déploiement de la messagerie et de l'annuaire unifiés n'en est encore qu'à 5% à 10%, quant aux communications unifiées, qui utilisent un serveur de présence ou la messagerie instantanée, le taux est inférieur et très faible, reconnaît Anne Le Port, directrice du marketing de NextiraOne. Mais au fait, où en est-on de l'adoption de la ToIP ? « L'adoption de la ToIP concerne les grandes entreprises et les PME multi-sites où elle réduit les coûts, ce qui n'est pas le cas dans les PME mono site. Dans les grandes entreprises, 30% de nos clients sont en IP de bout en bout en ce qui concerne le téléphone, les autres ont des mélanges de technologies car différentes générations de téléphonie cohabitent, reprend Anne Le Port. « Dans les grandes entreprises, il n'y a plus de projets en ancienne technologie, complète Foucault de la Rochère. La vidéo surveillance égalera la téléphonie sur IP Autre marché en plein décollage, et qui devrait même « égaler celui de la téléphonie sur IP en 2009 » selon le directeur général, c'est celui de la vidéo surveillance sur IP. Les usages de la vidéo surveillance se multiplient. Partie des autoroutes (NextiraOne surveille ainsi plus d'un kilomètre d'autoroute sur deux), la vidéo IP a gagné la surveillance urbaine, et désormais intéresse les hôpitaux qu'il s'agisse de suivre les malades (Alzheimer) à risque dans leurs déplacements ou les matériels qui ne cessent de s'égarer comme les chariots. En 2007, NextiraOne a gagné un important contrat de télésurveillance de bâtiments de la Gendarmerie Nationale. Ce décollage de la vidéo sur IP nécessite une qualité de service ad hoc et une bande passante conséquente, de quoi encore faire évoluer les réseaux vers plus de performances. Au final, NextiraOne est très optimiste sur ses perspectives de développement et table sur une croissance à deux chiffres pour 2008 en France. L'intégrateur a réalisé 1,1 milliard d'euros de revenus en 2007 en Europe avec 100 000 clients entreprises, PME et grands comptes.