L'heure du combat à mains nues a sonné entre Oracle et la Commission européenne
La tension monte en Oracle et la Commission Européenne au sujet de l'inclusion de MySQL dans la fusion Oracle-Sun. Le porte parole de la Commission a réagi vivement aux remarques acerbes d'Oracle. Cela va finir en combat à mains nues selon une source proche du dossier.
La Commission européenne a rejeté comme «facile et superficielle», la critique faite par Oracle des objections qu'elle a émises sur l'acquisition prévue de Sun Microsystems par l'américain. La Commission a envoyé une communication des griefs à Oracle et Sun, lundi 9 novembre au soir, car elle estime que cela se traduirait par un accaparement du marché des bases de données par Oracle. Oracle est le plus grand acteur sur le marché de base de données, devant ses rivaux IBM et Microsoft. L'accord entre Oracle et Sun donnerait au premier un outil Open Source qui prend des parts de marché à ces trois bases de données. "En dépit du caractère Open Source de MySQL, Oracle serait le détenteur exclusif des droits d'auteur sur le code de MySQL, ce qui rend difficile pour ses concurrents d'en faire ce qu'ils veulent," a réagi mardi 10 novembre Jonathan Todd, le porte-parole de la Commission sur les questions de concurrence. « Alors qu'Oracle est le premier fournisseur de bases de données propriétaires, MySQL est le premier fournisseur de bases Open Souce et une force particulièrement importante sur le marché aujourd'hui », a-t-il ajouté. Réagissant à la communication des griefs reçue lundi soir, Oracle avait insisté sur le fait que « cela ne réduisait pas la concurrence. » Et Oracle a ajouté, perfide : « Il est bien compris par les personnes bien informées au sujet des logiciels Open Source, que parce que MySQL est Open Source, il ne peut être contrôlé par qui quec ce soit. C'est là toute la nature de l'Open Source." Oracle assure que MySQL n'est pas en concurrence sur le marché des serveurs de haut de gamme destinés aux banques et aux organismes similaires qui ont besoin d'accès ultra sécurisés et ultra rapides aux bases de données, mais qu'au contraire MySQL est utilisé par des sites Web et d'autres entreprises aux besoins moins critiques. "Compte tenu de l'absence de toute théorie crédible ou de preuve de préjudice concurrentiel, nous sommes confiants que nous finirons par obtenir une autorisation inconditionnelle pour cette transaction», indique la société. Ces observations ont déclenché cette explosion de Jonathan Todd, mardi. Normalement, la Commission ne fait pas de commentaire du tout quand elle émet une communication des griefs lors de l'examen d'une fusion. La semaine dernière, une source proche d'Oracle a prévenu que si une communication des griefs était émise ce serait le signe qu'il serait "temps de cesser de mettre des gants. » Ce à quoi une personne proche de la Commission conclut : « "On dirait que nous sommes dans un combat à mains nues sur l'inclusion de MySQL dans l'accord." Photo : Jonathan Todd, porte parole de la Commission européenne est un peu énervé (D.R.)