Les collectivités locales à nouveau remontées contre France Télécom
Une table ronde organisée par l'EBG (Electronic Business Group), mercredi 18 juin, a vu des collectivités très remontées contre l'opérateur historique. Celui-ci est montré du doigt pour chercher à préserver sa position dominante sur la fibre optique via des dispositions glissées dans le projet de la loi sur la modernisation de l'économie.
Après les députés, le projet de loi sur la modernisation de l'économie est arrivé en première lecture devant le Sénat. Il comportera un volet sur le très haut débit. Mais doit-il préserver les positions acquises ou confirmer les collectivités territoriales dans leur rôle d'aménageurs de la concurrence ? Une table ronde organisée par l'EBG (Electronic Business Group), le mercredi 18 juin, a montré que dans ce cadre, certains acteurs étaient très remontés contre France Telecom. « France Télécom s'emploie à faire triompher ses positions acquises. L'opérateur explique que les collectivités locales ne font que gaspiller les deniers publics. Que les infrastructures neutres et ouvertes qu'elles co-financent ne sont que des doublons inutiles. Qu'elles n'améliorent en rien l'attractivité des territoires. Qu'en conséquence, il vaut mieux laisser Orange travailler», a-t-on pu entendre en substance. Le retour du psychodrame du dégroupage « Nous revivons le psychodrame d'il y a cinq ans, lorsqu'il s'agissait de trouver le moyen de résorber les zones d'ombre ADSL et d'accélérer le dégroupage, observe Ariel Turpin, chef du service TIC du conseil général de Seine-et-Marne (77). Quant à Gabrielle Gauthey, membre du collège de l'Arcep, le régulateur des télécoms, elle a défendu les collectivités territoriales : « Les investissements des collectivités territoriales dans les réseaux de collecte à haut débit, soit 35 millions d'euros sur 15 ans, sont très raisonnables. Et Ils n'ont que des impacts positifs. ». Les chiffres cités montrent qu'un raccordement destiné à des professionnels, en fibre optique à 10 Mbit/s symétriques ne coûte plus que ... Photo : installation de fibre optique par Orange. (Photo Thomas Geffrier, France Telecom) ... 300 à 500 € lorsqu'il existe une délégation de service public (DSP), contre 1000 à 1500 € là où il n'y en a pas. Les solutions de France Télécom sont plus chères De même, des fournisseurs de services locaux auraient émergé un peu partout. L'opérateur historique lui-même compte plus d'abonnés ADSL dans ces DSP que dans les départements limitrophes où il continue d'agir seul. « Les solutions proposées aux départements par France Télécom pour la couverture des zones d'ombre (les NRA-HD et les NRA-ZO), coûtent en réalité beaucoup plus cher, a encore déclaré Gabrielle Gauthey. « S'il y a des gaspillages, ils sont provoqués par l'opérateur historique, accuse Ariel Turpin. Illustration : en Seine-et-Marne, France Télécom installe des NRA là où le département a déjà fait construire un relais Wimax, alors que l'opérateur historique devrait mettre ses NRA dans les zones d'ombre restantes. Des initiatives locales efficaces Un peu partout, les DSP du haut débit, déjà opérationnelles, dépasseraient leurs objectifs en taux de raccordement. Les conventions Départements innovants, que France Télécom a proposées pour les freiner, seraient, en revanche, loin du compte. « Pas le dixième des déploiements promis a été réalisé, affirme Cyril Luneau, président de LD Collectivités, la filiale de Neuf Cegetel qui a gagné une bonne moitié de ces DSP. « Il est encore trop tôt pour dire que nos réseaux d'initiative publique attirent des entreprises. Mais il est sûr qu'ils ont déjà évité de nombreux départs, défend, pour sa part, Philippe Courcier, DSI du conseil général de la Sarthe. Quant au département de la Manche, il a résorbé ses zones blanches pour seulement un investissement de 4 millions d'euros. Dès à présent, ce département peut se fixer des objectifs de couverture FTTH de 25 %, puis de 50 % de sa population, supérieurs à ceux annoncés dans certaines grandes villes, a encore indiqué Gabrielle Gauthey. De quoi crédibiliser les initiatives locales.