L'Icann retarde l'extension des noms de domaine génériques pour mieux peser les risques
Pour répondre aux commentaires suscités par son projet de créer et vendre de nouveaux noms de domaine génériques -gTLD, l'Icann (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers) vient de modifier son calendrier sur ce dossier. Mercredi dernier, 18 février, le régulateur d'Internet a ainsi publié un document de 154 pages, détaillant et analysant les centaines de commentaires qu'il a reçus à ce propos : « New gTLD draft applicant guidebook : Analysis of public comment ». L'inquiétude suscitée par ce projet amène l'Icann à différer à décembre 2009 la date de sa mise en application prévue initialement pour septembre. Dans le document mis en ligne sur le site de l'organisme de régulation, Paul Twomey, son président, justifie ce décalage par la nécessité de prendre son temps pour résoudre des questions d'intérêt général : « la stabilité du système des noms de domaine, la protection des utilisateurs et des marques ne doivent pas être sapées par l'introduction de nouveaux noms de domaine génériques ». Différents acteurs du monde Internet ont effectivement pointé les risques d'une telle expansion. L'Icann, de son côté, avance que plusieurs pays, dont les Etats-Unis, demandent depuis presque dix ans une procédure simplifiée pour la mise en place de noms de domaines. Il y a actuellement 21 TLD génériques (.com, .org, .biz, .info, etc.), tous utilisant des caractères latins. Parmi les ouvertures prévues figurent l'arrivée d'autres caractères, chinois, par exemple, ainsi que la possibilité, sous réserve d'acceptation des dossiers, de créer des extensions géographiques, sur les noms de ville par exemple, ou thématiques (une communauté, un marché, une catégorie, un sport...). La protection des noms de marque risque de coûter très cher Parmi les appréhensions formulées autour de cette possible multiplication des TLD, plusieurs entreprises ont mis en évidence qu'il leur faudrait, si l'Icann poursuivait son projet sur les mêmes bases, enregistrer des douzaines d'adresses supplémentaires dans chaque nouveau gTLD pour protéger leur marque. Ces sociétés pourraient également se voir contraintes d'acheter leur propre gTLD, par exemple .apple ou .ibm, ce qui représenterait à chaque fois une dépense de 185 000 dollars (environ 146 000 euros), montant demandé par l'Icann pour déposer un dossier de nom de domaine personnalisé, sans compter les coûts annuels associés. Dans le document publié le 18 février, l'Icann dit étudier plusieurs solutions pour protéger les possesseurs de noms de marque. Le régulateur pourrait par exemple créer des « listes blanches » de noms de domaine qu'il ne serait pas possible d'enregistrer. Par ailleurs, il a demandé à deux de ses comités d'étudier les effets que son projet d'extension des gTLD pourrait entraîner sur la sécurité et la stabilité du système de nom de domaine (DNS). Aucune piste très précise pour l'instant, donc, pour répondre aux préoccupations légitimes de tous les acteurs concernés par les multiples points sensibles soulevés par ce dossier. D'où la nécessité, pour l'Icann, de détailler publiquement les commentaires qu'il a reçus à ce sujet. « Il y a encore beaucoup à faire » pour faire avancer ce projet, reconnaît Paul Levins, vice président de l'Icann. La prochaine réunion publique de l'organisation va se tenir à Mexico dans quelques jours, du 1er au 6 mars. Outre ce dossier délicat, elle permettra, selon l'Afnic (autorité de nommage pour les domaines de la zone .fr), d'aborder les nouvelles relations entre l'Icann et l'administration du nouveau président américain, Barack Obama.