Les boîtiers ADSL-TV peuvent rebattre les cartes entre FAI et diffuseurs TV
Le français Netgem mise sur ses nouveaux boîtiers de raccordement à internet et à la TV pour s'internationaliser. Ces nouvelles technologies peuvent rebattre les cartes dans la concurrence entre les opérateurs, les FAI et les diffuseurs de TV.
(Source EuroTMT ) Près de quinze ans après sa création et dix ans après l'explosion de la bulle internet, la société Netgem entend bien passer à la vitesse supérieure sur le marché de l'IP TV. Au départ, l'entreprise s'était centrée sur le marché français. Elle avait lancé son activité via un partenariat avec l'opérateur Neuf Télécom en 2003 en développant une solution d'IP TV. En 2008, Netgem avait dépassé les 2 millions de set top box en France. Netgem se repositionne d'abord avec le récent « spin-off » de son activité de vidéo à la demande (Vidéo Futur). Elle entend ainsi mieux se concentrer sur son activité historique de fournisseurs de « box » dans l'univers de l'audiovisuel et de l'accès à internet. En termes de poids ensuite puisque Netgem vient de franchir allégrement la barre des 100 millions d'euros de chiffre d'affaire pour sa seule activité de boitiers IP en 2009. Elle atteint ainsi 131,3 millions d'euros, en progression de 44 %, essentiellement du fait d'une très forte demande de SFR, son principal client. En termes de stratégie enfin en mettant résolument le cap sur l'IPTV et le développement international. Témoin, sa dernière génération de décodeurs, actuellement testée à Melbourne (Australie) dans la perspective d'un prochain lancement national par l'opérateur télécoms Telstra de son service T-Box. Principale caractéristique de cette nouvelle génération de boîtiers dotés d'une interface utilisateur (baptisée Netgem TV) enrichie, l'intégration dans un même équipement des fonctions traditionnelles d'accès à internet et à la TNT (y compris en haute définition) mais aussi à de la Web TV, à de la catch-up TV, à de la vidéo à la demande (VOD), etc. Sans oublier la présence d'un « média center » et d'un disque dur embarqué (PVR) ainsi que la possibilité pour l'opérateur télécoms de configurer ... Photo : un boîtier de la série 8000 de Netgem (Source EuroTMT ) ... lui-même les différents services qu'il souhaite offrir. « On a un peu tendance à oublier que sur les trente millions de foyers connectés à l'IPTV dans le monde, on en recense huit millions et demi dans l'Hexagone » rappelle Christophe Aulnette, directeur général de Netgem, arrivé en juillet dernier après avoir passé près de vingt ans chez Microsoft dont il a notamment dirigé la filiale française. Un contexte qui donne à l'entreprise tricolore une forte légitimité dans le domaine de l'IPTV, bien que SFR soit son seul client français. Un client relativement captif (deux millions de box Netgem sont déployées chez SFR) et soucieux de ne plus dépendre d'un seul fournisseur. D'où la nécessité pour l'entreprise de s'internationaliser significativement. Pour l'instant limités à l'Australie et à l'opérateur télécoms finlandais Elisa (téléphonie, haut débit et TV par câble), les débouchés à l'étranger pourraient lui offrir un relais de croissance significatif, même si Orange (qui, avec Sagem et Thomson, a fait un autre choix de plate-forme logicielle) et les pays frontaliers (où l'ADSL n'a pas le même succès qu'en France) ne constituent pas une priorité. De fait, Netgem entend plutôt prospecter les marchés émergents, notamment en Europe de l'Est et en Asie (avec l'ouverture récente d'un bureau à Singapour). Il est vrai que dans un contexte de « délinéarisation » de la consommation audiovisuelle et au-delà du cas spécifique de l'ADSL, l'émergence d'offres d'accès hybrides (TNT, câble, satellite) n'est pas propre à l'Hexagone. Un contexte où la bataille entre les opérateurs télécoms, les FAI, les câblo-opérateurs ou les diffuseurs TNT ne faiblit pas. D'autant que l'arrivée de fonctionnalités inédites (comme l'accès à la TNT) sur certaines box pourrait permettre à de nouveaux acteurs de prendre l'ascendant sur certains abonnés parmi les fournisseurs d'accès traditionnels. Une approche « over the top » qui n'en est qu'à ses débuts, mais pourrait redistribuer une partie des cartes.