Les opérateurs virtuels exigent plus de liberté de la part d'Orange, Bouygues et SFR
Les opérateurs mobiles virtuels veulent gérer directement le profil de leurs abonnés et personnaliser leurs services de données. Mais les opérateurs de réseaux font la sourde oreille. Faudra-t-il que les MVNO attendent la prochaine échéance : l'attribution des fréquences 4G ?
(Source EuroTMT ) Les opérateurs mobiles virtuels secouent leurs chaînes. A quelques semaines de l'attribution des deux derniers lots de fréquences destinées aux réseaux 3G, les opérateurs mobiles virtuels (ou MVNO, Mobile Virtual Network Operator) ont décidé d'intervenir publiquement pour plaider leur cause. Leur objectif est d'obtenir l'accord des trois opérateurs de réseaux en activité (Orange, SFR, Bouygues Télécom) afin de pouvoir se transformer en opérateurs « full MVNO », c'est à dire de disposer de plus de liberté pour gérer par eux-mêmes leurs abonnés et leurs services mobiles. Jacques Bonifay, le président de l'association Alternative Mobile (l'association des MVNO)et également président de l'opérateur virtuel Transatel, a expliqué à l'occasion d'une conférence de presse que ce modèle de "full MVNO" est déjà appliqué dans un certain nombre de pays européens (Espagne, Pays-Bas, pays scandinaves) et qu'il n'aurait que des avantages. Le premier avantage - et le principal - est de donner plus de liberté aux MVNO en leur permettant de posséder leurs propres équipements de coeur de réseau (comme le HLR, c'est-à-dire la Home Location Register, la base de données qui contient les coordonnées des abonnés au réseau GSM) et de développer leurs propres plateformes de services. En clair : les opérateurs virtuels pourraient alors gérer directement le profil de leurs abonnés (via la carte SIM) et proposer des services (notamment en matière de données) qu'ils ne peuvent pas (ou difficilement) offrir aujourd'hui. De plus, l'opérateur virtuel pourrait basculer sans entrave d'un réseau à un autre, selon les offres tarifaires conclues avec les différents opérateurs. Le tout pour un coût estimé par l'association entre ... Photo : Jacques Bonifay, le président de l'association Alternative Mobile (l'association des MVNO)et également président de l'opérateur virtuel Transatel (D.R.) (Source EuroTMT ) ... 5 et 20 millions d'euros par opérateur virtuel. En pouvant innover plus facilement, les opérateurs virtuels pourraient alors espérer accélérer leur croissance. A la fin de 2009, ils comptaient quelque 3,5 millions d'abonnés, soit une part de marché de seulement 6 %. Seul problème selon Jacques Bonifay : les trois opérateurs de réseau n'accepteraient pas, aujourd'hui, d'amender les contrats pour faciliter cette évolution. La situation est, peut-être, un peu plus complexe. Quelques MVNO, comme Virgin Mobile, ont déjà lancé des appels d'offres pour acquérir les équipements nécessaires au modèle de « full MVNO ». Ce qui montre que leur opérateur hôte, en l'occurrence Orange pour Virgin Mobile, n'est pas aussi opposé que ne le dit Alternative Mobile à une telle transformation. Toutefois, ce qui est autorisé à Virgin Mobile, aujourd'hui en raison de sa taille (1,7 millions d'abonnés pour l'ensemble des marques gérées Omer Telecom, la société mère de Virgin Mobile) et plus gros opérateur virtuel tricolore, est certainement ... (Source EuroTMT ) ... plus difficile à obtenir pour les petits opérateurs, qui ne pèsent pas le même poids. D'où certainement la deuxième partie du discours tenu par les représentants de l'association. Tout en se félicitant des décisions prises par l'Arcep à l'occasion de l'appel d'offres pour les deux derniers lots des fréquences 3G, l'association estime en effet qu'il ne s'agit que d'une simple incitation et que rien n'assure que les candidats accepteront de souscrire à la clause d'hébergement de « full MVNO », surtout si la compétition se réduit à deux acteurs. D'autant que les engagements souscrits par Iliad lors de l'obtention de la 4ème licence 3G sont à (très) long terme. Si Iliad est prêt à accueillir jusqu'à quatre « full MVNO » sur son futur réseau, cela ne se produira, selon Alternative Mobile, que dans 7 ou 8 ans quand le réseau de Free sera déployé sur l'ensemble du territoire. Si aucun candidat ne souscrit aux clauses prévues par l'Arcep, l'association Alternative Mobile demande donc que l'autorisation formelle des « full MVNO » soit imposée lors du rendez-vous suivant, c'est-à-dire lors de l'attribution des licences 4G (dividende numérique et fréquences 2,6 GHz). De fait, il faut souligner les aspects inédits de la procédure d'attribution des licences 3G restantes. L'attribution des deux lots de fréquences 3G encore disponibles va donner lieu, pour la première fois en France, à une mise aux enchères. Mais l'Arcep a mis en place une pondération des offres proposées par chaque candidat par des critères d'engagement d'ouverture aux MVNO, comprenant quatre niveaux. L'engagement d'ouvrir son réseau au « full MVNO » permet ainsi à un candidat de voir son offre financière être multipliée par 1,75 ou 2. Le prix de réserve pour chaque lot est de 120 millions d'euros.