La grande réorganisation des médias français fera payer les FAI
L'ensemble des médias français, et pas seulement la presse écrite quotidienne, traverse une crise sans précédent. La faute à Internet ?
Arte, M6, AFP ou Radio France : les patrons des grands médias audio-visuels français sont intervenus le 4 juin dernier au colloque « Médias numériques en 2008, transition ou big bang ? », organisé par NPA Conseil et Le Figaro, à la Maison de la Chimie à Paris. Ils ont reconnu qu'internet les a déstabilisés, eux aussi. Les adolescents les abandonnent, leur audience baisse, de même que leurs recettes publicitaires. La crise, comme chacun sait, sévissait déjà dans l'imprimé. La presse quotidienne généraliste française est ainsi la moins lue et la plus chère du monde, bien qu'elle soit la plus subventionnée. Et les gratuits n'ont toujours pas gagné leur pari économique. En sera-t-il de même pour l'audiovisuel ? « Les valeurs TV européennes ont perdu 50 % en un an, se désole Nicolas de Tavernost, directeur général de M6. Quant aux radios, elles pâtissent de ne pas être écoutées sur les nouveaux terminaux fixes ou mobiles. Les « temps de cerveau disponibles », comme dirait l'ancien PDG de TF1, migrent vers les nouveaux médias interactifs, ne laissant aux autres qu'une portion de plus en plus congrue. Les organes d'information traditionnels vivent, de plus, un drame supplémentaire : les internautes se mêlent de produire eux-mêmes des informations et les commentaires. Régulièrement, ils les prennent même de vitesse avec des moyens techniques ridicules, comme la ... ... caméra de leur téléphone mobile. « L'événement ne se produit plus là où est le journaliste. Nos conférences de rédaction sont inadaptées , observe Jean-Paul Cluzel, président de Radio France. Y a-t-il des parades ? Les uns se raccrochent à leurs fondamentaux. « Je suis contre les journalistes citoyens. Dans un océan de rumeurs, nous devons rester une balise de précision, avance Pierre Louette, PDG de l'AFP. Pour Jérôme Clément, vice-président d'Arte, il est évident que la chaîne publique franco-allemande ne doit pas cesser d'être « un espace de débats critiques, de liberté documentaire, de décryptage des enjeux, de création du lien social ». Sa seule concession aux temps nouveaux : vouloir être présent sur l'ensemble des supports et produire des programmes TV originaux pour internet, moyennant bien sûr une augmentation de la redevance TV. A l'inverse, Alain Weill, le pdg du groupe NextradioTV, mise sur la transformation, la réduction des coûts, la transversalité pluri-média et la réactivité. « Je reste optimiste, a-t-il déclaré. Jean-François Copé, qui doit remettre un rapport à l'Elysée, pour sa part, veut le big bang et affirme : « J'ai crevé l'un après l'autre les abcès du paysage audiovisuel français, véritable château de cartes, que jamais personne n'a osé toucher de peur que tout s'écroule ». Dans son projet, la perte des recettes publicitaires de la TV publique sera compensée non pas par une augmentation de la redevance, mais par la taxation des FAI et des opérateurs mobiles diffusant des programmes TV et par la soumission des TV-internautes à la redevance TV (à l'exception cependant de ceux qui la payaient déjà pour leur télé). Les FAI et les opérateurs mobiles contribuent donc eux aussi au financement de la création.