L'opérateur Clearwire face aux interrogations sur le Wimax
Clearwire, opérateur phare du Wimax aux Etats Unis, a réussi à se refinancer mais à des taux prohibitifs. Quel peut être son avenir sur ce standard à l'heure où les déploiements en LTE vont débuter ?
(Source EuroTMT) Après un mois de rumeurs pessimistes sur l'avenir de Clearwire, l'opérateur mobile américain du WiMax a pu finalement rassurer les investisseurs en réussissant à emprunter 1,3 milliard de dollars. Mais à quel prix ! Pour lever ces nouveaux fonds qui doivent l'aider à financer l'extension de son réseau, Clearwire a en effet accepté des taux d'intérêt compris entre 8 % et 12 %. Si ce n'est pas un « junk bond »...
C'est début novembre, en publiant ses comptes trimestriels, que l'opérateur avait suscité l'inquiétude des analystes en annonçant des restructurations pour économiser entre 200 à 400 millions de dollars d'ici à la mi-2011 en attendant de boucler ses nouveaux financements. Une annonce comprise comme un signal d'alarme, alors que les relations entre Clearwire et son principal actionnaire, Sprint Nextel, s'étaient dégradées en raison du désaccord entre les deux opérateurs sur le prix payé par l'opérateur mobile pour accéder au réseau WiMax de Clearwire.
De plus, si l'opérateur WiMax annonçait un gain de 1,23 million d'abonnés pour le troisième trimestre (et une prévision de 4 millions de clients pour la fin 2010), ses revenus trimestriels (147 millions de dollars) étaient significativement inférieurs au consensus (159 millions) alors que sa perte nette explosait à près de 540 millions de dollars. Dans cet environnement, le refinancement de l'opérateur ressemblait pour beaucoup d'analystes à une mission impossible.
Tout compte fait, Clearwire a réussi à lever de nouveaux fonds, pour un montant d'ailleurs supérieur à ce qu'il avait annoncé (1,1 milliard) mais à des taux redoutables. D'autre part, le financement de la construction du réseau va nécessiter l'injection de fonds supplémentaires : jusqu'à 3 milliards de dollars, selon certains analystes. L'opérateur a d'ailleurs confirmé, en partie, ces estimations en indiquant qu'il comptait récupérer ...
(Source EuroTMT) ... 2 milliards de dollars en vendant une partie de ses fréquences. La piste d'une alliance avec T-Mobile USA, la filiale malade de Deutsche Telekom, a aussi été relancée : l'opérateur allemand pourrait s'asseoir au tour de table de Clearwire.
Reste une question de fond : alors que les grands concurrents américains sont sur le point (ou l'ont déjà fait) d'ouvrir leur réseau LTE (Verizon Wireless vient de commercialiser son service 4G), Clearwire a-t-il encore un avenir sur le marché américain de la téléphonie mobile ? Faute de ressources spectrales suffisantes, T-Mobile USA connaît depuis maintenant près de deux ans d'importants problèmes, perdant même des abonnés.
Sprint Nextel, l'actionnaire de Clearwire, n'est pas non plus dans une grande forme, ce qui fait douter de sa capacité à injecter de nouveaux fonds dans l'opérateur WiMax. Et malgré le soutien financier apporté par des sociétés aussi puissantes qu'Intel (à l'origine du WiMax), Clearwire n'a toujours pas résolu son équation financière. Et comme ses levées de fonds lui coûtent de plus en plus cher, la société semble bien être dans une impasse financière.
Illustration D.R.