Adieu officiel aux vieilles versions d'Internet Explorer
Le navigateur web Internet Explorer va bénéficier de mises à jour automatisées. Cette procédure, que l'utilisateur pourra refuser, commencera à être déployée par Microsoft dans quelques semaines. Google le fait depuis 2008 avec Chrome et Mozilla le prépare pour Firefox pour avril 2012.
A partir de l'année prochaine, Microsoft modifiera le processus de mise à jour de son logiciel Internet Explorer (IE). La plus récente version du navigateur web pour Windows XP, Vista et Windows 7 s'installera automatiquement, sans passer par la notification (oui/non) proposée actuellement à l'utilisateur. Le concurrent Google agit de cette façon avec son navigateur Chrome depuis la sortie de celui-ci en 2008.
Le processus de mise à jour général de Windows, qui incite à passer à la version suivante, mais sans contrainte, sème une certaine confusion auprès des utilisateurs et ralentit la mise à jour des navigateurs, a expliqué Ryan Gabin, directeur général de l'activité IE chez Microsoft. Effectuer automatiquement l'opération constitue une approche plus sûre, selon lui. Le navigateur est une cible pour les attaques de malware, rappelle-t-il. « Sa mise à jour est très simple. Et les experts en sécurité sont unanimes sur la nécessité de porter les utilisateurs sur la toute dernière version ».
Le projet de Microsoft, qui débutera en janvier sur quelques zones géographiques avant de se généraliser, est salué par certains experts. « Les mises à jour automatisées sont une très bonne idée dans tous les domaines où je les ai vues, a indiqué Jeremiah Grossman, directeur technique et fondateur de White Hat Security, à nos confrères de Network World. « Garder les logiciels à jour, en particulier les navigateurs web, est critique pour la sécurité en ligne. Sachant cela, je suis content que Microsoft s'oriente vers un modèle d'automatisation, en particulier parce que leur approche va s'équilibrer avec celle des entreprises qui ont toujours besoin d'un mécanisme pour gérer les mises à jour ».
Toujours possible de revenir à une version antérieure
Wolfang Kandek, CTO de Qualys, apprécie lui aussi la démarche. Il fut de ceux qui ont, depuis 2009, pressé Microsoft d'instaurer ces évolutions « silencieuses ». « Je considère qu'il s'agit d'une reconnaissance du bon fonctionnement de l'automatisation, au moins pour un composant comme le navigateur », a-t-il indiqué à Computerworld. Chrome est le seul à le faire pour l'instant, Mozilla travaillant sur une direction similaire avec Firefox. Ce qui était prévu au départ pour Firefox 10 arrivera finalement avec Firefox 12, attendu pour le 24 avril 2012.
Néanmoins, le modèle de Microsoft diffère de ceux de Google et Mozilla dans la mesure où les entreprises conserveront un certain contrôle. De même que les utilisateurs individuels qui ont déjà refusé d'abandonner d'anciennes versions d'IE. L'évolution « silencieuse » ne concernera que les utilisateurs ayant opté pour cela dans le service Windows Update.
La nouvelle procédure démarrera avec l'Australie et le Brésil et sera progressivement étendue aux autres régions du monde. Même si Microsoft n'indique pas précisément le nombre de versions d'IE actuellement utilisées, Ryan Gavin reconnaît qu'il y en a quelques centaines de millions.
Uniquement pour les versions majeures
La dernière version, IE9, a été livrée en mars dernier. Selon Ryan Gavin, environ 35% des utilisateurs en disposent aux Etats-Unis. Tous les systèmes d'exploitation de Microsoft ne supportent pas exactement la même, mais l'objectif de Microsoft est de porter les utilisateurs vers la dernière version disponible sur chaque plateforme. L'éditeur indique qu'il prendra soin de ne pas changer les paramètres des utilisateurs dans l'opération, qu'il s'agisse de la page d'accueil, du moteur de recherche choisi ou du navigateur indiqué par défaut.
Le déroulement du processus ne devrait intervenir que lorsqu'une version majeure du navigateur sera disponible, ce qui ne devrait se produire qu'une à deux fois par an suivant le calendrier défini par Microsoft. Si, pour une raison ou une autre, l'utilisateur ne veut pas de cette procédure automatique, il lui est possible d'effectuer une modification dans le registre de Windows en recourant à l'Automatic Update Blocker Toolkit, explique encore Ryan Gavin, de Microsoft. Toutes les mises à jours peuvent être bloquées, à tout moment.
Ci-dessus, le Blocker Toolkit pour ceux qui ne voudraient pas de mise àjour automatisée
Microsoft souligne que la mise à jour ne sera pas automatique pour les clients qui ont refusé les précédentes installations d'IE8 et d'IE9 via Windows Update. Les prochaines versions d'IE proposeront une option pour les utilisateurs qui veulent se désengager de la procédure automatique.
A noter aussi qu'il sera aussi possible de désinstaller la mise à jour pour revenir à une mouture plus ancienne (fournie avec la version de Windows de l'utilisateur). Néanmoins, Ryan Gavin doute que beaucoup de gens veuillent le faire.
Ces changements pourraient concerner les utilisateurs individuels davantage que les entreprises, ces dernières exerçant des contrôles plus stricts sur les processus de mises à jour, rappelle le DG d'IE. Mais celles-ci devraient tout de même en tirer deux avantages. D'une part, de nombreux ordinateurs utilisés dans les bureaux ne sont pas nécessairement gérés par la IT. Disposer de la dernière version du navigateur comporte des avantages. Microsoft se défend toutefois de vouloir influer sur la façon dont les entreprises gèrent leurs mises à jour.
D'autre part, les développeurs web devraient aussi en profiter, l'éditeur accélérant ainsi le remplacement des vieilles versions d'IE (qui continueront malgré tout à être supportées par l'éditeur).