Le paiement sans contact cherche encore ses marques
A l'occasion de la présentation du salon Cartes 2008 et Identification qui se tiendra en novembre prochain, une table ronde a passé en revue les services de paiement sans contact. Conclusion : il reste encore beaucoup d'interrogations qu'il s'agisse de modèles économiques, de déploiement, de prise en compte de nouveaux intervenants ou de sécurité.
Le salon Cartes 2008 et Identification se tiendra du 4 au 6 novembre prochain, au Parc des expositions de Villepinte. Le mardi 3 juin, lors de la conférence de présentation de l'événement, une table ronde très instructive a fait le point sur l'état d'avancement d'une révolution en cours : le paiement sans contact. Il s'est échangé quelques phrases bien senties, qui permettent de mesurer où l'on en est actuellement sur le terrain. Les représentants des industriels, des transporteurs et des moyens de paiement La technologie NFC (Near Field Communication) utilisée dans ce cadre, sera en démonstration lors du salon. Lors de la table ronde étaient présents, deux industriels de la carte à puce, Gemalto et Oberthur Technologies, deux représentants des moyens de paiement, Visa et MasterCard, un représentant des moyens de paiement de nouvelle génération sur internet, PayPal, et un représentant des transporteurs, la RATP. Il manquait donc malheureusement les premiers intéressés par la redistribution des cartes qui se joue en ce moment : les opérateurs mobiles et les banques. Pour autant, les présents ont fait entendre des opinions tranchées et parfois contradictoires. Succès technique mais pas encore commercial Premier enseignement : l'expérimentation Payez Mobile (nom de code Pegasus), qui se tient à Caen et à Strasbourg, auprès d'un millier de consommateurs est un succès technique de l'avis de tous les participants. Les consommateurs peuvent régler leurs achats via leur mobile vers des terminaux sans contact. « Cette expérimentation représente une première mondiale par son caractère multi-opérateurs (SFR, Bouygues, Orange, NRJ Mobile) et multi-banques (six banques présentes), rappelle Jérôme Sion, directeur des activités mobiles sans contact chez Gemalto. Tout n'est pas rose ... ... pour autant. « Il faudrait plus de terminaux sans contact chez les commerçants, le déploiement est moins rapide que prévu. En termes commerciaux c'est tout juste satisfaisant reconnaît Jérôme Ajdenbaum, responsable de la ligne de produits de paiement chez Oberthur. Il ajoute : « Ça décollera vraiment lorsqu'il y aura plus de services sur le mobile, comme à la fois une carte prépayée, une carte de débit, une carte de crédit ». Un loyer mais pas de rémunération à la transaction De nombreuses questions restent en suspens. Qu'en-est-il du modèle économique lorsque le consommateur réglera ses achats sans contact via son mobile ? Cette question de la répartition des futurs gains entre les banquiers et les opérateurs restera à trancher par les intéressés. En attendant, « Il semble qu'il y ait un consensus sur le fait que les banques doivent payer un loyer à l'opérateur, pour être hébergées dans le mobile, en revanche, il n'y aura pas de rémunération de l'opérateur à la transaction, affirme Jérôme Ajdenbaum. La sécurité pose aussi problème apparemment. Si Gemalto estime que la question est résolue, MasterCard élève un doute : « Le paiement par mobile, cela marche techniquement, mais sécurisé, je ne sais pas, relève André-Jacques Selezneff, Business leader chez MasterCard. En fait, beaucoup de difficultés sont aussi liées à la culture des différents intervenants. « Entre les opérateurs qui piaffent d'impatience, et les banquiers qui sont très prudents, on aboutit à un mélange. Longtemps, les deux mondes se sont regardés en chiens de faïence, du genre « Moi je sais, toi tu sais pas », C'est fini, Dieu soit loué, affirme André-Jacques Selezneff. Un hébergement dans la carte SIM Et si les opérateurs sont « chauds », les distributeurs (Carrefour, Auchan, Leclerc, ...) sont en ébullition. « Ce que l'on va vivre dans le paiement c'est une explosion avec une foultitude d'acteurs qui vont vouloir intervenir. Ils vont trouver que les banques sont trop prudentes, poursuit-il. Côté mise en oeuvre pratique de la sécurité, selon Oberthur, la solution qui se dégage, est l'hébergement des applications dans la carte SIM, considérée comme ... ... élément de sécurité, d'autant que « La technologie de la SIM est très proche voire identique à celle d'une carte bancaire, relève Gemalto. Il existe d'autres options telles qu'un composant de mémoire protégé par un microprocesseur ou un composant