La virtualisation, seule, est impuissante à réduire la consommation électrique
Seule, la virtualisation est insuffisante pour réduire les consommations d'énergie. D'autres avancées sont requises, telle que l'intégration entre les équipements IT et les systèmes de gestion des bâtiments. C'est la conclusion de la conférence Datacenter Dynamics de San Francisco, le16 juillet 2010.
La virtualisation donnait de l'espoir aux responsables de salles informatiques dans leur bataille contre la croissance de la consommation d'énergie. Or, davantage de changements sont nécessaires afin de tenir le rythme face aux demandes des DSI, comme l'ont affirmé les intervenants de la conférence Datacenter Dynamics se déroulant à San Francisco le16 juillet 2010.
Parmi ces changements, les intervenants incluent un renforcement de l'intégration entre les équipements IT et les systèmes de gestion des bâtiments. En particulier, cela concerne la lecture des températures depuis les serveurs afin qu'elle puisse être utilisée afin de contrôler directement les systèmes de refroidissement. Ils notent également l'importance d'avoir une meilleure communication entre l'équipe informatique et celle qui est en charge des installations dans les salles informatiques.
Beaucoup de salles informatiques atteignent quasiment leur limite en termes d'énergie et de capacité de refroidissement, et leurs gestionnaires recherchent des moyens créatifs pour obtenir une infrastructure plus performante. De plus, les coûts énergétiques se sont accrus et la loi sur les émissions de carbone inquiète, au point que les dirigeants accroissent leurs exigences sur les salles informatiques afin de les remettre à niveau.
La virtualisation était perçue comme une solution à la crise de l'énergie car elle pouvait améliorer l'usage des serveurs et réduire le nombre de systèmes utilisés. Certes, elle a quelque peu aidé, mais, selon les intervenants de la conférence Datacenter Dynamics elle n'a pas enrayé l'augmentation incessante du nombre de PC ni de la consommation d'énergie.
« Pour nos clients, la virtualisation était perçue comme une solution à tous les maux, mais, au cours des dernières années, nous n'avons pas vu de baisse de la croissance. Nous voyons des entreprises demander comment elles peuvent obtenir davantage de kilowatts » déclare Gary Brennen, co-DG d'une entreprise de construction de centres informatiques Syska Hennessy. « L'appétit de nouvelles applications outrepasse toutes les solutions technologiques qui visent à limiter la consommation d'énergie » ajoute-t-il.
Steven Press, le directeur exécutif en charge des équipements des salles informatiques chez l'assureur spécialisé dans la santé Kaiser Permanente est d'accord pour dire que la virtualisation n'est pas une panacée. « C'est l'un des nombreux outils que nous avons pour enrayer la croissance des consommations d'énergie, mais je ne le vois pas comme la panacée. » Ce n'est qu'un moyen d'action parmi d'autres. Il attend plus de possibilités avec les évolutions prévues dans le futur : « J'attends plus des serveurs de demain, d'ordinateurs plus efficaces qui permettent de virtualiser davantage avec une consommation d'énergie moindre. »
Selon les participants aux tables rondes, dans certains scenarii, la virtualisation peut même accroître la demande en alimentation électrique et en besoin de refroidissement. Les technologies comme celles proposées par VMware avec VMotion par exemple permettent aux entreprises de déplacer une charge de travail d'un ensemble de serveurs à un autre en créant un environnement informatique à la demande. « Mais une problématique reste ignorée de tous : si nous déplaçons une grosse demande de calcul d'un endroit à un autre, qu'est-ce qui va suivre selon vous ? La demande électrique et thermique, bien sûr » s'exclame Rob Aldrich, architecte solutions chez Cisco Systems.
L'alimentation électrique et la capacité de refroidissement doivent exister autant à l'endroit où ..
Illustration : 42u.com (D.R.)
... la charge de travail est initialement placée ainsi qu'à son nouvel emplacement, précise-t-il. La plupart des salles informatiques ne peuvent pas ajuster leur délivrance d'énergie et de refroidissement - ce que l'on baptise l'environnement - en se synchronisant avec l'évolution des charges de travail, provoquant ainsi des inefficiences. « Nous avons tous parlé de l'informatique à la demande, mais nous n'avons pas traité de l'environnement à la demande » annonce Steven Press. « Nous devons accroître la granularité de notre capacité à faire varier l'allocation d'énergie et de refroidissement jusqu'au niveau du rack de serveurs si nous voulons être capables de modéliser ce que l'informatique à la demande apporte. »
Les participants aux tables rondes expliquent que la solution réside dans la connexion des systèmes de gestion des bâtiments aux réseaux IT, afin que l'énergie et les systèmes de refroidissement puissent être allumés et éteints en temps réel afin de répondre aux besoins des équipements IT.
Cela est difficile aujourd'hui car la gestion technique des bâtiments et les réseaux informatiques utilisent des protocoles de communication différents. « Les bâtiments techniques deviennent aujourd'hui très réactifs, nous n'y avons jamais vu le même niveau d'usage du protocole IP que pour l'IT » précise Rob Aldrich. « Si vous regardez comment nous assurons la gestion technique des bâtiments, cela n'a pas beaucoup changé depuis les années 70. Il n'y a pas de convergence complète de ces systèmes critiques. »
Il y a des projets, dont l'un a été mené par le laboratoire national Lawrence Berkeley, pour gérer les bâtiments et les réseaux IT ensemble, afin que l'information provenant directement des serveurs comme la température, l'utilisation de la puissance des processeurs et la vitesse des ventilateurs, puisse être utilisée pour contrôler directement les systèmes de refroidissement.
« Si nous marrions ces deux réseaux, les serveurs peuvent contrôler la ventilation des bâtiments et l'air conditionné pour obtenir exactement ce dont ils ont besoin », déclare Bill Tschudi, un responsable de programme au laboratoire Lawrence Berkeley. Ce n'est pas qu'un problème technique pourtant. Ce qu'il faut c'est rassembler les personnes en charge de la gestion technique des bâtiments, l'équipe IT et les cadres dirigeants afin de résoudre le problème ensemble, affirme Eric Adrien, vice-président exécutif chez Jones Lang LaSalle, qui dirige les salles informatiques pour l'établissement bancaire Bank of America. « Vous avez besoin d'une approche holistique [NDLR : approche thérapeutique dans laquelle on traite la personne dans son ensemble plutôt qu'un organe ou la maladie]. »
Steve Press de Kaiser Permanente est d'accord. « Nous allons devoir travailler davantage avec nos collègues de l'IT et accroître la cohésion de notre équipe. » Selon lui, la responsabilité de faire changer les choses est liée à ceux qui font tourner les centres informatiques. « Nous construisons des salles informatiques pour épauler la DSI, mais pour ses membres c'est juste une prestation sans valeur ajoutée. Nous devons leur faire comprendre qu'il n'en est rien, et il est de notre responsabilité de les éduquer. »