Forte baisse des investissements réseaux et télécoms des PME
En novembre s'élaborent les budgets pour l'année suivante, après cinq années de crise, la partie télécoms et réseaux est observée de près. Les fournisseurs qui rivalisent de stratégie PME et leur parlent d'offres IP et cloud ne sont plus en phase avec ce segment d'entreprises.
IDC étudie pour la deuxième année consécutive, les budgets d'investissements télécoms et réseaux des PME, les entreprises de moins de 500 salariés. « Autant le marché semblait échapper aux extrêmes l'an passé, autant cette édition amène des conclusions beaucoup plus tranchées » note Bruno Teyton, consulting director d'IDC France. « Une partie des entreprises parle même de décroissance, un an en arrière les avis étaient plus modérés».
A ce regain de pessimisme s'ajoute un changement dans les priorités. La réduction des coûts passe en tête des préoccupations, un an en arrière c'était seulement le quatrième item. L'amélioration de la relation client en tête en 2012, passe en deuxième position. Si la réduction des coûts engagés s'ajoute à la réduction des investissements, les fournisseurs réseaux et télécoms ont de quoi broyer du noir sur ce segment de marché.
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Un chiffre illustre cette décroissance, dans les entreprises de moins de 500 salariés, les dépenses télécoms ont baissé de 17% en 2013, c'était -15% en 2012. Toutefois, nuance Bruno Teyton ce qui bouge c'est l'amplitude, la différence entre ceux qui augmentent leurs budgets et ceux qui le diminuent. Cet écart est de plus de trois points en 2013, sous la poussée des réducteurs de budgets. Les entreprises qui se déclarent stables restent en revanche identiques, à 61%.
Par type de solution, certaines ambitions progressent. Le cloud computing dans les PME atteint une plus grande notoriété, 81% d'entre elles le connaissent contre 56% en 2012. Elles l'appréhendent avec plusieurs critères, en mettant en avant la simplification du système d'information qu'il est censé apporter, les aspects budgétaires passent au deuxième plan. Les dirigeants de PME interrogés sont 18% à vouloir passer leurs logiciels collaboratifs dans le cloud, 9% pensent au stockage, 8% à la BI. La localisation des données et la dépendance par rapport au réseau Internet sont à contrario des obstacles. Les fournisseurs qui redoublent d'arguments pour faire basculer vers le cloud computing ont encore du travail.
50% des PME sont passées en VoIP
La VoIP, elle, est proche de la majorité avec 50% des PME qui l'ont adoptée, 10 points de plus qu'en 2012. Toutefois, 50% se disent peu intéressés par le sujet. L'effet d'obsolescence tarde à jouer son rôle, on garde les équipements le plus longtemps possible, seul un projet structurant dans l'entreprise entraîne le passage à la ToIP. Elle ne fait pas à elle seule la décision.
Le mode hébergé, Pbx ou centrex est plus timidement accepté, 15% des entreprises de moins de 500 salariés le pratiquent, surtout celles situées entre 50 et 200 salariés. D'autres solutions sont plus émergentes. IDC note l'arrivée dans les PME des premières solutions de convergence fixe-mobile, des solutions collaboratives, celles de communications unifiées avec des applications métier. Les solutions de vidéo sur le poste de travail doublent en un an, de même que les tablettes, tout en restant à quelques pourcentages seulement d'adoption sur ce type d'entreprises.
La mobilité est un sujet d'intérêt, avec ces tablettes, mais aussi avec l'intérêt suscité par Free. L'an passé notait l'étude, 15% des entreprises se montraient intéressées par les offres grand public de Free Mobile. En 2013, 27% se montrent intéressées. Prudent, Bruno Teyton note que cet intérêt traduit peut être un souci de comparaison avec l'opérateur en place, donc de volonté de re-négocier les tarifs.
Certains frais sont incompressibles
L'étude braque enfin un projecteur sur le segment des TPE, les entreprises de moins de 50 salariés. C'est comme pour les autres segments, mais en pire. Le moral économique est au plus bas et l'investissement télécoms et réseaux est passé de -18 à -34% entre 2012 et 2013. Comment réduire les dépenses dans de telles proportions ? Certains frais, comme les licences sont incompressibles, d'autres comme les factures télécoms sont renégociables ou peuvent amener à un changement d'opérateur. Mais sous la contrainte.
C'est évidemment le segment de marché le moins dynamique pour Internet, même si 16% des entreprises interrogées souhaitent davantage de débits et donc de qualité de services. La VoIP ne donne pas lieu à de grands projets, elle progresse via les box jusqu'à 5 lignes. IDC observe une légère progression des communications unifiées. « Dans les entreprises de moins de 20 salariés l'investissement télécoms et réseaux c'est vraiment une misère » conclut Bruno Teyton.
(*) Etude menée aux mois de juin et juillet derniers auprès d'entreprises de moins de 500 salariés avec 380 entretiens dans la tranche moins de 50 salariés et 150 dans celle des PME entre 50 et 500 salariés.