Accalmie dans la guerre de la 4G en Grande-Bretagne
(Source EuroTMT) Après des mois d'imbroglio, les dossiers du LTE (le réseau cellulaire 4G) et du dividende numérique viennent, enfin, de sortir apparemment de l'impasse en Grande-Bretagne. Cette sortie pourrait toutefois n'être que provisoire, tant aucun des problèmes soulevés par les différents opérateurs n'a reçu, pour le moment, de réponse satisfaisante.
Cela n'a pas empêché Ed Vaizey, le ministre anglais des communications, de féliciter l'opérateur mobile Everything Everywhere (c'est l'opérateur qui est issu de la fusion entre les filiales mobiles de Orange et de T-Mobile en Grande Bretagne) d'avoir pris la bonne décision en permettant au gouvernement de pouvoir faire voter par le parlement le projet de loi très attendu sur la gestion du spectre.
Everything Everywhere est en effet devenu le principal opérateur mobile en Grande Bretagne et il était à l'origine de l'enlisement du dossier en raison de la plainte qu'il menaçait de déposer contre le projet de loi s'il était voté tel quel.
Prévu pour être voté durant l'été 2010, ce projet avait donc dû être retiré du calendrier parlementaire. Mais mardi 2 novembre, l'opérateur mobile a annoncé sa décision de ne plus porter plainte, sans véritablement s'expliquer sur ses raisons.
Et le gouvernement a aussitôt indiqué que le projet de loi pourrait maintenant être voté avant la fin de l'année. Que reprochait Everything Everywhere au projet de loi ? Principalement l'absence d'une clause qui soit limite la capacité d'acquisition des « fréquences en or » du dividende numérique par les opérateurs mobiles qui détiennent déjà des fréquences dans la bande des 900 MHz soit oblige ces mêmes opérateurs à ...
Photo : Ed Vaizey, ministre anglais des communications (D.R.)
(Source EuroTMT) ... rendre une partie de ces fréquences pour pouvoir acquérir celles de la bande des 800 MHz.
Car, lors de l'attribution des premières licences GSM au début de la décennie précédente, les deux premiers opérateurs mobiles créés en Grande-Bretagne, O2 UK (l'ex filiale de BT acquise depuis par Telefonica) et Vodafone, s'étaient en effet répartis les fréquences de la bande 900 MHz, et les autres opérateurs mobiles avaient dû se contenter des fréquences au delà de 1 GHz.
Si cette répartition ne posait pas de problème tant que les services de données étaient inexistants ou peu développés, la situation a évidemment changé avec l'explosion du marché des smartphones et autres terminaux nomades connectés (netbooks, tablettes multimédia, ...). Plus les fréquences sont élevées, plus le coût de déploiement et de gestion du réseau sont élevés.
De plus, la Commission européenne a émis, l'an dernier, une directive sur la neutralité technologique du spectre. Cette directive doit permettre aux opérateurs disposant de fréquences dans les 900 MHz, autrefois allouées au GSM, de les utiliser désormais pour la 3G, et ultérieurement pour la 4G.
Face à une telle évolution, les opérateurs concurrents de Vodafone et O2, tels que l'opérateur franco-allemand ou 3UK, ont demandé à l'Ofcom de réorganiser le spectre avant d'autoriser la bande des deux (Vodafone et O2) à lancer des services de données dans les 900 MHz.
C'est ce que tente de faire le régulateur britannique depuis plusieurs années, tentative vaine jusqu'à présent puisque O2 et Vodafone refusent de céder la moindre fréquence. D'où le blocage intervenu cet été alors que le gouvernement britannique devrait transposer dans le droit national la directive européenne tout en organisant la répartition des fréquences issues du dividende numérique entre l'audiovisuel et les télécoms.
En levant sa menace de plainte, Everything Everywhere va donc permettre au projet de loi d'être voté, mais le problème reste entier. C'est l'Ofcom qui devra en effet décider des modalités pratiques de l'attribution des fréquences 800 MHz. Cette opération est prévue maintenant pour le début de 2012. Et si aucun accord n'est trouvé entre l'autorité de régulation et les opérateurs mobiles, il existe de fortes probabilités pour que certains aient recours aux tribunaux pour obtenir gain de cause.