Micmac dans le haut débit
L'habillage des chiffres d'abonnés par les opérateurs sème la confusion sur l'évolution du marché.
(Source EuroTMT) C'est un grand classique à chaque trimestre : étant régulièrement le premier à publier ses comptes trimestriels, France Télécom propose une évaluation de la croissance du marché du haut débit en fonction de ses propres prises d'abonnement et, certainement, de l'évolution du marché du dégroupage. Une fois que ses concurrents ont publié, à leur tour, leurs comptes, on se rend compte que l'évaluation de France Télécom est généralement inférieure à la hausse réelle du marché. C'est ce qui s'est encore passé au troisième trimestre.
L'opérateur historique, qui a gagné 91 000 nouveaux clients xDSL, estimait ainsi sa part de marché dans la croissance trimestrielle du haut débit à 32,8 %. Soit une augmentation globale du marché d'environ 277 000.
Mais quelle n'a pas été la surprise des analystes et de tous les observateurs en constatant que la somme des gains revendiqués par les quatre principaux acteurs (France Télécom, SFR, Iliad et Bouygues Telecom) dépassait très largement l'estimation de France Télécom.
Bouygues Telecom a ainsi annoncé un gain de 120 000 nouveaux clients, SFR 91 000 et Iliad 14 000 (une progression de 36 000 pour Free et un recul de 22 000 chez Alice). Résultat : la hausse ressortirait à 322 000.
Sauf effondrement de la base d'abonnés chez Darty (qui revendiquait 275 000 clients à fin avril dernier, dont une partie à très haut débit sur le réseau de Numéricâble), comment expliquer une telle différence ? La réponse est simple : certains opérateurs confondent clients DSL et clients sur fibre optique pour publier un chiffre de clients haut débit, sans préciser clairement avoir amalgamé ces deux chiffres.
Si chez France Télécom, les chiffres de l'opérateur sont répartis en fonction des technologies (DSL, FTTH et satellite), cela n'est pas le cas chez ...
Illustration D.R
(Source EuroTMT) ... SFR (depuis plusieurs trimestres déjà). Selon la filiale de Vivendi, le nombre de ses clients FTTH serait proche de 50 000 à la fin septembre, contre quelque 40 000 en début d'année.
Surtout, selon des analystes, Iliad aurait aussi changé la présentation de ses chiffres au troisième trimestre 2010 et le chiffre de 4,528 millions de clients intégrerait maintenant ses clients FTTH (quelques milliers).
Contacté par EuroTMT, Iliad n'a pas répondu à nos questions. Seule certitude à ce jour : seuls les chiffres de France Télécom et de Bouygues Telecom (qui n'a commercialisé son forfait pour la fibre optique que le 2 novembre) portent uniquement sur le DSL. Pour le reste, il faudra attendre la publication de l'observatoire trimestriel du haut et très haut débit par l'Arcep (prévu pour début décembre) pour connaître la croissance réelle du marché du DSL. Mais, pour des analystes, ce micmac sur les chiffres du haut débit ne peut s'expliquer que par la volonté de certains opérateurs de ne pas décevoir les investisseurs en présentant des résultats commerciaux trop éloignés des prévisions des analystes financiers.
Quoi qu'il en soit, il suffit de regarder les résultats sur plusieurs trimestres pour savoir quel opérateur se porte bien et quel opérateur est en difficultés : dans le premier cas, on retrouve SFR et Bouygues Telecom ; dans le second Iliad. Malgré les circonstances atténuantes que lui accordent certains analystes, compte tenu du retard pris dans la commercialisation de sa nouvelle box pour. France Télécom est lui inclassable, ses parts de marché trimestrielles variant très fortement d'un trimestre à l'autre.