directement placé dans le mobile. Mais « Un paiement est en fait une authentification, or la carte SIM authentifie l'utilisateur sur le réseau de l'opérateur mobile, ce qui permet de nombreuses vérifications en mode connecté, résume Jean Marc Meslin, directeur Innovation et développement chez Oberthur Technologies. On peut toutefois rajouter un composant « bancaire » « L'avenir dira ce qui est le plus simple et le plus économique. Il y aura probablement plusieurs solutions, conclut-il. Débuter par les cartes bancaires sans contact Reste la question d'un déploiement de masse. Selon Jérôme Sion : « On n'a pas suffisamment de mobiles NFC (Near Field Communications) pour le déploiement, cela arrivera début 2009 ». Roland Entz, directeur général de Visa France, est moins optimiste : « Le taux de pénétration des mobiles NFC est lent, on parle de 30% vers 2011. Il vaudra mieux démarrer grâce à des cartes bancaires sans contact. Ce sera plus rapide que d'attendre que les opérateurs et les banques s'entendent. Cela permettra de développer l'infrastructure de paiement sans contact et les services, en attendant les mobiles sans contact ». Un avis que partage André-Jacques Selezneff : « Il y a 28 millions de cartes bancaires sans contact dans le monde, ce n'est pas encore le cas des mobiles ». L'enjeu c'est le chargement d'applications Comment tout ce monde - banques, opérateur mobiles, opérateurs de transport, spécialistes du paiement - va-t-il travailler ensemble ? « L'enjeu pour les opérateurs mobiles est dans le chargement d'applications, introduit Michel Barjansky, directeur marketing développement de l'offre à la RATP. Dans ce cadre, les industriels Gemalto et Oberthur poussent à l'apparition de tierces parties ... ... de confiance - un rôle qu'ils se voient bien tenir - qui seront chargés d'effectuer le déploiement de services sur les mobiles des opérateurs pour le compte des banques ou des transporteurs (RATP), par exemple. Plusieurs arguments plaident en faveur de l'apparition de ces tierces parties. «Les banques ou les opérateurs veulent garder leur relation client, il faut donc assurer l'étanchéité entre les deux univers, et que l'opérateur ne puisse gèrer la relation client de la banque, ou inversement. Une tierce partie gérera des secrets, même si on peut trouver des scénarios dans lesquels la banque et l'opérateur peuvent se mettre d'accord directement entre eux, c'est le cas par exemple au Japon, relève Jérôme Sion. Travailler davantage sur les besoins de l'utilisateur La RATP soutient cette approche d'un tiers de confiance. « Nous préférons qu'en cas de litige entre l'opérateur mobile et nous, il existe un tiers, car l'opérateur ne doit pas tout gérer, et ce ne doit pas être la RATP non plus, car ce n'est pas son métier, résume Michel Barjansky. Dans ce climat plutôt positif pour le paiement sans contact, Cédric Ménager, directeur commercial France de PayPal, émet une note plus pessimiste : « Il y a encore du travail à faire sur les besoins de l'utilisateur. Le paiement sans contact décollera plus facilement dans un pays neuf et sans infrastructure, ce qui n'est pas le cas de l'Europe ». MasterCard estime, pour sa part, que le marché potentiel est vaste : « 60% des transactions réalisées chaque jour en France se font en espèces, c'est ce marché qui nous intéresse avec le sans contact, car à l'heure où la rémunération des banques diminue sur chaque transaction de paiement à la suite de la baisse des tarifs de l'interchange par la Commission européenne, nous devons donc augmenter le nombre de transactions ». Et, à priori, dans l'esprit de Master Card, le coût de déploiement des terminaux et de l'infrastructure sans contact sera à la charge du consommateur. Avec pour justification, que le sans contact et sa simplicité d'usage sont un service et que tout service doit être rémunéré.
Edition 2008 du salon Cartes et Identification
L'édition 2008 du salon Cartes et Identification se tiendra du 4 au 6 Novembre à Paris Nord Villepinte. Plus de 500 exposants seront présents sur tous les segments de la sécurité numérique et des applications liées aux cartes à puce ou au sans contact. En tout, 20 000 visiteurs sont attendus. Le salon est particulièrement international, puisque 137 pays sont représentés et que 68% des visiteurs viennent de l'étranger. En 2008, les Etats Unis sont l'invité d'honneur qu'il s'agisse de paiement sans contact et d'applications gouvernementales. Par ailleurs, un espace sera réservé aux démonstrations du NFC (Near Field Communications) dans le hall 4 : m-paiement, ticketing, contrôle d'accès, affiches intelligentes, ...