La Free cash-machine : quand les marges de l'ADSL rejoignent celles de la téléphonie mobile

le 31/03/2009, par EuroTMT, Opérateurs/FAI, 610 mots

En analysant les comptes de l'opérateur Iliad pour 2008, on constate que l'ADSL dégage des marges de 50 %, qui pourraient atteindre 85 % avec la fibre. Il reste à savoir si les associations de consommateurs dénonceront de telles marges, comme elles le font dans la téléphonie mobile.

La Free cash-machine : quand les marges de l'ADSL rejoignent celles de la téléphonie mobile

Si, depuis des années, la téléphonie mobile est dénoncée, régulièrement, par les associations de consommateurs (telle que Que Choisir) pour ses tarifs élevés et ses marges astronomiques, les fournisseurs d'accès à Internet semblaient être les parents pauvres des télécoms. L'île au trésor après 18 ans On leur attribue (au moins pour les acteurs français) des prix faibles et des marges ridicules. Ce qui donnait l'impression qu'ils étaient tous au bord de la faillite. La situation pourrait bientôt changer. Notamment pour Free. A l'issue d'une longue odyssée de dix-huit années, Iliad vient de toucher les rivages de l'île au trésor ! Pour s'en convaincre, il suffit de lire les comptes de l'opérateur pour 2008 : malgré l'impact de l'intégration d'Alice France (un impact négatif de 93 millions d'euros au niveau du résultat opérationnel), Iliad affiche une marge d'Ebitda de 33,5 % (37,6 % hors Alice et 36,6 % en 2007). Une forte progression du free cash-flow Le free cash-flow de ses activités ADSL est de 157,3 millions (209,7 millions hors Alice), contre 20 millions un an plut tôt. Comme le groupe estime que l'Ebitda d'Alice devrait atteindre l'équilibre dès le deuxième trimestre 2009, les résultats du deuxième FAI tricolore devraient continuer à s'améliorer fortement. Le groupe estime même pouvoir dégager un free cash-flow cumulé d'un milliard d'euros sur la période 2009-2011. Un investissement d'un milliard dans la fibre optique C'est largement suffisant, selon les dirigeants, pour financer les investissements prévus par le groupe dans la fibre optique (c'est à dire une enveloppe d'un milliard d'euros) et dans la téléphonie mobile s'il gagne le lot réservé à un nouvel entrant (un milliard hors coût d'acquisition de la licence). Photo : Xavier Niel, fondateur de Free (D.R. Reseaux-telecoms.net) Les associations de consommateurs dénonceront-elles la marge sur chaque abonné ADSL ? Surtout, Xavier Niel, le fondateur et principal actionnaire d'Iliad, a dévoilé deux chiffres chocs pour convaincre les réticents sur la solidité du modèle économique Free. Selon lui, la marge dégagée sur chaque abonné ADSL (Free) serait actuellement de 50 %. Une fois le réseau FTTH déployé, cette marge passerait à 85 % ! En fait, le calcul de l'opérateur est assez simple : en déployant son réseau et grâce à la solution de la multifibre posée dans les immeubles (solution qu'il souhaite voir être imposée par les pouvoirs publics), il coupera toute relation financière avec France Télécom, notamment en économisant les 9,29 euros payés tous les mois à France Télécom par abonné dégroupé. Comme il basculera massivement ses quelque 4 millions d'abonnés sur son réseau FTTH, le coût à la prise serait donc remboursé en quelque deux années. En clair, la marge d'Ebitda de son activité très haut débit devrait flamber une fois que le réseau sera complètement déployé (soit vers 2012). Et sa rentabilité, qui est déjà au niveau de celle de la téléphonie mobile, devrait en sortir renforcée. Pas de baisse des tarifs en vue Si aujourd'hui la marge des opérateurs mobile est dénoncée par les associations de consommateurs, pourquoi n'en serait-il pas de même demain pour Free ? D'autant que le groupe n'a, semble-t-il, aucune intention de baisser ses tarifs, la stabilité de sa formule tarifaire ayant été toujours justifiée par l'accroissement des services offerts. Et puis, l'opérateur pourra aussi invoquer sa nécessité d'investir dans la téléphonie mobile (s'il obtient le lot réservé au nouvel entrant) pour contrer les critiques qui pourront s'élever contre ses marges. Mais l'argument a déjà été usé jusqu'à la corde par les opérateurs mobiles pour justifier le maintien de leurs marges à des niveaux très élevés.

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