Windows arrive en bout de course, selon Gartner
Le modèle du système d'expoitation tel qu'il est défendu par Microsoft devient intenable, estiment deux analystes du Gartner. Le succès de la virtualisation et l'arrivée des applications indépendantes du système d'exploitation menacent Windows.
Deux analystes de Gartner, Michael Silver et Neil MacDonald, ont lâché la bombe : « Windows s'effondre ». S'exprimant dans le cadre du Symposium Itxpo, cycle de conférences ouvert aux clients de Gartner, les analystes expliquent que Microsoft doit faire évoluer Windows de façon radicale, « pour le bien des clients, des éditeurs, et celui de Microsoft ». Sept ans pour passer de Windows 2000 à Vista Selon Gartner, si Microsoft ne veut pas que son système d'exploitation devienne un has been, il doit considérer qu'il s'agit de « la fin de Windows tel qu'on le connaît ». Ils ont ainsi pointé de gros soucis auxquels Microsoft fait face. D'abord, la croissance du nombre de lignes de code. Elle enlève à Microsoft toute réactivité. Gartner note qu'il a fallu 7 ans pour passer de Windows 2000 à Vista, soit deux fois plus que pour passer de NT 4 à 2000. Et à chaque fois, le nombre de lignes de code a à peu près doublé. Selon les analystes, si l'éditeur est revenu au code de Windows Server 2003 comme base pour Vista c'est parce qu'il était lassé par le peu de progrès réalisés lors du développement de Vista. Des gains trop faibles pour Vista « C'est en grande partie pourquoi Windows Vista a surtout proposé des améliorations incrémentales .» Du coup, « la plupart des utilisateurs ne comprennent pas quels bénéfices apporte Vista, ou ne voient pas pourquoi ils feraient l'effort de migrer depuis XP ». Ensuite, Windows n'a pas suffisamment gagné en modularité ... Photo : Steve Balmer, PDG de Microsoft, lors du lancement de Vista, le début de la fin pour Windows ? ... pour satisfaire les exigences d'une industrie qui va de plus en plus vite, et multiplie les types de clients et de besoins. « Windows a été ré-architecturé en plus de 50 couches, précisent les analystes. [.] Mais, « Vista est loin d'être suffisamment modulaire pour permettre de soustraire ou de remplacer des éléments pour le faire tourner sur des équipements plus petits et rester en phase avec les besoins en constante évolution de l'industrie. » Une offre inadaptée aux besoins actuels Ainsi, Microsoft a dû prolonger la vie de XP pour les PC portables à bas coût. Et de noter qu'il existe certes un Windows Mobile, mais qu'il n'offre pas une expérience utilisateur très satisfaisante, comparée à la façon dont Apple a su porter MacOS X sur son iPhone. Cette modularité insuffisante représente aussi un handicap sur le marché des serveurs. Ceux-ci deviennent de plus en plus spécialisés, ont poursuivi les analystes. Pour eux, les besoins des serveurs évoluent dans des directions différentes, « dont certaines créent de nouveaux conflits intéressants ». Des systèmes d'exploitation différenciés Ainsi, certains besoins comme la virtualisation demandent un système d'exploitation réduit à sa plus simple expression, tandis que les applications de gestion peuvent demander au contraire des systèmes d'exploitation pourvus de nombreuses fonctionnalités. Il y a eu par le passé un mouvement de balancier, selon que l'emphase ... ... était mise sur la centralisation ou sur les PC. Gartner estime qu'aucun de ces modèles ne dominera. « Nous pensons que chaque architecture sera déployée en fonction de sa capacité à répondre à un besoin précis. [.] Microsoft estime qu'il peut s'appuyer sur le coeur de Windows, et le packager de différentes façons pour satisfaire ces différentes architectures. » Un grand poids du à l'héritage Microsoft a engagé ce processus de refonte en profondeur, toutefois il doit faire vite, ont prévenu les analystes. Web et clients riches aidant, les applications développées spécifiquement pour un système d'exploitation laissent en effet peu à peu leur place aux applications agnostiques par rapport au système d'exploitation. Le point d'équilibre sera atteint dès 2011, selon Gartner. Certes, le nombre d'applications écrites pour Windows est tel qu'il gardera un grand poids ; cependant, ont ajouté Michael Silver et Neil MacDonald, ce problème d'héritage pourra être résolu par le biais de la virtualisation. Windows aura du mal à être concurrentiel Les analystes ont également noté d'autres problèmes, comme la lourdeur des migrations, la difficulté à gérer plusieurs utilisateurs sur un système d'exploitation ou la politique de licence guère en phase avec les nouveaux usages. Et de conclure que « dans sa forme actuelle, Windows aura à terme des problèmes pour être concurrentiel dans un environnement de machines de divers types et d'applications Web très fonctionnelles ». Au final, les analystes encouragent donc les entreprises à surveiller la feuille de route de Windows, et à évaluer dès maintenant quelles applications dans leur infrastructure pourraient être considérées comme indépendantes du système d'exploitation et tirer profit de la virtualisation.