Iliad a-t-il les reins assez solides pour la quatrième licence 3G ?
Le management de Iliad , maison mère de Free, saura-t-il faire face à trois défis : le haut débit optique, l'intégration d'Alice et la licence 3G ? Sans compter que l'opérateur est handicapé par les polémiques autour des antennes radio et l'absence d'un réseau de boutiques.
(Source EuroTMT) Depuis que Nicolas Sarkozy a exprimé devant des parlementaires ses réserves sur la quatrième licence de téléphonie mobile si Iliad l'obtenait, le petit milieu des télécoms cherche à décrypter les propos du chef de l'état. D'autant que le décret donnant le coup d'envoi au processus d'attribution ayant été publié, le dossier est maintenant entre les mains de la seule autorité des télécoms, l'Arcep. Ne pouvant plus intervenir, quel message a donc voulu faire passer le chef de l'Etat ? Selon des sources politiques, le propos de Nicolas Sarkozy ne faisait pas référence à une crainte particulière de voir les opérateurs en place - notamment Bouygues Telecom - être déstabilisés par le nouvel entrant, mais le président s'inquièterait des capacités d'Iliad à mener à bien son projet. Une inquiétude qui traduirait les interrogations de certains spécialistes sur la solidité de l'équipe de direction du groupe fondé par Xavier Niel, à un moment où l'opérateur alternatif doit déjà gérer deux autres gros dossiers : l'intégration d'Alice et la montée en puissance des investissements dans la fibre optique. Autrement dit : Iliad a-t-il les compétences managériales pour tout faire ? Une question qui paraît, a priori, d'autant plus pertinente que l'on sait l'équipe de direction très resserrée, l'essentiel des 4160 salariés (à fin 2008) travaillant dans les services d'assistance aux abonnés. Mais cette « inquiétude » peut aussi paraître exagérée, le développement de l'opérateur ne nécessitant pas forcément d'importants renforts humains. Illustration : appel mobile (D.R.) Tout d'abord, cela fait maintenant quatre ans qu'Iliad travaille sur le dossier : depuis qu'il a acquis la licence WiMax d'Altitude Télécom en septembre 2005. Compte tenu du goût prononcé de Xavier Niel pour la technologie, on peut imaginer qu'il a une idée assez précise de l'architecture du futur réseau et des différents services qu'il compte proposer à ses abonnés. Deuxième point : ce n'est pas Iliad qui va déployer le réseau sur le terrain. Pour de nombreux observateurs, il ne fait guère de doute que l'opérateur alternatif devrait signer avec le chinois Huawei, qui aura la charge de rendre le réseau opérationnel et, peut-être, d'en assurer la gestion. Sur le plan commercial et du marketing, les besoins de Free devraient être, là-aussi, assez limités. Par ailleurs, s'il devait renforcer ses équipes techniques et commerciales avec des spécialistes de la téléphonie mobile, Iliad n'aura, très certainement, aucun problème pour les trouver sur le marché, quitte à aller débaucher chez certains de ses concurrents. Si d'un point vue managérial, Iliad semble déjà bien outillé (ou aura la capacité de se renforcer), d'autres points demeurent néanmoins incertains. Le premier porte sur la capacité de l'opérateur à déployer rapidement le réseau. Pour de nombreux spécialistes, y compris des opérateurs intéressés par la quatrième licence comme Virgin Mobile France, la principale incertitude concerne en effet l'installation des antennes. Compte tenu de la polémique en cours sur l'impact des antennes sur la santé, le gagnant de la quatrième licence pourrait rencontrer de sérieux problèmes. Deuxième problème : Iliad ne dispose pas de réseaux de commercialisation physique. S'il a pu s'en passer dans le haut débit fixe, tous les spécialistes estiment que le développement d'un opérateur mobile (virtuel ou non) passe obligatoirement par l'ouverture de boutiques et la commercialisation de la marque dans les grands réseaux (The Phone House, la Fnac...). Mais ce poste génère aussi des coûts élevés. Il faudra attendre encore un bon mois avant d'avoir une partie des réponses d'Iliad à ces interrogations. Enfin, quelle concurrence pour Free lors des dépôts de dossiers ? S'il ne fait aucun doute qu'Iliad sera candidat, le flou demeure toujours sur les intentions d'autres candidats potentiels. A commencer par Virgin Mobile qui, après avoir longtemps combattu l'attribution d'une quatrième licence, a indiqué être intéressé. Mais, même en association avec un tiers (Numéricâble), l'opérateur dirigé par Geoffroy Roux de Bézieux devra trouver un partenaire financier pour boucler son dossier, ses actionnaires paraissant peu enclins à financer une telle opération. Enfin, chez Bolloré, le dossier est ouvert, mais après avoir mis beaucoup d'argent sur la table pour le WiMax, le groupe serait, lui aussi, à la recherche de partenaires.