Pourquoi la stratégie anti iPad de Microsoft est une erreur
Microsoft semble penser que pour que Windows survive, il faut que l'iPad perde. C'est une erreur à l'heure où Apple a vendu 70 millions de tablettes.
Microsoft a enclenché la contre attaque avec Windows 8 pour tablettes à base de processeurs Intel, et Windows RT pour les tablettes à base de processeurs ARM. Mais au-delà, Microsoft tente d'isoler l'IPad en décourageant l'accès à sa suite bureautique Office en imposant des redevances de virtualisation du poste de travail.
De son côté, Apple a lancé une version iPad de sa bureautique iWork. Une petite société a emboîté le pas, Quickoffice, créant le porte étendard d'une suite cross-plateforme mobile compatible avec Office. Mais il n'existe pas d'Office de Microsoft pour iPad. Il n'y a pas non plus de client SharePoint, et la version Cloud de Office 365 ne fonctionne pas sur iPad.
Devant cette attitude protectrice de Microsoft, des prestataires comme CloudOn ont développé des services Office que les utilisateurs iPad peuvent accéder afin d'avoir toutes les caractéristiques de Office. Des entrepreneurs comme Daniel Gomez et Harmon.ie ont aussi développé des clients SharePoint pour iPad.
Illustration D.R.
Mais il faut l'admettre, si Microsoft proposait des versions de qualité d'Office et de SharePoint pour l'iPad, il détiendrait le marché des outils de bureautique pour iPad en un éclair. Il n'est plus réaliste d'imaginer que Windows détienne la totalité du marché des systèmes d'exploitation pour tous les terminaux. Microsoft risque de transformer ses outils Office et SharePoint comme étant liés exclusivement à Windows, dans un scénario où Windows n'est plus le système dominant.
Avec du temps, iWork de Apple et Quickoffice peuvent devenir de sérieux concurrents, ou même le projet Open Source LibreOffice. Windows 8 en outre collectionne les avis mitigés. Idem pour Office sous Windows 8 RT. Tout cela pourrait amener les utilisateurs de l'iPad et d'Androïd à penser qu'il existe une vie sans Office ou SharePoint.
Porter ces produits sous iOs, OS X et Android, donnerait à Microsoft la domination des outils de productivité sur la plupart de plateformes du marché. En d'autres termes, l'iPad pourrait bénéficier à Microsoft. La clé est que Microsoft se repense en tant qu'entreprise d'outils de productivité plutôt qu'en tant que fournisseur de système d'exploitation.
C'est un vieux débat pour la société mais toujours d'actualité. Entre temps, Apple a retiré le mot « Computer » de sa marque pour devenir une entreprise de divertissements et d'applications qui fabrique et vend aussi des ordinateurs. Il serait temps que Microsoft se réinvente.