L'armée se tourne vers les réseaux ultraviolets pour sécuriser ses communications
La défense américaine veut développer des réseaux de communication plus sûrs pour les soldats sur le terrain en utilisant des transmissions optiques dites « ultraviolettes en espace libre » ou Free Space Optics (FSO).
Les chercheurs du Devcom Army Research Laboratory de l'armée américaine s'intéressent à l'usage des communications optiques à ultraviolets sur le champ de bataille. En effet, dans de bonnes circonstances, la technologie pourrait permettre de créer des liaisons de communication indétectables par l'ennemi. Les chercheurs ont notamment essayé d'exploiter les effets de l'atténuation, un phénomène naturel d'affaiblissement des signaux selon la distance, pour déterminer à quelle distance les signaux étaient suffisamment faibles pour être indétectables par les adversaires, mais suffisamment forts pour être captés par des récepteurs amis. Ces derniers disent avoir résolu la question, mais leur document de travail ne donne pas d'information sur ces distances.
Selon un communiqué de presse de l'armée américaine, « les communications par ultraviolets présentent des caractéristiques de propagation uniques qui permettent non seulement une nouvelle liaison optique hors ligne de visée, mais elles rendent aussi les transmissions plus difficiles à détecter pour un adversaire. Le principal objectif de l'étude réalisée par le laboratoire de recherche de l'U.S. Army Combat Capabilities Development Command était d'élaborer un cadre pour des recherches futures en vue de quantifier les circonstances dans lesquelles les communications ultraviolettes pourraient être à la fois utiles aux forces amies et indétectables par les ennemis.
Les communications ultraviolets sont encore au stade de l'expérimentation. (Crédit D.R.)
Cette recherche leur a permis de glaner deux autres informations importantes :
- Le scénario le plus pessimiste, à savoir que le détecteur ennemi se trouve en ligne de mire directe avec l'émetteur alors que le récepteur ami ne l'est pas, n'est pas aussi préoccupant qu'on pourrait le craindre.
- Diriger le signal de l'émetteur UV n'apporte pas, semble-t-il, de solution efficace pour atténuer la détection du signal par un adversaire.
Les chercheurs prévoient de tester quatre scénarios de placement de l'émetteur ultra-violet, du récepteur prévu et du détecteur ennemi :
- Le récepteur ami et le détecteur ennemi sont tous deux en ligne de mire avec l'émetteur.
- Le récepteur ami est en ligne de mire, mais le détecteur adverse ne l'est pas (dans le meilleur des cas).
- Le détecteur de l'adversaire est en ligne de mire, mais le récepteur ami ne l'est pas (dans le pire des cas)
- Ni le récepteur ami, ni le détecteur adverse ne sont en ligne de mire.
Le spectre des ondes électromagnétiques étudiées par l'armée américaine est dans le domaine de l'invisible.
L'hypothèse, c'est que l'adversaire pourrait essayer de compter les photons pendant un certain temps pour détecter un signal de transmission cohérent qui révélerait une communication en cours. Les scientifiques acceptent le fait qu'à proximité de l'émetteur, le signal est facile à détecter, de sorte que pour utiliser efficacement des transmissions UV, il faudrait savoir de manière la plus précise possible où se trouvent les éventuels détecteurs adverses. « Notre travail fournit un cadre qui permet d'évaluer les limites fondamentales de détectabilité d'un système de communication ultraviolet qui réponde aux exigences de performance de communication souhaitées », a déclaré le Dr Robert Drost, l'un des chercheurs. « Nos recherches permettent à la communauté de bien comprendre le potentiel et les limites de l'utilisation des longueurs d'onde ultraviolettes dans les communications, et je suis convaincu que cette compréhension servira de base au développement de futures capacités réseau pour l'armée », a-t-il ajouté.