Quel avenir pour Juniper, après les rapprochements Cisco/Ericsson et Nokia/Alcatel-Lucent ?
Ericsson et Nokia ont engagé des rapprochements qui obligent leurs concurrents à revoir leurs positions. Juniper paraît le plus isolé, mais dispose aussi d'arguments pour rassurer ses clients.
A peine Ericsson et Cisco avaient-ils annoncé lundi dernier, leur partenariat stratégique, que les actions de Juniper Networks ont chuté de plus de 8%. Ericsson et Cisco venaient rendu publique leur accord de revente de brevets, de manière à répondre aux besoins actuels et futurs des fournisseurs de services et des entreprises.
Ericsson et Juniper ont une longue histoire commune. Ericsson est un investisseur de départ de Juniper, lorsque la société a débuté dans les routeurs, il y a près de 20 ans. Les deux sociétés ont également conclu un accord de développement conjoint en 2000 pour la production d'un noeud de routage pour les opérateurs de téléphonie mobile et ont conclu un accord de distribution autour de ce produit.
Beaucoup estiment qu'Ericsson pourrait acquérir Juniper après que Nokia a annoncé au mois d'avril, l'acquisition d'Alcatel-Lucent. Cette acquisition, jusqu'alors hypothétique, est entrée dans les faits. Du coup, le partenariat de longue date entre Ericsson et Juniper semble tomber à l'eau, tout comme celui le liant à Nokia pour la distribution. Juniper paraît bloqués sur son île, alors que ses partenaires se rallient un à un à ses principaux rivaux pour aborder la prochaine génération de réseaux.
Des arguments classiques
Juniper officiellement ne se laisse pas impressionner et évalue l'accord récent Ericsson / Cisco. La société emploie des arguments classiques : sa stratégie pour résoudre plus facilement les problèmes de mise en réseau de ses clients n'a pas changé, sa feuille de route est forte et stratégiquement diversifiée, elle s'engage à innover sur la performance, l'automatisation et la meilleure façon d'aider les clients.
Quant à l'accord signé entre Cisco et Ericsson, c'est le dernier d'une série de partenariats entre les deux sociétés. En 2004, elles ont passé un accord pluriannuel pour vendre conjointement des équipements d'infrastructure IP pour les opérateurs télécoms. Une alliance qui combine les routeurs de coeur de réseau de Cisco et ses commutateurs avec la gamme de softswitch d'Ericsson. En 1996, Cisco et Ericsson annonçaient une autre alliance, destinée à collaborer sur le développement et l'exploration de services Internet sans fil. Les résultats de cette collaboration sont à oublier, à tel point que Cisco s'est allié sur le même sujet avec Motorola en 1999.
Les analystes disent que Juniper dispose d'arguments. Par exemple, convaincre ses clients de la durée de vie limitée des partenariats, les priorités peuvent changer entre signataires, on pense à VCE. «Juniper doit souligner que l'alliance Cisco / Ericsson peut toujours s'effilocher du fait de changements de priorité chez l'un ou l'autre des partenaires » selon Ron Westfall, directeur de recherche pour l'infrastructure chez Current Analysis. "De même, Juniper a besoin d'affirmer que l'acquisition par Nokia d'Alcatel-Lucent ne les empêchera pas de travailler avec l'opérateur Nokia."
Existe-t-il des partenaires possibles ?
Quant à une fusion ou à un partenariat étroit avec un autre titan du secteur... existe-t-il des partenaires possibles pour Juniper ? Les chinois Huawei ou ZTE présentent un risque pour la sécurité nationale.
"Dans l'ensemble, Juniper gagnerait à imiter la stratégie de Cisco consistant à réduire les coûts et les maux de tête associés à l'intégration des principaux fournisseurs d'infrastructure. Il poursuit des alliances solides de distribution incluant des accords de droits de licence, permettant de démontrer des objectifs d'engagement à long terme», souligne Ron Westfall. "Sinon, Juniper risque d'acheter des acteurs de niche dans l'infrastructure, tels que Adtran, Arris, Ciena ou Coriant avec peu ou pas de perspective de création d'un portefeuille complet apte à contrer Cisco, Ericsson, Huawei et Nokia.
" Juniper ferait finalement mieux de fusionner avec un fournisseur de logiciels et de services tel que Amdocs ou Oracle qui ont l'expérience des acquisitions comme Tekelec et Acme Packet. Cela permettrait de renforcer sa proposition SDN / NFV, y compris par l'adoption de plates-formes d'orchestration de réseau et de service ainsi que l'intégration en natif, de manière éprouvée et largement déployée, du routage et de l'intelligence IP avec des plateformes Internet Business comme OSS / BSS et Telco Analytics, toujours selon Ron Westfall.
En photo : Rami Rahim, CEO de Juniper, a vu sa société sanctionnée en bourse après l'accord Cisco/Ericsson