NextiraOne France repris par Butler Industries, qui cible d'autres intégrateurs réseaux
Les 1387 collaborateurs de NextiraOne France ont vécu des années douloureuses, mais l'intégralité de l'entreprise est aujourd'hui sauvée. Si Dimension Data n'a pas souhaité donner suite à son projet de rachat, le fonds Butler Industries reprend l'intégralité du personnel et des structures de l'intégrateur réseau et télécoms.
C'est une procédure juridique exceptionnelle qui est utilisée cet après-midi au Tribunal de commerce de Paris. Celle du pré-packagé. Une formule introduite par l'ordonnance du 12 mars 2014, entrée en service le 1er juillet suivant. Elle vise à simplifier le droit de l'entreprise en difficulté, en réduisant les procédures. NextiraOne France en bénéficie. Son directeur général Philippe Hedde arrive au Tribunal de commerce avec un repreneur, le fonds Butler Industries (*). La solution étant préparée par les deux parties, au plus grand bénéfice de l'entreprise en difficulté, le Tribunal peut donner son aval sans délai et sans condition. Tous les salariés et toutes les structures sont repris.
NextiraOne revient de loin. « Mais quelle satisfaction pour nos salariés de voir que l'intégralité du personnel et des structures est, non seulement maintenue, mais va être développée, souligne Philippe Hedde. Butler l'a démontré en accompagnant pendant des années des entreprises comme Osiatis et A Novo ». Le dernier épisode fut épique. L'intégrateur mondial DimensionData, filiale de l'opérateur japonais NTT, a racheté en février 2014 toutes les filiales européennes de NextiraOne. Toutes, sauf la France et l'Italie, jugées moins performantes que les autres. Elles avaient un délai, du 1er juillet 2014 au 1er juillet 2015, pour redresser la barre. Match perdu pour les italiens. Gagné pour la France. Philipe Hedde affiche 3% d'Ebitda et une croissance de 5% pour les quatre premiers mois de 2015. Malgré cela, DimensionData qui avait prévu de reprendre les deux entreprises ou aucune, n'en a finalement repris aucune.
Une alternative anticipée
Philippe Hedde et son équipe avaient anticipé cette éventualité et recherché une alternative. « Parmi toutes celles que nous avons analysé, une s'est détachée celle de Butler Industries, ils répondaient à notre volonté de trouver un investisseur capable de nous accompagner, c'est-à-dire d'investir et d'être à nos côtés sur plusieurs années. Ils n'ont pas fixé d'horizon pour leur maintien à notre capital et ne formulent aucune exigence de cession ou de remodelage d'activité ».
Le personnel, après un comité central extraordinaire vendredi dernier, une consultation vendredi prochain le 5, et demain l'information du personnel, ne devrait donc présenter aucune difficulté. Toutes les filiales, Expert, Océan Indien, Antilles-Guyane, Clemessy Télécommunications (à ne pas confondre avec Clemessy, groupe Eiffage), sont donc englobées dans le « deal ». NextiraOne va se déployer dans 4 activités : les communications unifiées, la sécurité, le cloud et le Wan, les centres de contact. Et Butler va investir pour des développements, en particulier les offres en cloud et le réseau Wan Linker. Ce qui changera d'Abénex, l'actuel actionnaire majoritaire, au capital depuis 2006.
Les dirigeants restent en place
Il ne faut pas pousser très loin les dirigeants de NextiraOne France (qui restent en place, c'est pour eux aussi une reconnaissance) pour dévoiler de nouvelles ambitions. Celle d'être une alternative au duopole Orange / Numericable-SFR sur le marché des entreprises, ambition qui commençait à filtrer mais reposait sur une incertitude actionnariale. Celle de consolider le secteur des intégrateurs réseaux et télécoms, en grande difficulté. « NetxiraOne constituera une plateforme pour accueillir tous ceux qui voudront s'adosser à nos structures pour se développer » conclut Philippe Hedde.
(*) Butler Industries est un fonds du groupe Butler Capital Partner, créé il y a vingt ans par Walter Butler.
En illustration : Philippe Hedde, directeur général depuis septembre 2010 après avoir passé 26 ans chez IBM, notamment comme directeur général des grands comptes.