Free, isolé pour l'augmentation du triple play
(Source EuroTMT )C'est une discussion qui dure déjà depuis plusieurs années. Quel est le véritable prix du triple-play ? Pour les opérateurs concurrents de Free, le prix de 29,90 € constitue en effet une offre trop basse, compte tenu des services et des contenus qui ont été intégrés depuis 2004.
A l'époque, le haut débit était plutôt relatif avec un débit de 512 kbit/s. Depuis, la situation a nettement évolué, grâce à l'amélioration technique du DSL qui permet maintenant des débits théoriques de 28 Mbit/s. Free a fait de son tarif de 29,99 € son meilleur atout marketing pour gagner des parts de marché, et a imposé la téléphonie sur IP avec plus d'une centaine de destinations gratuites et le triple-play avec un bouquet de base gratuit de 150 chaînes de télévision.
Ce développement a été rendu possible par la baisse du tarif de dégroupage organisé par l'Autorité de régulation télécoms, l'Arcep, permettant aux opérateurs alternatifs de rentabiliser leurs investissements. Grâce à son modèle économique « low cost » qui réunit une structure légère, un recrutement en ligne, des dépenses publicitaires réduites au minimum, Free est devenu très rentable.
Fin 2009, l'Ebitda (le chiffre d'affaires avant le paiement des taxes, des intérêts, les dépréciations et les amortissements) de Free représentait 39,4 % de ses revenus. C'est-à-dire un taux comparable au niveau de marge brute enregistré durant les belles années par les opérateurs mobiles tricolores, quand de nombreux spécialistes, à commencer par les dirigeants d'Iliad, trouvaient le marché mobile trop cher et peu concurrentiel.
On pourrait donc considérer que le prix du triple-play pourrait baisser, d'autant que l'Arpu (revenu moyen par abonné) des clients de Free est bien supérieur au tarif facial de l'offre. Il atteint 36,3 € grâce aux revenus générés par les services payants tels que les bouquets de télévision payants, la VOD, etc. De plus, le tarif du dégroupage a baissé en 2009.
Manifestement, le prix ne va ...
Photo : Xavier Niel, PDG d'Iliad
(Source EuroTMT )... pas baisser, Xavier Niel, le patron d'Iliad - la maison mère de Free -, ayant affirmé, lors de la présentation de ses comptes annuels 2009 que le tarif du DSL pourrait enregistrer une hausse d'environ 5 € cette année.
Cette hausse serait provoquée, selon lui, par les contentieux engagés par l'UFC Que Choisir. Une explication qui fait sourire chez les concurrents, mais qui reconnaissent que le coût de la gratuité de la hotline obtenue à l'issue d'une longue bataille par les associations de consommateurs, induit un coût financier de plusieurs dizaines de millions d'euros par an.
Pour autant, une hausse des tarifs ne semble pas d'actualité et les concurrents de Free ne semblent pas se sentir concerner par les déclarations de Xavier Niel. Pourtant, SFR, comme Bouygues Telecom pourraient avoir un intérêt dans une hausse du prix du DSL. SFR supporte des coûts plus élevés que Free avec ses réseaux de boutiques, des frais publicitaires importants, des coûts de rétention pour baisser le churn et la migration des parcs acquis. Dès lors, sa marge d'Ebitda dans le fixe ressort ainsi à 17,5 %.
Mais le tarif de 29,90 € semble constituer un plafond, et les opérateurs alternatifs pourraient attendre la commercialisation des accès à très haut débit pour augmenter significativement le revenu par abonné en proposant de nouveaux services payants. En fait, les raisons d'une hausse du DSL seraient purement internes à Iliad, qui devrait augmenter ses moyens financiers pour faire face à tous ses projets.
Non seulement Free doit investir dans le mobile et le FTTH (fibre optique jusqu'à l'abonné), mais Free pourrait aussi avoir à réinvestir dans le DSL pour défendre ses parts de marché qui sont en baisse d'un point dans la croissance annuelle du marché en 2009 et améliorer son réseau, tout en poursuivant le dégroupage de nouveaux NRA (noeud de raccordement d'abonnés).