3 concurrents de BT le critiquent pour position dominante sur le haut débit
Trois patrons de trois grands opérateurs britanniques, ceux de Vodafone, Sky (*)et TalkTalk partent en guerre contre BT. Ils veulent que le dossier du très haut débit soit arbitré non plus par le régulateur des télécoms, l'Ofcom, mais par l'Autorité de la concurrence, le CMA (**).
Le rôle d'Openreach, filiale de BT chargée d'installer le futur réseau haut débit en Grande-Bretagne est au centre d'une nouvelle bataille. L'affaire n'est pas nouvelle, la neutralité de BT est mise en cause par ses concurrents, l'opérateur étant à la fois propriétaire et locataire (comme ses concurrents) de cette entité. Cette fois, ce sont trois concurrents de BT, Vodafone, Sky et TalkTalk rejoints par des dirigeants d'associations professionnelles (***) qui montent au créneau dans une lettre ouverte publiée ce matin par le Financial Times.
La lettre relève « un besoin urgent d'une concurrence accrue afin que les fournisseurs alternatifs soient encouragés à investir et à innover pour résoudre les défis à venir. Ceux-ci incluent l'investissement pour offrir une couverture à large bande dans les zones difficiles à atteindre, une meilleure qualité de service et de fiabilité, des offres haut débit appropriées pour les PME anglaises et de nouveaux services à haut débit ultra-rapides ». Le marché du haut débit actuel ne favorise pas assez la concurrence et donc les consommateurs ou la clientèle des entreprises et des professionnels, en particulier dans les zones peu denses. C'est pourquoi plusieurs associations d'entreprises ou de télétravailleurs ont rejoint les 3 signataires, plusieurs parlementaires de ces zones peu denses relaient au Parlement les inquiétudes de leurs concitoyens et des petites entreprises mal desservies ou avec une mauvaise qualité de service.
Contourner l'Ofcom
Les signataires soulignent le conflit d'intérêt où s'est placé BT, la mauvaise qualité du service à la clientèle et les difficultés à faire appliquer le régime règlementaire existant. Point d'orgue de ce libelle, ils expliquent que l'Ofcom n'a pas de pouvoirs suffisants sur le dossier du très haut débit. Au mois de juillet dernier, l'Ofcom, après une consultation, suggérait qu'Openreach soit séparé de BT. Les signataires de la Lettre ouverte reprennent d'ailleurs certaines observations de cette consultation. Mais ils veulent beaucoup plus. Ils demandent à l'Ofcom qu'elle commande une étude de marché complète à la CMA. Ils ne pensent pas que le cadre règlementaire actuel de l'Ofcom permette de résoudre les problèmes qu'ils ont identifiés. C'est pourquoi ils se retournent vers l'Autorité de la concurrence.
L'autre solution pourrait venir d'une cession d'Openreach par BT. Ce que le dg d'Openreach, Joe Garner, a exclu et qualifié « d'énorme erreur ». Sky a répliqué en souhaitant participer au financement du programme haut débit si OpenReach était séparé de BT. L'autre débat concerne la technologie, BT est rivé sur le G-Fast alors que ses équivalents en Europe continentale vont vers la fibre optique, plus fiable et plus pérenne. Elle est aussi plus adaptée aux gros consommateurs que sont les sociétés audiovisuelles et la production vidéo où la Grande-Bretagne compte de puissants acteurs. Derrière le débat règlementaire et économique se profile une question technologique.
(*) Sky est un opérateur de télévision privé, c'est le Canal+ anglais, mais BT est aussi actif dans la télévision et par exemple les droits du sport.
(**) Ofcom, Federal Office of Communications, équivalent de notre Arcep, CMA, Competition and Markets Authority, équivalent de notre Autorité de la concurrence.
(***) Federation of Communication Services, FCS, Independant Networks cooperative association, INCA, Institute of directors and the association of independant professionals and the self employed.
En illustration : Openreach, filiale de BT, déploie du G Fast et non pas de la fibre optique