Les écoutes qui empoisonnent Bush
Le coup de Jarnac asséné par Boby Ray Inman à propos des écoutes téléphoniques sauvages de la NSA n'était qu'un signe avant-coureur. Voilà que la presse américaine découvre que « tout le monde » était espionné, et le fait d'être un « pure american citizen » ne mettait personne à l'abri des mouchards de la « No Such Agency ». Wired expédie deux brûlots dans les jambes de la Maison Blanche, l'un intitulé « Report: U.S. Spies on Everyone », le second « DOJ Drops Wiretap Investigation » : le Ministère de la Justice abandonne l'enquête des écoutes téléphoniques car, estime-t-il, la NSA fait tout pour entraver les enquêteurs et obscurcir l'affaire. USA Today, quotidien traditionnellement pro-gouvernemental, s'indigne de l'existence d'une énorme base de données stockant les appels de dizaines de millions de citoyens des Etats Unis. Et ceci, s'indignent les principaux média, grâce au concours des grands opérateurs AT&T, Verizon, Bell South... Seul Qwest a refusé de collaborer, malgré la menace de se voir supprimer les marchés d'Etat. A Washington, la cote de popularité du Président Bush a subi un sérieux recul : près des trois quart des américains ne lui font plus confiance. L'on assiste également à une levée de boucliers de la part des intellectuels et défenseurs des libertés individuelles, Glenn Greenwald notamment, et bien entendu l'Aclu, qui diffuse à cette occasion un petit film d'animation satirique. Tout semble indiquer que la NSA, déjà considéré comme un « état dans l'état », ait perdu toute notion des limites légales. Cette utilisation massive du réseau Echelon en est une preuve difficilement discutable. Le « moto » officiel consiste à minimiser l'affaire en déclarant haut et fort que toutes ces écoutes n'affectent en rien les citoyens, puisque seuls ceux qui ont quelque chose à se reprocher peuvent craindre des poursuites. Le Président lui-même utilise, pour désigner les personnes soupçonnées, le terme d'« espion ». Un pas de plus, et l'on risque d'entendre des mots du genre « social traître », « révisionniste » ou « suppôt du terrorisme ».