Juniper Networks joue contre Cisco la carte du SDN ouvert
Juniper Networks cantonne l'usage des réseaux SDN aux centres informatiques dans un premier temps. L'équipementier défend l'ouverture de ses réseaux face à Cisco soupçonné de vouloir faire main basse sur une évolution des réseaux qui menace son hégémonie.
Après Cisco, c'est son challenger historique et courageux, Juniper Networks qui s'exprime sur le SDN (Software Defined Networking).
Le challenger restreint l'usage du SDN aux centres informatiques. Il s'agit de faire le moins de dommages possible, si finalement cette initiative finissait en queue de poisson. Juniper Networks ne détient que 3,1% du marché des commutateurs de niveaux 2 et 3 dans les centres informatiques, un marché qui pèse 6,6 milliards de dollars.
Juniper Networks n'arrive qu'en cinquième position derrière Cisco, HP, Dell et IBM, selon le Groupe Dell'Oro. Juniper Networks doit se battre pour faire gagner ses commutateurs QFabrics face aux sceptiques. Comme Cisco, Juniper Networks propose une API d'accès à ses équipements, afin qu'une couche d'orchestration vienne dialoguer avec le réseau.
Cette approche marginalise l'usage du protocole OpenFlow mais pas son rôle. « SDN est la reconnaissance par l'industrie des réseaux que tous les problèmes ne peuvent pas être résolus en plaçant ces fonctions dans les noeuds du réseau, qui sont usuellement distribués géographiquement » selon Pradeep Sindhu, le CTO de Juniper Networks.
Le souci c'est que Juniper Networks peut aussi se pénaliser, si le succès de SDN aboutit à banaliser les équipements de réseau, ou si sa technologie de SDN ne fonctionne pas. Pourtant, Juniper Networks semble aussi vouloir utiliser SDN afin de gagner des parts de marché.
« SDN devrait décoller dans les centres informatiques en priorité, et Juniper Networks dispose d'une très petite part de ce marché », reconnaît Bob Muglia, vice président exécutif de la division Solutions Software de Juniper Networks.
Juniper Networks a ajouté le support d'OpenFlow au sein du système d'exploitation de ses équipements, Junos, l'année dernière. C'est le moyen de faciliter le dialogue entre un contrôleur de réseau et ses équipements. Mais ce n'est pas le seul. Cisco a par exemple cantonné le rôle d'OpenFlow au monde académique et de la recherche afin de réaliser le partionnement des réseaux.
Photo : Pradeep Sindhu, le CTO de Juniper Networks.
Cisco via son offre Cisco One vise cinq marchés : université, entreprise, FAI, Cloud, et data center. « Cette interface entre les équipements et le contrôleur est très très importante » souligne Pradeep Sindhu, de Juniper Networks. « OpenFlow est une possibilité de standard ouvert, une proposition débutante pour le dialogue entre le contrôleur et le réseau. »
Le standard openFlow est disponible sur les routeurs MX de Juniper et les commutateurs EX. La version 1.3 d'OpenFlow sera disponible sur les gammes de produits MX, EX et QFabrics QFX l'année prochaine. Juniper Networks prépare également l'introduction du calcul de topologie comme BGP ou Application Layer Traffic Optimization sur ses systèmes en 2013.
Critiquant implicitement Cisco, Pradeep Sindhu souligne que « Juniper n'a aucune intention de contrôler le standard d'interfaçage . Nous voulons des standards ouverts. » Comme d'habitude, il souligne que le système d'exploitation de Juniper Networks est le même sur tous les équipements, ce qui devrait faciliter les déploiements, au contraire de Cisco qui traîne des tonnes de codes sources différents au fil de ses acquisitions. « Nous voyons les réseaux SDN comme une très très forte opportunité et non une menace, »conclut-il.