Adapter les centres informatiques aux serveurs virtualisés
La virtualisation massive des serveurs pose un défi aux systèmes de refroidissement des centres informatiques. Le déplacement des machines virtuelles déclenche des besoins localisés de refroidissement qu'il faut traiter à la volée.
Si l'adoption de la virtualisation réduit la facture globale d'électricité grâce à la réduction du nombre de serveurs nécessaires pour faire fonctionner plusieurs applications, en revanche, elle concourt à un phénomène préoccupant : l'accroissement de l'énergie consommée au m2. "Un client moyen consommait 500 Watts au m2, il y a dix ans, depuis, cette consommation a été multipliée par cinq, constate Fabrice Coquio, directeur de l'hébergeur Interxion. Et pour l'entreprise, le coût de l'énergie a grimpé de 10% de sa facture d'hébergement, à 20% ou 25%. La tendance n'est pas prête de s'inverser. Les machines sont de plus en plus puissantes et gourmandes en énergie. "On commence à atteindre les limites. Même avec un investissement conséquent, il sera impossible de concentrer la puissance électrique d'une ville dans un bâtiment de 10 000 mètres carrés, prévient Fabrice Coquio. Et qui dit plus de consommation électrique dit plus de chaleur et donc la nécessité d'un refroidissement supérieur. Souci supplémentaire : les machines virtuelles peuvent être déplacées d'un serveur à un autre. La consommation électrique et la génération de chaleur évoluent donc dynamiquement dans les salles. Moduler les capacités de refroidissement, selon les besoins, devient nécessaire. Un fournisseur d'alimentations protégées tel qu'APC propose le couplage de la source de chaleur à la climatisation. On raccourcit le chemin nécessaire à l'air froid pour atteindre les serveurs et on évite les mélanges entre air chaud et air froid. Stéphane Duproz, directeur de l'hébergeur TelecityGroup, confirme que la climatisation ... ... est un enjeu majeur. « On considère que pour 1 kW consommé par les machines des clients, 1 kW est consommé par l'installation, principalement pour la climatisation ». Le remède ? « Une climatisation de nouvelle technologie, le relèvement de la température de soufflage, et l'optimisation des flux d'air froid ». L'efficacité peut ainsi être améliorée de 20% à 25%. L'hébergeur Internet.fr, pour sa part, a retenu le principe de la baie auto-réfrigérée pour son centre de Massy, construit en 2007. « Quand il y a des variations importantes de température, cela implique des variations conséquentes pour la climatisation. Jadis, on plaçait la climatisation soit en faux plancher soit en faux plafond, et on traitait l'ensemble de la pièce. Certaines lames, en fin de circuit, étaient donc refroidies avec un air réchauffé par les autres lames, décrit Dominique Morvan, directeur d'internet.fr. A Massy, les baies sont jointives avec une propulsion d'air froid lame par lame, l'air étant refroidi étage par étage grâce à un système à base d'eau glacée. C'est le principe du 'à chacun selon ses besoins'. De plus, l'air récupéré est recyclé pour n'être refroidi que de ce qui est nécessaire avant d'être réinjecté dans le circuit. Autre cas, la banque Barclay's mise sur la technologie Dynamic Smart Cooling de HP afin de mieux diffuser la climatisation de son nouveau centre informatique de Gloucester (Grande Bretagne), et d'économiser 13% d'énergie. Mais pour une entreprise, transformer sa salle informatique selon ces nouvelles règles constitue un investissement important, et certaines y renoncent. "Cela entraîne une vague vers l'externalisation, termine Fabrice Coquio.