La Bourgogne mise sur le WiMax
La région de Bourgogne a décidé de financer une infrastructure WiMax visant à compléter un DSL dont les déficiences s'expriment davantage en termes de débit que de couverture. L'exploitation sera confiée à Altitude Télécom qui lui-même facturera le service auprès des FAI.
« Compte tenu de nos moyens et des besoins, le WiMax constitue la bonne réponse pour une période transitoire et offre le bon rapport qualité/prix pour les foyers et le conseil régional. » affirme Christian Paul, le député de la Nièvre et vice-président du conseil régional de Bourgogne. Selon lui, la région n'avait pas le choix pour se doter d'une infrastructure d'accès à haut débit, permettant de conserver l'attractivité de son territoire. Le constat est en effet assez simple : malgré une infrastructure DSL qui couvre 96 % des foyers bourguignons, seulement 66 % de la population ont accès à une offre de débit égale ou supérieure à 2 Mbit/s, le niveau considéré par les élus comme minimum pour parler véritablement d'accès à haut débit. Mais la Région a fait de la couverture de son territoire en haut débit une priorité et affiche un objectif à terme d'arriver à 100 % des foyers connectés. Offrir à 160 000 foyers supplémentaires un accès d'au moins 2 Mbit/s Constatant l'absence de financement étatique (malgré les grandes déclarations de principe du gouvernement sur le thème du droit opposable au haut débit) et le refus des opérateurs privés à investir dans les zones rurales non ou peu rentables, le Conseil Régional, détenteur d'une licence régionale WiMax, a donc lancé un appel d'offres l'an dernier pour conclure un accord de délégation de service public (d'une durée de dix ans) avec un opérateur privé. C'est donc le groupe Altitude qui a été choisi et qui devrait ouvrir dès cet été un réseau WiMax couvrant trois (la Côte d'Or, l'Yonne et la Soane et Loire) des quatre départements constituant la Bourgogne, la Nièvre ayant pris de l'avance en ouvrant sa propre infrastructure WiMax (une DSP confiée à Axione). Selon François Patriat, le président du conseil régional, l'objectif fixé à Altitude Infrastructure est simple : offrir à 160 000 foyers bourguignons supplémentaires (soit 30 % des foyers) un accès à l'Internet haut débit à au moins 2 Mbit/s. Pour cela, l'opérateur télécom va déployer, dans les 18 mois, un réseau de 122 stations de base qui sera ouvert à tous les opérateurs. L'investissement global est évalué à 18,6 millions d'euros, dont 68 % sont financés par la région. Selon les responsables politiques de la région, la réalisation de cet objectif sera vérifiée sur le terrain par 5 000 tests, confiés à une société indépendante qui vérifiera aussi bien la réalité de la couverture que le respect des normes en matière de champs électromagnétiques. Et la Région de prendre l'engagement que les communes seront tenues informées de l'installation des bornes avant qu'elles ne soient déployées. Il subsistera 4 % de foyers non couverts Selon Jean-Paul Rivière, le PDG d'Altitude Télécom, les offres commerciales grands publics devraient s'établir entre 30 et 40 euros (hors coût d'installation de l'antenne à la charge de l'abonné) pour une offre double-play (téléphone et Internet), les FAI payant à Altitude Infrastructure 14 euros par lien et par mois. Malgré l'effort réalisé par la Région, les zones blanches non éligibles au haut débit devraient encore concerner 4 % des foyers bourguignons. Pour ces derniers, les élus estiment que la seule solution possible serait de développer des offres d'accès par satellite. Dans ce cadre, des aides à l'équipement pourraient être décidées ponctuellement, alors que la région n'envisage pas, pour le moment, de financer des tarifs sociaux. Source EuroTMT Altitude confisque la concurrence En étant choisi par le conseil régional de Bourgogne pour déployer son réseau WiMax, Altitude Télécom a réussi un joli coup : l'opérateur normand est en effet l'heureux propriétaire de la deuxième licence régionale, depuis le rachat de la participation d'APPR dans sa coentreprise Maxtel. Autrement dit : Altitude va concurrencer Altitude ! Enfin, pas tout à fait. Selon Jean-Paul Rivière, le PDG de l'opérateur, le groupe ne devrait certainement pas déployer sa propre infrastructure et se contenter de gérer et exploiter le réseau mis en place pour le compte de la région. La raison ? L'absence de perspectives de profitabilité du WiMax pour un groupe privé, obligé de compter sur des aides publiques pour rentabiliser son investissement. Sinon, Altitude indique avoir déployé un réseau dans 16 des 45 départements (soit 12 régions) où il détient ou exploite une licence et compte déjà 8 000 abonnés WiMax. Selon Jean-Paul Rivière, la prise d'abonnements serait aussi en train d'accélérer au fur et à mesure de l'extension de la couverture des réseaux.