Accès internet en France : deux opérateurs gagnants et deux perdants
Free et Orange s'essouflent dans le recrutement d'abonnés à l'accès internet à haut débit. Bouygues Telecom et SFR tirent leur épingle du jeu sur les derniers mois. Il y a plusieurs explications à cette situation inattendue.
(Source EuroTMT) Deux gagnants et deux perdants : telle pourrait être la leçon des résultats commerciaux enregistrés par les quatre principaux opérateurs français lors du premier semestre 2009. Côté gagnants : SFR et Bouygues Telecom. Ce dernier semble en effet, malgré bien des doutes, avoir réussi à prendre pied sur le marché de l'accès à internet en haut débit ADSL avec sa BBox. Quant à France Télécom et, surtout, à Iliad ils sont, eux, clairement à la peine. Iliad surtout paraît être, aujourd'hui, dans une situation complexe. Au cours du deuxième trimestre, Iliad, maison-mère de Free, a vu le recrutement d'abonnés sous sa marque amirale Free ne s'élever qu'à 58 000 nouveaux clients. Sa marque Alice, elle a continué pour sa part à perdre des clients (24 000 de perdus entre avril et juin). Pour expliquer cette contreperformance notable, Iliad a pointé du doigt l'offensive commerciale lancée par Bouygues Telecom. Certes, Bouygues, troisième opérateur mobile français, a mis le paquet pour vendre sa BBox et son nouveau forfait quadruple-play . L'opérateur a indiqué avoir activé 55 000 BBox au cours du deuxième trimestre de 2009, portant son parc total d'abonnés ADSL à 84 000 clients. Et le rythme de recrutement ne semble pas ... Photo : la BBox et les forfaits quadruple play de Bouygues Télécom dopent l'activité de l'opérateur sur les 6 premiers de 2009. ... s'essouffler, puisque l'opérateur annonçait 125 000 abonnés au 21 août dernier. Mais on aurait alors pu s'attendre à ce que les désabonnements chez Alice (qui propose une offre de téléphonie mobile moins intéressante que la BBox) s'accélèrent aussi, ce qui n'a pas été le cas . Au premier trimestre, Alice avait perdu 30 000 abonnés (contre 24 000 sur les trois mois suivants). Si l'effet BBox est certainement à prendre en compte, d'autres explications sont nécessaires pour comprendre l'effondrement des recrutements de Free. Opérateur ciblant les jeunes urbains primo-accédants et les clients intéressés par une offre à petit prix, Iliad a peut-être épuisé une grande partie de ce vivier. D'autant qu'il n'est plus seul sur ce créneau, Bouygues Télécom et son offre quadruple-play vise sensiblement la même clientèle. De plus, sur le terrain des prix, SFR, depuis le rebranding de l'offre Neuf Cegetel il y a un an, a fait des gros efforts et se revendique comme le fournisseur d'accès à internet (FAI) le moins cher. Enfin, Iliad est confronté à un autre problème pour élargir sa cible commerciale : l'absence d'un réseau de distribution physique. Comme en téléphonie mobile, cet élément devient crucial dans le choix d'un FAI par des futurs abonnés, un peu effrayés par la mauvaise réputation qui a longtemps traîné aux basques des opérateurs Internet, en raison des défaillances chroniques de leurs centres d'appels. D'ailleurs depuis que Neuf Cegetel a été complètement intégré dans SFR et que les boutiques SFR vendent du haut débit fixe, l'opérateur a vu les prises d'abonnements redécoller et se maintenir à des niveaux élevés. SFR est déjà devant Free en termes de recrutement net au dernier trimestre 2008 et au premier trimestre 2009, il se paie même le luxe de doubler Orange, le leader du marché, au deuxième trimestre ! SFR, deuxiième opérateur tricolore, a ainsi engrangé 112 000 clients entre avril et juin, contre 91 000 pour France Télécom. Alors que la plupart des observateurs étaient sceptiques sur la capacité de SFR à relancer commercialement l'offre de haut débit de Neuf Cegetel, l'opérateur démontre qu'il y avait bien une place possible entre les Orange et Free. Pour Orange, la forte baisse du niveau des recrutements est expliquée par la différenciation de prix avec les principaux concurrents. Mais en ces temps économiques difficiles, l'opérateur, qui recrute essentiellement en province, a pu aussi être victime de la montée du chômage. Il est possible aussi qu'il ait levé le pied en matière de recrutement pour diminuer ses coûts et maintenir ses marges.