Les designs Open Compute Project gagnent du terrain
La vente de matériels optimisés pour datacenters hyperscales basés sur les designs de l'Open Compute Project devrait atteindre 10 milliards de dollars de chiffre d'affaires d'ici trois ans.
L'Open Compute Project (OCP) a été lancée il y a 8 ans par Facebook avec pour objectif de concevoir pour les grands datacenters hyperscale un hardware serveur open source le plus économe possible en énergie. Cette promesse de flexibilité dans les hardwares, les logiciels et les designs avec à la clef des améliorations de l'efficacité énergétique a rapidement attiré l'attention. Très vite, Intel, Rackspace, Goldman Sachs et Andy Bechtolsheim, co-fondateur de Sun Microsystems, se sont associés avec Facebook pour lancer le projet OCP, avant d'être rejoints en 2014 par Microsoft. Jusqu'à présent, le projet OCP avait avancé discrètement et sans prévision de chiffre d'affaires. Mais cette donnée est désormais disponible : IHS Markit, un spécialiste des études de marché dans le domaine de la chaîne logistique a enquêté auprès de Facebook, Microsoft et Rackspace et des partenaires fondateurs, et s'est intéressé aux ventes de hardware OPC en dehors du cercle de ces trois acteurs.
Dans ses résultats préliminaires, IHS indique qu'en 2017, les ventes à des membres qui ne font pas partie du conseil d'administration (Facebook/Microsoft/Rackspace) ont atteint 1,16 milliard de dollars, soit un peu moins que les prévisions initiales estimées à 1,18 milliard de dollars. Toujours selon IHS, en 2018, en dehors de ce cercle de membres, les recettes devraient atteindre 2,56 milliards de dollars, au-delà de la prévision initiale de 1,84 milliard de dollars, soit une croissance de 120 % d'une année sur l'autre. D'après IHS, en 2022, les recettes, hors membres, devraient atteindre 10,7 milliards de dollars, avec un taux de croissance annuel composé (TCAC) de 56 %. Aujourd'hui, par rapport aux 127 milliards de dollars de chiffre d'affaires affiché en 2017par le marché du hardware pour datacenter, les 2,56 milliards de dollars de recettes de 2018 ont autant de valeur qu'une erreur d'arrondi. Mais c'est tout de même un bon résultat, étant donné la contribution minimale des quatre grands constructeurs (Dell, HPE, Lenovo et Cisco).
Réduction des coûts, efficacité énergétique et flexibilité recherchées
Selon Cliff Grossner, directeur exécutif cloud et datacenter de la recherche et de l'analyse chez IHS Markit, le hardware d'OCP est produit par divers fournisseurs taïwanais, avec parmi eux des vendeurs comme Wiwynn, Quanta Computer, Edgecore Networks et Delta. Mais il y a aussi des vendeurs non taïwanais, comme Ericsson, qui fournissent du matériel pour ce secteur. Cela ne veut pas dire que les grands acteurs ne s'intéressent pas à ce marché. « Souvent, côté serveur, l'intérêt n'est pas très élevé », a déclaré M. Grossner. « Mais côté réseau, Dell et HPE sortent des produits certifiés OCP, Cisco et d'autres commencent déjà à utiliser leur silicium, et Mellanox propose une bonne gamme de commutateurs réseau open source ». Les principaux clients sont des fournisseurs de services cloud de niveau 2 et des vendeurs de datacenters non hyperscales, plus des opérateurs de télécommunications, des organismes financiers, des constructeurs automobiles, des fabricants et des administrations. Selon M. Grossner, cette année, les achats du gouvernement ont dépassé ceux du secteur financier, et les opérateurs de télécommunications devraient dépasser tous les autres d'ici 2022.
Dans une étude également réalisée l'an dernier par IHS, les trois principales incitations pour les clients sont la réduction des coûts, l'efficacité énergétique et la flexibilité dans le choix des fonctions souhaitées. Les clients peuvent commander des modèles spécifiques, à condition que le volume d'achat soit suffisant pour justifier la personnalisation. Cependant, M. Grossner précise que la taille de l'échantillon retenu pour l'enquête n'était pas assez large, ou qu'elle s'étalait sur une période trop courte, pour permettre une bonne évaluation de l'équipement OCP par rapport à un matériel standard. Il rappelle aussi qu'à l'époque, le sujet était encore anecdotique.
L'usage des hardwares OCP prend dans les entreprises
Les personnalisations se situent souvent au niveau du software plutôt que du hardware. Par exemple, le London Internet Exchange (LINX) voulait ajouter des fonctions d'inspection plus approfondie des paquets pour mieux comprendre à quel moment le flux pouvait poser problème. Le LINX ne pouvait faire la même chose avec les systèmes d'exploitation en réseau fermé d'autres fournisseurs. Pour les gros opérateurs de datacenters, les logiciels écrits pour gérer le matériel sont souvent inefficaces au-delà d'un certain point et ils développent leurs propres logiciels. Le London Internet Exchange n'avait donc pas besoin de cette fonctionnalité dans son hardware.
La raison pour laquelle les opérateurs télécoms s'intéressent de près au hardware OCP, c'est qu'ils peuvent déployer rapidement de nouveaux services. « Les Telcos veulent davantage automatiser leurs réseaux et les adapter à l'automatisation, ce que permet un hardware OCP contrairement aux boîtes fermées des autres fournisseurs », a encore expliqué M. Grossner. Si l'infrastructure hyperconvergée est très populaire dans certains milieux, d'autres préfèrent des systèmes désagrégés comme ceux de l'OCP parce qu'ils ont accès au logiciel. Étant donné que tout est open source, ils peuvent voir ce qu'il y a dedans », a-t-il ajouté.
L'OCP et IHS Markit publieront les résultats complets de cette étude lors du Sommet mondial annuel de l'OCP, l'Annual OCP Global Summit, qui se tiendra les 14 et 15 mars au San Jose Convention Center de San Jose, en Californie.