5G en toute sécurité pour la SNCF à Nantes
En partenariat avec SFR, la SNCF expérimente depuis un an la 5G à Nantes. Outre un accroissement des débits, cette connectivité ne se fera pas sans cybersécurité.
En 2019, la SNCF a lancé une expérimentation avec Altice (SFR) pour tester la 5G en extérieur. Lors d'un débat organisé durant la conférence LaRefNumérique, le 10 novembre, sur les perspectives de la 5G pour les entreprises, Sébastien Kaiser, directeur Connectivité & Réseaux, a dressé un premier bilan de cette expérience. « L'objet de cette expérimentation était de comprendre et d'anticiper dès à présent les services qui pourraient être proposés aux clients, aux usagers et aux collaborateurs, mais aussi à l'appareil industriel », explique celui-ci en introduction. « Nous avons fait des tests de débits en gare et dans les souterrains, avec des résultats probants. En download, nous avons eu 700-800 Mb/s disponibles, et jusqu'à 500 Mb/s dans les souterrains. En upload, nous sommes montés à 70 Mb/s, ce qui est là aussi un bon niveau. »
Selon Sébastien Kaiser, la 5G permet de penser des usages un peu différents : pour le grand public, il s'agit par exemple de télécharger de grandes quantités de données dans la gare, pour pouvoir ensuite regarder une série durant le voyage en évitant de solliciter le Wi-Fi des trains. La 5G peut également supporter de nouveaux services dans un contexte multiculturel, comme une interaction vidéo avec une traduction simultanée. « Quand on pense des nouveaux services avec les clients, il est important de bâtir une relation de confiance », précise Sébastien Kaiser. « L'outil numérique ne doit pas être un frein. Dans le cas de la traduction simultanée, avec la 4G il persiste un décalage par exemple, tandis que la 5G assure une expérience parfaitement fluide. » Autre usage potentiel évoqué, celui de la sécurité. « La 5G pourrait contribuer à la sécurité en cas de situation perturbée, par exemple en apportant des caméras pour observer une scène et se coordonner avec la police ferroviaire et les forces de l'ordre, là où la fibre n'est pas disponible. Elle autorise par exemple une capture vidéo de qualité en temps réel, chose quasi impossible avec la 4G », souligne Sébastien Kaiser.
Les apports d'une 5G industrielle
Pour le directeur Connectivité & Réseaux, « il ne faut pas acheter comptant une technologie, il est essentiel de la tester et de vérifier sur pièce. » Pour chaque expérimentation, la SNCF travaille avec différents acteurs afin de vérifier l'ensemble des paramètres. Parmi ceux-ci, l'ANFR (Agence nationale des fréquences) ou encore l'ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information). « En termes de cybersécurité, le sujet doit être traité avec le plus grand sérieux, d'autant qu'avec la 5G la surface d'exposition de l'entreprise augmente », insiste Sébastien Kaiser. Pour lui, il faut également s'assurer que les moyens employés assurent à la France sa souveraineté. Avec ses partenaires, la SNCF étudie aussi le facteur environnemental. L'entreprise mène d'ailleurs des projets en parallèle, par exemple sur des matériaux pour faire rebondir le signal sans amplification, dans une optique de flexibilité, mais aussi pour réduire au maximum son empreinte.
Pour Sébastien Kaiser, « la connectivité est un facteur de compétitivité en France : sans elle, l'outil numérique ne sert à rien. » Dans le cas d'usages industriels, il estime qu'elle permet de réduire le temps de mise en oeuvre et de gagner en flexibilité de la chaîne de production, tout en tendant vers un coût marginal. S'il s'agit de faire mieux, il s'agit aussi de faire différemment, en imaginant de nouveaux services. Dans cette optique, il est impossible pour le directeur Connectivité & Réseaux de penser la chaîne de la 5G seule. « C'est un système où il faut étudier les avantages et les faiblesses de chaque modèle ». Ce travail doit se faire de façon collaborative. « C'est tout l'écosystème qu'il faut prendre en compte pour arbitrer. Il est important d'apprendre ensemble, avec les partenaires. Dans le cadre de la 5G, avec l'apport de la virtualisation et des services tournés vers les entreprises, les opérateurs télécoms ont besoin d'aide pour comprendre et définir ces services, tandis que les entreprises ont besoin de travailler avec eux pour déterminer la valeur de ceux-ci, comprendre le modèle d'affaires et la sécurité », souligne Sébastien Kaiser.