Le téléviseur connecté à internet menace FAI et groupes audiovisuels
L'arrivée de téléviseurs connectés à internet représente une menace, aussi bien pour les FAI que pour les groupes audiovisuels. Comme les consoles de jeux, ces appareils donnent en effet accès à des services à valeur ajoutée, sans passer ni par le PC ni par un quelconque boîtier.
(Source EuroTMT) Lors de la présentation de leur étude annuelle sur l'état des communications en Europe, Arthur D. Little et Exane BNP Paribas l'avaient amplement souligné : la « box » des opérateurs télécoms ne constitue plus le seul moyen pour atteindre l'abonné et lui proposer des services (payants ou gratuits). Déjà, les consoles de jeux intègrent une connexion à internet, permettant de jouer en ligne ou d'avoir accès à des services de vidéos à la demande. Annoncé depuis le début de 2008, le téléviseur connecté à internet devient aussi une réalité : lors de la grande foire de l'électronique grand public de Las Vegas en début d'année, les fabricants ont ainsi multiplié les annonces sur ce sujet et lors du MIP TV de Cannes, Yahoo a fait la promotion de son service, baptisé « Connected TV », qui permet, via des widgets installés sur les téléviseurs de Samsung, de surfer en ligne. Les opérateurs télécoms prennent la menace au sérieux La menace est prise au sérieux par les opérateurs télécoms, à commencer par France Télécom, qui craignent de voir leurs investissements dans les infrastructures ne pas pouvoir être rentabilisés par la vente de services à valeur ajoutée à leurs abonnés, ces derniers utilisant ces nouveaux modes de connexion pour avoir accès à d'autres services. Jusqu'à présent, les acteurs d'internet, comme Yahoo, Google ou Dailymotion, ne pouvaient proposer leurs services que via le PC, limitant ainsi leurs capacités de développement d'offres audiovisuelles. Illustration : Yahoo TV et widgets (D.R.) En ayant accès directement au téléviseur, ces acteurs d'internet acquièrent la capacité nécessaire pour améliorer leurs offres de services et de contenus. D'ailleurs, l'opérateur historique tricolore a justifié sa stratégie dans les contenus en rappelant l'existence de cette menace. Certes, le prix des premiers téléviseurs connectés proposés par Samsung (quelque 1800 €) limite le marché adressable. Le succès de ces premières offres pourrait entraîner une baisse des prix des téléviseurs, la guerre commerciale que pourrait aussi se livrer les fabricants accélérant ce processus. Les groupes audiovisuels également menacés Ce qui permettrait d'élargir le marché. Pour autant, les FAI ne sont les seuls à être menacés par la transformation du téléviseur : les groupes audiovisuels ont aussi tout à perdre dans cette évolution. C'est ce que rappelait France Télécom en soulignant que les recettes publicitaires engrangées en France par les deux principaux acteurs d'internet étaient déjà équivalentes aux recettes d'une chaîne comme M6, alors qu'ils ne sont pas soumis à la réglementation audiovisuelle française (notamment en matière de financement de la création) car ils facturent leurs prestations en dehors de France. En arrivant directement sur le poste de télévision, les acteurs d'internet pourraient donc aggraver les difficultés des chaînes traditionnelles en proposant des programmes intéressant les spectateurs : par exemple en diffusant les séries américaines vedettes avant même qu'elles ne soient disponibles sur les chaînes françaises. Des flux croissants de recettes publicitaires sont détournés La conséquence d'une telle menace est évidente : le détournement d'un flux croissant de recettes publicitaires vers les acteurs d'internet au détriment des groupes audiovisuels. Et à terme une difficulté croissante pour financer des programmes locaux, ou acheter les droits premium. En clair, la crise qui frappe les chaînes traditionnelles n'en est qu'à ses débuts. Illustration : le Samsung Serie 8000, premier téléviseur de la marque à intégrer des services de contenus Internet, développés en partenariat avec Yahoo